Chapitre 19

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Ce que m'avais dit ma psychiatre m'avait totalement bouleversé, de A à Z. Suite aux propos qu'elle avait tenue, la séance n'avait pas duré longtemps. Nous avions un peu discuté de mes cauchemars, de mes angoisses, puis je me suis fermé. Je ne voulais plus parler. La séance s'est donc levée, et je suis parti de la salle sur les nerfs. J'étais retourné à l'école, non pas parce que j'en avais envie, mais pour essayer de me changer les idées. À la fin des cours, je suis resté avec Anna, et nous sommes allés boire un verre. Elle m'a fait rire, et m'a permise de penser à autre chose pendant quelques heures. Lorsque nous sommes repartis, James a essayé de me parler durant le trajet pour rentrer à la maison, mais je ne lui ai pas répondu. Car je n'arrêtais pas penser à ce matin, à ce que ma psychiatre m'avait dit. Et si elle disait vrai ? Et si la situation devenait vraiment dangereuse ? Comment j'allais faire pour m'en sortir ?

- Nous sommes arrivés, Adam.

Je sentais la main de James secoué légèrement mon épaule, et j'ouvris difficilement les yeux. Nous étions garés sur mon allée, et je pouvais distinguer mon père assis sur le canapé, depuis la baie vitrée.

- Tu vas directement leur parler ?

Je me détachai, et lui répondis tout en ouvrant la portière de sa voiture.

- Comme si j'en avais le choix.

Je me dirigeai, assez rapidement à cause du froid, à l'intérieur de ma maison. Dès lors, je pouvais déjà entendre mon père hurler à cause du match, qui opposait son équipe favorite, contre son équipe qu'il détestait. À en croire ses cris, nous devions perdre.

- Putain, mais bouge ton gros cul de tapette Fernandez !

Voilà pourquoi je ne veux pas parler de mon orientation sexuelle à mes parents, surtout à mon père. Certes, j'aime plus que tout au monde mes parents, mais leur réflexion comme celle-ci ne me donne pas envie de leur dire que j'aime les hommes. J'ai déjà essayé de leur donner des signaux, comme laisser un caleçon pas à moi dans ma chambre, leur faire comprendre que je ne trouvais aucune femme belle qu'ils me montraient... Mais rien n'a marché.

- Voilà, c'est ça, qu'ils aillent se faire... Oh, mon grand, tu es rentré ?!

Mon père était totalement affalé sur le canapé, une bière entre les mains. Lorsqu'il me vit, il se releva avec difficulté, et baissa le son de la télévision pour que nous nous entendions.

- Où est maman ?

Des la fin de ma question, ma mère apparut devant moi, avec entre les mains le bac de linges sales. Elle me fit un sourire, et déposa le bac à ses pieds. Elle était essoufflée, et ses joues étaient toutes rouges. Elle devait sûrement être dans la cave, en train de faire de la lessive, quand elle m'a entendu rentrer.

- Qu'est-ce qui se passe ici ?

Mon père posa sa bière sur la table basse, et vint rejoindre ma mère. Il déposa un léger baiser sur son front, et la prit par la taille.

- Ton fils tient à nous dire quelque chose, j'imagine.

Ma mère leva un sourcil, et plongea son regard dans le mien. J'ai l'impression que je vais faire mon coming-out. Que j'allais le dire que j'aimais les garçons. Que j'ai dormi aux côtés de James, la nuit dernière. Que j'en pince grave pour lui. Mais non. Je devais leur dire ce que ma psychiatre m'avait dit. J'avais l'habitude de tout leur dire, par rapport à mes rendez-vous. Mais là, c'est plus important que d'habitude.

- Je... Je suis allé voir ma psy, comme vous pouvez le savoir... Et...

Je pris une grande inspiration avant de continuer. Je n'arrivais pas à trouver les mots, je ne voulais pas inquiéter mes parents. Avec tout ce qu'ils vivent en ce moment, je ne veux pas plus leur faire de mal.

Garde du corps [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant