Chapitre 7

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- Donc tu te sens plus en sécurité, maintenant ?

Nous étions lundi. Le week-end avait été un désastre. Je n'étais pas sorti de ma chambre. J'ai simplement dormi. Un week-end long, durant lequel la présence de James me manquait. Je me sentais moins en sécurité. Étant donné que la semaine venait de recommencer, et que nous étions lundi, j'avais rendez-vous chez ma psychiatre. Au total, deux fois par semaine. Aujourd'hui, je suis seul. Elle voulait me voir sans mes parents.

- En effet. Même si j'ai toujours un peu de mal, je me sens plus en sécurité.

Elle nota ce que je disais. Je savais que James était devant la porte, et j'espérais vraiment qu'il ne puisse nous entendre.

- Fais-tu encore des cauchemars ?

Je regardai mes pieds, et fermai les yeux. Bien sûr que j'en faisais encore. Je continuai à les voir, là, devant moi.

- Oui... Mais je ne crie plus.

Elle leva un sourcil.

- J'avais l'habitude de crier, de ne pas me sentir en sécurité. Même si je les vois dans mes rêves, je sais qu'au fond de moi, il y a James, et que ce n'est pas réel. Autrement, il serait là, à côté de moi.

Elle me sourit. Elle croisa ses jambes, avant de fermer son petit carnet. Elle me regarda droit dans les yeux. Je la trouvai magnifique. Elle était grande, rousse, les yeux marron. C'était une femme classe. Vraiment.

- Je suis contente que tu ailles mieux. Même s'il nous reste du chemin, nous sommes sur la bonne voie. Je savais que la présence de ton garde du corps allait t'apaiser.

Je lui souris de retour. Même si je l'aimais beaucoup, en tant que psychiatre bien sûr, je n'avais qu'une seule envie : sortir d'ici. À chaque fois, c'est une épreuve pour moi de me rendre dans cette pièce. Car à chaque fois, je dois faire marcher ma mémoire pour me rappeler des moindres détails de cette semaine.

- Merci... Merci beaucoup.

- Il lui reste encore trois semaines, chez toi ?

- Oui. Du moins, c'est ce que je crois.

Elle se leva, en direction de son bureau. Je me levai à mon tour. Quand elle retourna vers son bureau, cela voulait dire que la séance était terminé.

- Alors continue à faire des efforts. Je te le redis, tu es sur la bonne voie, Adam.

Je lui fis un énième sourire, avant de lui lâcher un "au revoir" silencieux, et sortit de la salle. Là, devant moi, James m'attendait. Il se tenait droit. Il me fit un geste de la tête en direction de la sortie, et je le suivis. Dehors, il faisait toujours aussi froid. Il y avait peu de gens qui faisait les boutiques.

Devant la range rover, quelqu'un attira mon regard. J'avais déjà vu cette tête auparavant. Il me fallut quelques secondes pour me rendre compte qu'il s'agissait de Jordan. Ce dernier se tenait devant la porte du passager, son téléphone entre les mains. Il portait une veste en jean ( alors qu'il faisait terriblement froid ), avec un haut blanc, qui moulait ses pectoraux à la perfection. James s'avança vers ce dernier, me faisant signe de rester en retrait.

- Monsieur.

Jordan ne réagit tout de suite.

- Monsieur.

Il leva enfin la tête, en direction de James, avant de poser son regard sur le mien.

- Vous vous trouvez devant ma voiture, et je vais vous demander de partir.

Il leva un sourcil. Lui aussi avait un fort charisme. Les deux réunis me donnaient la chair de poule.

- Je viens voir Adam, à vrai dire.

James tourna son regard vers moi, et m'interrogea du regard. Je hochai la tête.

- Très bien. Adam, je vous attends dans la voiture.

- D'a... D'accord.

Mon garde du corps s'installa dans sa voiture, et je pouvais voir qu'il serrait des dents. Craignait-il quelque chose ? Jordan s'avança vers moi, un sourire sur les lèvres, avant de me serrer la main.

- C'est qui, ce mec ?

- Une longue histoire.   

  Il se craqua les doigts. Je le sentais nerveux. Même s'il gardait son sourire, je pouvais voir que quelque chose le tracassait.

- Et donc tu es là pour ?

Je lui souris, afin qu'il se sente plus à l'aise.

- Hum... Je voulais m'excuser, mais cette fois, en personne. J'ai vraiment agi comme un con vendredi dernier...

- Non. C'est moi qui me suis emporté.

- Mais je n'avais pas à poser ces questions.

- C'est normal. Ca intrigue les gens de savoir ce qui m'est arrivé. J'avais bu, et je me suis emporté.

Il reposa son regard par terre, avant de me poser une question.

- Je peux te payer un verre, pour me pardonner ?

Je me mis à rire. À vrai dire, je n'avais rien à faire. Je m'étais déjà avancé au niveau de mes devoirs, et je n'avais pas spécialement envie de rentrer chez moi. Étant donné que je ne voulais pas attirer son attention, je pris mon téléphone et envoyai un message à James, pour lui le lui dire. Quelques secondes après, alors que Jordan parlait plus ou moins dans le vide, je vis James regarder son téléphone, avant d'écrire quelque chose.

De : James

Où est ce que vous allez ?

De : Moi

Simplement dans un bar. Pas loin, j'imagine.


De : James

Très bien. Je vous suivrai et me garerai pas loin.

Il vint trouver mes yeux, et je lui souris. Un sourire discret, mais qui voulait dire merci. À ma grande surprise, il me le rendit. Est-ce que j'arrivai à plus le cerner ? J'espère.

- Et bien, allons boire ce verre !

Jordan me regarda droit dans les yeux, avant de me conduire vers son soit disant "bar préféré".

XXX


- Maintenant que tu sais à peu près tout sur ma vie, raconte moi donc la tienne.

Nous étions assis, à l'intérieur d'un bar très branché. J'avais opté pour un coca-cola, et lui pour une bière. Il m'avait simplement demandé de dire des choses sur moi. Choses que j'ai faites, sans aborder les sujets sensibles. Sans aborder bien sur mon garde du corps. Je ne veux pas qu'il me prenne pour un fou.

- Eh bien... Je m'appelle Jordan, et j'ai 20 ans.

C'est donc pour ça que je ne l'ai jamais vu au lycée. C'est vrai que, en regardant de plus près, il fait plus vieux.

- J'ai toujours aimé le sport, et j'en fais environ deux heures par jour. Pour l'instant, je travaille avec mon père. Il possède une entreprise de matériaux de construction. Je ne veux pas faire la vie là-dedans, mais l'année prochaine, j'aimerais faire une école de psychologie.

Je hochai la tête, tout le long qu'il parlait. C'était vraiment un mec bien, malgré l'altercation que nous avons eu. Il est gentil, simple, et très intéressant, sans prise de tête.

- Je vois... Et qu'est-ce qui t'intrigue dans la psychologie.

- C'est compliqué...

Il regarda son verre, avant d'en boire une gorgée.

- Tu n'es pas obligé de me le dire.

Il mit quelques secondes avant de répliquer.

- J'ai vécu une rupture amoureuse. Très compliquée. Il y a deux ans de ça, et je suis tombé en dépression. Je ne suis pas sorti de chez moi pendant trois mois. Je ne voulais pas remettre les pieds dehors. La seule chose que je voulais, c'était être seul. Mes parents m'ont emmené voir un psychologue, et j'ai vraiment été intrigué. Aider les gens, c'est ce que je veux faire.

Il avait donc, en plus de ça, un grand cœur. Il but d'une traite la fin de sa bière.

- Je suis vraiment désolé...

- C'est passé. Maintenant, j'espère que cette connasse ne viendra plus jamais m'adresser la parole.   

Je le savais. Il n'est pas gay. Et même s'il est totalement attirant, et beau, je ne voyais rien en lui qui pourrait totalement me faire chavirer. À vrai dire, j'en vois plus un très bon ami, à qui je peux entièrement faire confiance. Si c'est le cas.

- Si elle revient vers toi, appelle-moi, on ira lui régler son compte.

Il se mit à rire, assez fort, avant de me faire un clin d'œil. Un silence s'installa entre nous deux, et je me mis à balayer du regard mon environnement. Je pouvais voir la range rover noir, au loin. James était dehors, une cigarette entre les mains.

- Comment tu as su où j'étais ?

Il leva un sourcil, me questionnant du regard.

- Et bien tout à l'heure, tu te trouvais devant ma voiture. Comment tu as su ?

Il se mit à sourire.

- En fait, je t'ai plus ou moins suivi. J'ai pu t'apercevoir au loin, et je voulais vraiment te parler. Alors j'ai suivi la voiture. J'ai besoin de rencontrer de nouvelles personnes.

Je lui souris à mon tour. Je regardai l'heure. Près de 5 heures de l'après-midi.

- Je suis vraiment désolé, mais je devrais y aller. Mais on remet ça quand tu veux.

- Pas de soucis !

Je lui tendis la main, et il me la serra, délicatement. Je partis en direction de la voiture. De la buée pouvait sortir de ma bouche lorsque je respirais. Je rentrai à l'intérieur. James était déjà assis.

- Vous vous êtes bien amusé ?

- C'était sympathique.

Sur mes mots, il démarra le moteur, et nous commencions à quitter la ville. Ce moment passé avec Jordan m'avait fait beaucoup de bien. C'est un garçon vraiment gentil. Même si je lui ai très mal parlé il y a quelques jours de ça, j'aimerais vraiment que l'on se revoie. Après tout, j'ai des amis filles, mais peu d'amis garçons, et cela me manque.

Alors que James était en train de rouler, la radio en arrière son, je regardai le paysage. Et là, ce fut le drame. Je pus voir deux silhouettes. Deux silhouettes, au loin. Je les connaissais. C'étaient eux. Je le savais. Ils sont là pour moi. Ils sont là de retour. Je ne pus dire quelque chose que ma respiration se coupa. Je me redressai sur le siège, et James tourna le regard vers moi.

- Adam ?

Je ne pouvais parler, ni même respirer. Je faisais une crise d'angoisse. Les larmes montaient avant de couler sur mes deux joues, qui devenaient de plus en plus rouge. James freina d'un coup sec, avant de s'arrêter sur le bas-côté. Ma vision commençait à se faire floue. Je les avais vus.

Je sentis quelqu'un me porter. C'était lui. Mon garde du corps. Il était là pour moi. Il me posa par terre, dans le froid. Je n'arrivai toujours pas à respirer.

- Adam, calmez-vous, je suis là avec vous, d'accord ?!

Rien ne pouvait faire. Les larmes continuaient à glisser. J'avais peur. Nous étions sur le bas-côté d'une route, et personne ne pouvait nous voir, fort heureusement.

- Adam !

Il prit mes mains dans les siennes, après avoir remonté mon visage vers le sien. Je pouvais voir la détresse dans ses yeux, à lui aussi.

- Adam, écoute moi ! Je suis là, avec toi ! Respire, il n'y a rien. Nous sommes juste tous les deux !

Ses mains contre les miennes m'apaisaient, et sans même m'en rendre compte, je vins me blottir contre lui. Il referma ses bras autour de moi, avant de serrer fort. Il fallait que je me sente en sécurité.

- Respire Adam. Je t'en supplie, respire.

Petit à petit, je pouvais respirer. Mes larmes s'arrêtèrent de couler, et la seule chose que je pouvais faire, c'était de crier. Fort. Il fallait évacuer la haine. La haine de ne plus me sentir vivant. La haine de me sentir emprisonné. 

Garde du corps [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant