Chapitre 25

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Anna

Même s'il était tard, et même si le lendemain, j'avais cours, je ne me posai pas de questions. J'avançai, déterminé, au côté de James. Cela faisait plusieurs heures que nous n'avions pas de nouvelles d'Adam, depuis cette fin de matinée. Il était presque minuit, la ville était plus ou moins déserte. Seul des sans-abris, et des drogués, traînaient dans les rues. J'étais contente de me trouver à côté de James, et me sentais un peu plus en sécurité.

- Ils ne vont rien pouvoir faire.

James marmonna. Il marchait, sans parler, sans me lancer un regard. Je savais qu'il avait peur, et j'avais appris qu'il avait raté son avion. Il était censé partir ce soir, pour retourner dans le Colorado. Il avait attendu toute la journée Adam, dans sa chambre d'hôtel, pour lui dire un dernier au revoir. Malheureusement, ce dernier ne, c'est jamais montré.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Ça ne fait même pas 48 heures qu'il a disparu.

- Mais vu les informations, et son passé, ils devraient comprendre, non ?

Il ne me répondit pas, se contentait de marcher, les mains dans son manteau. Mon portable ne faisait que vibrer, et je savais qu'il s'agissait de mes parents. Malheureusement pour eux, je n'avais pas le temps de répondre. Nous étions enfin arrivés au commissariat. À l'intérieur, une femme, d'une trentaine d'années, se tenait derrière un bureau, ses lunettes sur son nez. Nous nous approchions vers cette dernière, avec des têtes de déterrer.

- Jeunes gens, que puis-je faire pour vous ?

James prit la parole, la laissant à peine finir sa phrase.

- Nous venons déclarer une disparition.

La femme leva un sourcil, et mit quelques secondes avant de nous donner un papier. Elle le donna à James, qui le remplit aussi vite que possible. Je me contentais de regarder sa main, écrire vite sur le papier blanc.

- Il me faudrait une pièce d'identité, s'il vous plaît.

Le garde du corps se précipita, et sortit sa carte d'identité de sa veste. La femme la prit, et la regarda, pendant quelques secondes. Ses yeux dansaient entre la feuille, et le petit bout de plastique que venait de lui donner James. Au bout de quelques secondes, elle se leva de sa chaise.

- Un instant, je vous pris.

Quelque chose clochait, et nous le savions. James commençait à s'impatienter, trottinant légèrement sur ses deux talons. Je pouvais comprendre sa peur, sa crainte. Même si nous n'en n'avions pas parler, nous savions où était Adam. Il n'avait pas disparu de son plein gré. Il n'avait pas fugué. Il avait été kidnappé, encore une fois. Tous les indices que ses kidnappeurs avaient laissés, la lettre, les photos, étaient des indices. Des indices qu'ils seraient vite de retour. Mais ils sont arrivés au bon moment, lorsque Adam était seul.

- Monsieur Brown ?

Un homme, d'une quarantaine d'années, se dressa à la place de la femme, le papier et la carte d'identité de James entre ses mains. Sur ses mots, le garde du corps se leva, et s'approcha du bureau.

- J'ai le regret de vous annoncer que nous ne pouvons prendre votre dossier de disparition.

Un sourcil se leva sur mon visage, et rejoignit James, interloqué.

- Comment... Comment ça ? Je ne comprends pas.

- Nous sommes en perpétuelle communication avec votre agence de garde du corps, et votre patronne nous a fait part de votre comportement avec votre client, Adam Pearson. Nous savons que cela ne nous regarde pas, mais vous avez agi, et vous avez enfreint les règles. De plus, vous n'êtes pas quelqu'un de la famille de Monsieur Pearson, et nous ne pouvons prendre votre déposition.

J'avais l'impression de rêver. Adam était clairement en danger, et nous ne pouvions pas déposer une disparition, car James avait une relation avec Adam. Où est le problème ? Sur les mots du policier, James récupéra sa pièce d'identité, en furie, et sortie du commissariat. Avant de sortir, je tenais à dire quelque chose, qui me tenait à cœur.

- Si jamais Adam est retrouvé mort, dans quelques jours, tout sera de votre faute. Pour une fois, nous aurions pu être les héros, et vous, des ordures. 

Adam

J'ouvris les yeux, avec difficulté. La nuit avait été horrible, entre fourmis dans les bras, mains, le froid qui me rongeait la peau, la faim, la soif, la peur. Je savais que c'était le matin, car ma montre était encore sur mon poignet. Et en levant la tête, je parvenais à voir les aiguilles bougées, de temps en temps. Mon kidnappeur n'était pas resté plus longtemps, hier, et était remonté. Il n'était pas redescendu dans la soirée, me laissant seul, dans cette cave.

J'avais fait un pas en arrière, encore une fois. Moi qui essayais d'avancer, même si les choses étaient compliquées, me revoilà à la case départ. J'avais envie de m'insulter, d'être parti seul. J'aurais dû dire à James où j'allais, j'aurais dû demander à Jordan de me raccompagner. Je n'aurais jamais dû rester seul. J'avais mal agis, et maintenant, je m'en mordais les doigts.

Je m'en mordais les doigts, car j'étais seul, sans mes proches. Je ne savais même pas si mes parents étaient au courant, de ma disparition. Mais surtout, si personne ne venait me chercher, je savais que je passais mes derniers instants, ici. Un jour ou l'autre, ils allaient descendre, et me tuer. Peut-être que j'allais mourir d'épuisement, de déshydratation. Peut-être allaient-ils m'injecter quelque chose, qui me ferait souffrir, et me tuera. Trop de questions se bousculaient dans ma tête.

Je n'étais pas le premier à être ici. D'autres personnes ont vécu la même chose que moi. Et désormais, je savais pourquoi je n'étais pas mort, comme eux. Après de nombreuses heures à réfléchir, à me rappeler de cette nuit où ils m'ont libéré, et m'ont emmené dans leur camionnette, je savais pourquoi moi, Adam Pearson, avait survécu. Je les avais déjoués. J'avais été plus intelligent qu'eux.

Anna

- Anna ! Quel plaisir de te voir !

La mère d'Adam me prit dans ses bras, un sourire immense sur ses lèvres. Je ne l'avais pas vu depuis quelques jours, et elle m'avait manqué. À en croire sa plutôt bonne humeur, même si cela était une facette, elle ne savait pas pour Adam. Elle pensait que je venais lui donner des nouvelles, où il était, quand il allait revenir. Mais j'en étais incapable.

- Chéri ! Anna est ici !

Le père d'Adam apparu derrière sa femme, et me prit dans ses bras, à son tour. J'ai toujours adoré ses parents, mais leur comportement de ces derniers jours a été... Bizarre.

- Qu'est-ce qui t'amène ici ma belle ? Tu viens nous parler d'Adam ?

J'avais les larmes qui montaient, car ce n'était pas à moi de leur dire pour leur fils. Je ne savais pas si j'avais le cran de leur dire la vérité. C'est pour ça que j'avais amené James, avec moi.

- Je... Hum... James est ici.

Le sourire du père d'Adam disparu, et je pus voir sa mâchoire se crisper. Sa mère leva un sourcil, et se mordit l'intérieur de sa joue.

- Nous... Nous avons quelque chose à vous dire, à vrai dire.

Personne ne parlait, pendant quelques secondes. Je me sentais très mal à l'aise, et avais simplement envie de partir en courant, et ne plus jamais vivre ce genre de situation. C'est son père, qui prit la parole.

- Très bien. 

Je fus assez choqué de sa réaction, mais cette dernière me rendu un peu heureuse. Il disparut, et je restais simplement avec sa femme, dans le couloir de la maison. Après quelques secondes, James apparu, les mains dans les poches. À ma grande surprise, quand il dépassa le pas de la porte, la mère d'Adam le prit dans ses bras.

- Je suis vraiment désolé pour l'attitude de mon mari, l'autre soir. Que mon fils aime les hommes, les femmes, ce n'est pas un problème. Je ne voulais juste pas l'apprendre de cette manière, et... Je sais que vous pourriez prendre soin de lui.

James ne répondit pas, et elle caressa sa joue avec son pouce, avant de se retirer de lui, et de partir en direction du salon. Je fis un signe de tête à James, lui disant de me suivre. Dans le salon, George, le père d'Adam, était assis sur une chaise, au côté d'Isabella, sa mère. James se sentit extrêmement gêné, et s'assit à l'opposé de ces derniers.

- Vous venez pour nous donner des nouvelles de notre fils ?

Le garde du corps baissa la tête, incapable de parler, honteux. Je me mordis les lèvres, et essayais de ne pas pleurer, même si la chose était vraiment difficile. Après quelques secondes, je me lançai.

- Je ne vais pas courir autour du pot pendant des heures. Je ne sais pas comment vous le dire, alors je vais y aller cash... Adam a disparu.

Un silence, pesant, s'installa dans la pièce. Tout d'abord, ses parents ne réagissaient pas. Sa mère se contenta de me regarder, un sourcil levé. Puis, un rire nerveux sortit de sa bouche. Elle prit la main de son mari dans la sienne, et me regarda droit dans les yeux.

- Je pense qu'il ne s'agit pas du bon moment pour faire des blagues comme ça ma belle...

- Ce n'est pas une blague.

James leva la tête, tout en disant cette phrase. La tension était palpable, et je ne savais pas comment ils allaient réagir. George prit la parole.

- Qu'est-ce que vous entendez par disparu ? Où est-il ?

Les larmes coulaient désormais le long de mon visage, et je n'arrivais plus à parler.

- Lorsque je lui ai dit que je devais quitter Seattle, car vous aviez appelé ma patronne, concernant lui et moi... Il est parti, et...

- Attends, attends, attends.

Son père se leva, dégageant la main de sa femme. Il fit les cent pas, autour de la table. Isabella, elle, se contentait de regarder la table, sans bouger d'un cil.

- Il est parti, et depuis, nous n'avons plus aucune nouvelle...

- Je n'ai jamais appelé sa patronne.

James dirigea son regard vers la posture importante de George, un sourcil levé. Ses mains tremblaient, alors que George était rouge de colère. Sa mâchoire était tellement crispée, que j'avais l'impression qu'elle allait casser sous la pression de ses dents. Ce dernier dirigea un regard vers sa femme, qui pleurait à présent.

- Est-ce que tu as appelé sa patronne, Isabella ?

Elle essuya les larmes qui coulaient le long de ses joues, avant d'essayer de parler, entre plusieurs sanglots.

- Non... Non. Je n'ai appelé personnes... Où est mon fils ? Je veux voir mon fils !

Je me précipitai vers elle, et la pris dans mes bras, pour essayer de la consoler. Ses parents n'ont jamais appelé sa patronne. Ses parents n'ont absolument rien fait. Depuis le début, c'était le but de ses kidnappeurs. Ils savaient comment Adam aurait réagi, ils se sont fait passer pour George Pearson. Ils avaient déjà tout mis en place.

- Et où étais-tu, toi ?!

George se précipita vers James, qui était toujours assis sur la même chose, le visage figé.

- Je... Je l'ai laissé partir. Je n'ai pas essayé de le retenir... Il avait besoin d'air.

- Besoin d'air ?! Mais tu te fous de ma gueule !

Il leva un poing vers le garde du corps, et le fixa, pendant quelques secondes, avant de le rabaisser. James n'avait pas bougé d'un poil. George, toujours autant énervé, mis sa veste sur son dos, et prit les clés de la voiture.

- Où... Où tu vas ?

Isabella n'arrivait pas à parler, entre ses sanglots, et son visage enfoui dans mon cou.

- Au commissariat. Ils ne vont pas reprendre mon fils. Pas encore une fois. 

Garde du corps [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant