Chapitre 4

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  Comme prévu, James m'avait ramené chez moi après deux heures passées chez Anna. Nous avions regardé deux épisodes avant d'éteindre la télé, et de simplement parler. Quand je suis sorti de sa maison, pour rentrer dans la voiture, mon garde du corps était derrière, un livre entre les jambes. Il y avait beaucoup de papiers sur les sièges. J'avais l'impression qu'il travaillait.

Nous étions rentrés dans le silence. Nous ne nous parlions pas. Quand nous sommes enfin arrivés à destination, je suis directement monté dans ma chambre, après vérification des lieux, pour faire mes devoirs. Lui est resté dans le salon, je crois, pour continuer ce qu'il avait à faire. Désormais, durant le mois prochain, ma maison sera la sienne. Ma chambre sera la sienne. Je devrais partager avec lui ma salle de bain. C'est comme ci, j'allais vivre avec un frère. Sauf que c'est un inconnu, qui est là pour me protéger, car il y a peut-être dehors des personnes qui me veulent du mal.

Durant mon kidnapping, je me suis posé beaucoup de questions. Qu'est-ce qu'ils allaient me faire ? Est-ce qu'ils allaient me tuer ? J'ai vu beaucoup de choses. Des choses horribles. Des choses qui resteront à jamais gravé dans ma mémoire. Quand je me suis réveillé à l'hôpital, je n'ai pas compris tout de suite ce qui m'arrivait. J'étais vivant. Ils ne m'avaient pas tués. Même si mon jeune corps d'adolescent avait changé, entre les hématomes, les côtes cassées, et la perte de poids ( ce qui est entre autres un bon point ), je me sentais revivre.

Quand je suis sorti de l'hôpital, je me suis directement terré dans ma chambre, et y est resté pendant deux jours, sans sortir. Avant cette nuit où tout a basculé, j'avais peu de confiance en moi. Entre mon poids qui me gêne, et le peu d'amis que j'avais. Mais là, avec ce qu'ils m'ont fait, j'ai tout perdu. Pendant ces deux jours, j'ai tenté de me ressaisir. Me dire qu'il ne faut pas que je sombre. Qu'il fallait que je me relève. Chose que j'ai faite, mais les cauchemars et la psychose m'ont vite rattrapé.

Je me sortis de mes pensées quand j'entendis quelqu'un frapper à ma porte.

  La porte s'ouvrit, et James me fit face. Toujours en tenu, avec une oreillette sur son oreille. Je me demandai ce qu'on pouvait lui dire, s'il y avait bien quelqu'un qui lui parlait.

- Désolé de vous déranger, mais je n'ai pas de taille-crayon, et ma mine vient de se casser.

Je fouillai dans la trousse qui se trouvait devant moi, et en sortit un taille-crayon usé. Je me levai, et lui apportai.

- Merci, je vous le rends tout de suite.

- Vous pouvez le garder, je n'en ai pas besoin.

Je lui souris, chose qu'il ne me rendit pas. À la place, il ferma la porte derrière lui. Il fallait que je m'y habitue. Ça va être dur avant d'obtenir un premier sourire. Je me remis à ma place, et continuai mes devoirs. Il est quand même vraiment sexy.

XXX

Je me trouvai devant la cuisinière, une casserole devant moi. Dedans, des spaghettis à la bolognaise. Génial pour un diner en "tête-à-tête". Même si je sais qu'elles sont délicieuses, je me vois mal aspirer les pâtes devant lui. Il me rend vraiment mal à l'aise. Même si sa présence m'apaise, je dois avouer que j'ai du mal à le cerner.

Il était près de huit d'heures du soir quand je l'appelai, avec une voix assez timide, pour qu'il vienne s'attabler, afin de déguster le premier plat concocté par ma mère. Ce dernier arriva, quelques secondes après, alors que je venais de le servir. Au début, il ne sût où s'asseoir.

- Vous pouvez vous asseoir là où j'ai déposé l'assiette.

Il ne me répondit pas, et trouva sa place. Je sortis mon plat du micro-onde, et m'assis en face de lui. Je le regardai, timidement, alors qu'il se servit un verre d'eau gazeuse.

- Bon appétit.

- À vous aussi, Adam.

Et c'est maintenant que le moment gênant débuta. Je ne savais pas quoi dire, quoi faire, à part prendre des petites bouchées et essayer de faire le moins de bruit possible quand je mangeais. Cela faisait quelques minutes que nous avions commencé à manger, et personne n'avait parlé. Je pris donc mon courage à deux mains, pour essayer de casser ce blanc qui était très gênant.

- Et donc... Parlez-moi un peu de vous ? Je sais très peu de chose sur votre sujet, et étant donné que nous allons cohabiter pendant un mois...

Il posa ses couverts, s'essuya sa bouche avec une serviette, et croisa ses bras sur lui, se reculant un peu sur sa chaise.

- Eh bien... Comme vous devez le savoir, je m'appelle James Brown. J'ai 22 ans. J'ai grandi dans l'état du Colorado. J'ai toujours voulu intégrer une école de médecine, mais mes parents n'en avaient pas les moyens. J'ai donc fait des études de sport, avant de m'orienter vers des études qui formaient des gardes du corps. Je sais, cela n'a rien avoir avec la médecine. Mais j'aime servir. J'aime me sentir utile. Je ne voulais pas faire garde du corps pour star. Je me rappelle que l'on m'avait proposé d'être le garde du corps de Kim Kardashian...

Je m'étouffai avec le peu de pâtes qui se trouvait dans ma bouche. Kim Kardashian ?

- Mais j'ai refusé.

- Pourquoi ?!

- Cela ne m'intéresse pas d'être garde du corps pour une millionnaire, qui a percé grâce à une sex-tape. Je voulais me sentir utile. Quand j'ai appris pour votre affaire, j'ai tout de suite signé. Je savais que là, je me rendrais utile. Même si ma présence vous déplaît.

Je me mis à rougir. Ce qu'il venait de me dire venait de me toucher en plein cœur. Au fond, derrière sa musculature et son air de "bad-boy", je pouvais distinguer un grand cœur. Quelqu'un qui souhaite aider les gens. Les joues rougis, je bus un verre d'eau pour essayer de me refroidir un maximum.

- Mais malgré ça, je vous ai vu travailler. Comme un étudiant en fait. Vous ne voulez pas continuer sur cette voie de garde du corps ?

- Non. À vrai dire, cela fait plus d'un an que je le suis, et je sais que je ne pourrais en faire mon métier futur. Le travail rapporte bien, et j'aime être en contact avec les gens. Mais je souhaite vraiment intégrer une école de médecine. C'est donc pour cela que vous avez pu me voir travailler.   

Une école de médecine pour un ancien garde du corps. J'espère qu'il sera déjà plus amicale et plus souriant.

- Je vois...

- Et vous ?

Je pris une gorgée d'eau.

- Eh bien... J'ai 17 ans, bientôt 18, et j'aimerais faire une école de cinéma. J'ai toujours été passionné par le cinéma, et voudrais en faire mon métier. Et j'ai peu de choses à dire sur moi. Vous savez au moins l'essentiel.

Pour la première fois, je pus distinguer un semblant de sourire. J'avais l'impression de rêver, à vrai dire.

- Bien bien. Je vais me remettre au travail. Vous voulez de l'aide ?

- Non, ça ira, retournez travailler.

Il se leva, et se dirigea vers le salon.

- Au fait, James.

Il se retourna, un sourcil levé.

- Est-ce que c'est possible que l'on se tutoie ? Je n'ai vraiment pas l'habitude de vouvoyer...

- Impossible. Je ne peux tutoyer mes "clients". Si vous voulez me tutoyer, vous êtes libres. Mais je ne pourrais vous renvoyer l'ascenseur.

Sur ses paroles, il remonta les escaliers. Je ne peux le tutoyer si lui continue à me vouvoyer. Et c'est vrai qu'au fil des heures, j'ai vraiment l'impression d'avoir besoin de lui. D'avoir besoin de quelqu'un pour me protéger. D'avoir besoin d'un James. 

Garde du corps [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant