Chapitre 17

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Nous étions sortis du commissariat, il y a maintenant trente minutes. Quand j'étais sorti de la petite pièce sombre, je suis tombé sur mes parents, en pleure. Et là, mon cœur a failli lâcher. Pour la première fois de ma vie, j'ai vu mon père pleurer. J'ai vu des larmes couler le long des joues de mon père. Je ne leur avais jamais dit ce qui s'était passé. Je ne leur avais jamais dit que je m'étais fait violer, plusieurs fois. Ils l'ont appris aujourd'hui, mais pas de la meilleure façon. Mais si j'imagine qu'il n'y est pas de bonne façon pour annoncer à nos parents que nous avons vécu ce drame.

Anna m'avait envoyé plusieurs messages, et m'avait appelé plusieurs fois. Elle voulait me voir, de toute urgence. Elle m'avait prévenu qu'elle n'avait pas beaucoup de temps devant elle, mais tenait à me voir. J'avais donc expliquer à mes parents que j'avais besoin de la voir, pour essayer de me changer les idées. Ils avaient ordonné à James de m'accompagner, bien évidemment.

Nous nous étions donné rendez-vous sur un ponton, qui donnait une vue magistrale sur l'océan de Seattle. Le ponton où nous avons pris notre première photo à deux, où nous nous sommes pris, je ne sais pas combien de cuites. Ce ponton résumé notre amitié. Il est grand, long, et donne sur une vue magnifique. Comme à son habitude, Anna n'était pas à l'heure. Je pouvais distinguer au loin la range rover de James, et ce dernier à l'intérieur. Il me regardait. Il me surveillait.

J'entendis au loin des bruits de talons marteler rapidement le bois du vieux pont. Je me retournai, et la silhouette d'Anna se dessina devant moi. Elle avait des larmes qui coulaient le long de ses joues, et son mascara avait coulé.

- Oh, Adam..

Elle me prit dans ses bras, et me serra fort contre elle.

- Je suis vraiment... Désolé.

Je fermai les yeux, pour essayer de retenir au mieux mes larmes. Après quelques secondes, ma meilleure amie se détacha de moi, et essuya d'un revers de main ses gouttes qui n'arrêtaient pas de ruisseler sur son visage.

- J'avais plus de mascara waterproof, alors ne juge pas.

Je lui souris, et pris sa main dans la mienne, l'invitant à s'asseoir avec moi sur le petit banc en bois délabré du ponton. Il faisait frais, mais les quelques rayons de soleil réchauffèrent mon visage. C'était une belle journée, en apparence.

- Comment tu tiens le coup ?

Elle ne me regarda pas. Elle regarda au loin, le soleil qui se couchait. Je pris une grande inspiration avant de répondre.

- Mal. C'est retour à la case départ, maintenant.

Je la sentis serrer ma main, de plus en plus fort. Elle sortit un mouchoir de sa poche, et vint essuyer ses yeux noircis à cause du mascara.

- Tu es allé au commissariat ?

- Ce matin. Les policiers sont arrivés chez moi, et m'ont emmené.

Je pouvais sentir sa main tremblée, et sa respiration était parfois coupée à cause de sanglots qui essayaient de sortir. Anna était quelqu'un de sensible. Surtout, quand cela me concernait. Lorsqu'on m'a retrouvé, Anna n'a pas arrêté de pleurer pendant toute une semaine. Elle m'a avoué qu'elle avait cru que nous allions jamais me retrouver, et que je n'étais plus de ce monde. À cette heure si, j'ai l'impression que cette histoire l'atteint plus que moi. Simplement, car je n'ai plus de larmes dans mon corps pour pleurer.

- Et alors ?

- J'ai dû raconter dans les moindres détails tout ce qui s'était déroulé...

En réalité, Anna était la seule à savoir ce qui s'était entièrement passer. Je n'avais pas pu lui cacher. J'avais besoin de le dire à quelqu'un, et après plusieurs semaines, j'ai craqué. Elle m'a beaucoup aidé, assisté, pour me remettre sur le droit chemin.

- Et je leur ai demandé s'ils pensaient que c'étaient eux. Qu'ils étaient de retour.

J'avais envie de vomir, de mourir, de partir. Je ne voulais pas revivre cet enfer. Même si ces individus n'étaient pas de retour pour moi, j'avais l'impression de revivre le kidnapping, malgré moi.

- Ils n'ont pas répondu. Ils ont simplement baissé les yeux, en guise de réponse. Ils sont de retour, Anna.

Elle recula sa tête en arrière, avant de pleurer en sanglots. Je lâchai sa main, et la prit dans mes bras. Même si j'avais envie de pleurer, je n'y arrivais pas. Aucune larme ne coulait pas de mon corps. J'avais simplement de la haine en moi. Et un goût de revanche.

- Je suis tellement désolé Adam. Tellement.

XXX

- Merci pour aujourd'hui.

James me regarda, alors qu'il se tenait devant mon lit. Il avait quitté sa veste de costar, et portait un simple haut noir, qui moulait ses formes à la perfection. Je n'étais pas resté trop longtemps avec Anna, pour la simple et bonne raison que toutes ces histoires m'avaient fatigué. Je stressais aussi beaucoup pour demain, à devoir affronter tous les regards au lycée. Je devais revivre ce cauchemar.   

Garde du corps [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant