Chapitre 28

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J'entendis leur pas, résonner sur les escaliers. J'ouvris les yeux, encore une fois avec grandes difficultés, et les vis apparaître, pleins les mains. Ces derniers n'avaient pas de masques, mais tout un tas d'ustensiles entre les doigts. Couteau, machette, seringue, et autres trucs farfelus. Je levai la tête, avec difficulté, pour vérifier l'heure. Il était presque sept heures du matin. Quatrièmes jours que j'étais enfermé ici. Quatrièmes jours que j'étais leur jouet. Et c'était le dernier.

Ils devaient descendre de bonne heure, car ils travaillaient. Elle allait se rendre à son cabinet, après, comme si de rien n'était. Elle allait parler à ses patients, leur donner des conseils, alors que quelques heures auparavant, elle aura tuer quelqu'un, dans son sous-sol. Lui, je ne savais pas ce qu'il faisait. Vu sa carrure, et son attitude, peut-être coach sportif. Il irait parler à des femmes en chaleurs, simplement à la recherche de sexe, avant de les baiser dans les toilettes.

Moi, j'irais rejoindre mon meilleur ami, mon grand-père, ma tante. Je devrais leur annoncer que j'ai été tué, que j'ai vécu des choses horribles, mais que désormais, je serais tranquille avec eux, là-haut. Je leur demanderai de veiller avec moi sur maman, papa, Anna, James et Jordan. Je leur demanderai de les aimer comme je les aurais aimés, et de faire en sorte que rien ne leur arrive.

- Le jour est enfin arrivé, Adam.

Elle me parlait, un sourire sur les lèvres. Je savais que je n'avais plus beaucoup de temps devant moi, alors je ne me gênais de rien. Je lui crachai en plein visage, avant de me mettre à rire.

- Je ne passerai même pas un bonjour à ton fils.

Son sourire disparu, et elle me donna un coup de pied en pleine côte. Bien sûr, je ne pouvais pas me recroqueviller sur moi-même, alors je faisais semblant d'être fort. J'étais faible, et ne sentais plus mon corps. Il fallait que je m'en aille.

- Tu iras en enfer, alors que lui, est au paradis.

Son mari mit des gangs, et elle le suivit. Une petite table était posée devant moi, avec tous les ustensiles sur cette dernière. Les deux kidnappeurs se mettèrent derrière elle, et regardais chaque instrument un à un.

- On doit faire vite chéri. J'ai un rendez-vous avec un patient dans moins d'une heure, et il ne faut pas semer des détails. Même si j'aimerais le faire souffrir pendant des heures.

- Pas de soucis, ma beauté.

Ils s'embrassèrent, avant de prendre chacun un couteau de boucher. Se fut d'abord ma psychiatre qui s'approcha de moi, le couteau entre les doigts.

- Encore une fois, nous avons gagné.

Elle me le planta près de l'épaule, et un cri de douleur s'échappa de ma bouche. Je pouvais sentir le liquide chaud couler le long de mon corps. Un liquide qui me rappelait beaucoup de choses, et beaucoup d'horreurs.

- Allez... Allez vous faire...

Je n'eus le temps de dire quoi que ce soit que je reçus un autre coup, dans le ventre cette fois ci.Je n'eus le temps de dire quoi que ce soit que je reçus un autre coup, dans le ventre cette fois-ci. Malgré cela, j'entendis mes deux kidnappeurs parler entre eux. Une discussion qui n'avait aucun rapport avec ce qu'ils faisaient. Puis, j'entendis un bruit sourd, et un flash vint m'aveugler. Puis plus rien.

XXX

Le léger bruit d'une machine me réveilla, même si mes paupières étaient extrêmement lourdes. J'entendis des voix, qui ne m'étaient pas familière. Après quelques minutes, j'ouvris finalement mes paupières, pour faire face à un médecin, qui était penché sur moi.

- Monsieur Pearson ? Vous m'entendez ?

J'avais l'impression de discerner un sourire sur ses lèvres. J'étais fatigué, et j'avais mal. Je ne savais pas où j'étais, et me rappelais de très peu de chose.

- Je... Où suis-je ?

- Vous êtes à l'hôpital de Seattle, monsieur Pearson. Vous êtes en vie. 

Vie. Ce mot résonnait dans ma tête, et me permit de faire de l'ordre. La cave, les kidnappeurs, ma psychiatre, les coups de couteau. Puis les bavardages, le bruit sourd, et le flash. C'étaient les seules choses dont je me souvenais. Mais j'étais en vie. J'étais dans un hôpital, en sécurité, loin de mes menaces.

- Je vais appeler vos parents, monsieur Pearson. Je reviens.

Je pouvais sentir une goutte rouler le long de ma joue, puis une deuxième. Tout était terminé. Ce cauchemar était terminé. Quelqu'un m'avait sauvé. Quelqu'un les avait empêchés de me tuer, dans leur cave. Même si j'avais mal de partout, la joie s'emparait de mon corps. Je n'avais jamais été aussi content de vivre, d'être en vie.

- Oh mon dieu, mon amour.

Ma mère apparut dans la chambre, suivis de mon père et d'Anna. Tous pleurèrent, et ma mère se jeta dans mes bras, avant d'éclater en sanglots. Je me mis à sourire, malgré les larmes qui coulaient. Mon père s'approcha de mon lit, et je pris sa main dans la mienne. Je pouvais voir ses yeux rouges, et il secoua la tête. Nous étions enfin réunis.

- J'ai eu tellement peur. Je suis tellement désolé pour tout ce qui c'est passé mon chéri.

Elle caressa ma joue, à l'aide de son pouce. Son odeur, sa présence, me rassurai. Elle était belle et bien là. Ce n'était pas un rêve. Anna arriva à son tour vers mon lit, et me pris dans ses bras. Elle s'était mis sur son 31, et sentait bon la rose.

- J'ai vraiment cru t'avoir perdu. Plus jamais je te laisse seul.

Après quelques secondes, elle se décolla de moi, et posa un baiser sur mon front.

- Qui... Qui m'a trouvé ?

- Ton copain.

Une voix retentit à l'arrière de mon père, et ce dernier se décala, pour faire face à Jordan. Ce dernier tenait un bouquet de fleurs entre ses mains, et me souria. Il s'approcha du lit, et me prit dans ses bras. Lui aussi, ça me faisait du bien de le revoir.

- Plus jamais je te laisse, Adam. Plus jamais.

Je fermai les yeux, alors que ma tête se trouvait entre son cou. Mais une personne manquait à l'appel. La personne qui m'avait sauvé.

- Où est James ?

Jordan se décolla de moi, et posa le bouquet sur la petite table qui se trouvait à côté de mon lit. Il sortit de la chambre, sans rien dire, au côté d'Anna. Mon père les suivit quelques secondes après, suivis de ma mère, qui était venue me donner un énième câlin. Lorsque je me retrouvai seul dans ma petite chambre d'hôpital, je me demandais ce qu'il se passait. Quelqu'un toqua à la porte, et me sortit de mes pensées.

- Oui ?

La porte en bois s'ouvrit, et cette silhouette que je commençais à bien connaître se dessina devant moi. Dès l'instant où il me fit face, de nouvelles larmes coulèrent le long de mes joues. Il s'approcha de moi, et posa ses lèvres sur les miennes. Son corps musclé, ses lèvres pulpeuses, sa présence, m'avait beaucoup trop manqué.

- Je suis... Tellement content de te voir, Adam.

Il colla son front contre le mien, et ferma les yeux. Je fis de même, et il entrelaça sa main contre la mienne, qui était devenue violette à cause du sang qui ne circulait plus.

- Comment m'as-tu trouvé ?

- Avec l'aide d'Anna et de Jordan, ainsi que tes parents. Nous avons déposé des annonces, nous sommes allés faire du porte-à-porte. Puis nous n'avions rien de nouveau. Hier, je suis allé au commissariat, et nous avons regardé toutes les caméras de surveillance de la ville. Ça nous a pris toute la nuit. Et nous avons trouvé la camionnette de ces connards. Nous l'avons donc tracé, et nous t'avons trouvés. Nous sommes arrivés pile au bon moment.

Il m'avait donc sauvé la vie, à l'aide des policiers. S'il n'était pas allé au commissariat hier, je ne serais plus de ce monde, là, maintenant. Je lui devais beaucoup de choses. Je reposai mes lèvres sur les siennes, et le regardai droit dans les yeux.

- C'était... Ma psychiatre... Depuis le début. Elle avait prévu de te tuer aussi... Avec son mari, ils ont tué d'autres jeunes...

- Chut.

Il caressa ma joue à l'aide de son pouce, et reposa son front contre le mien. J'avais fait confiance à cette femme, pour au final, tomber de haut, encore une fois. Elle savait tout sur moi, ce qui lui avait faciliter son travail.

- Le procès commence dans deux jours. Il faut que tu sois en forme, et que tu sois convaincant, alors repose toi au maximum, d'accord ? 

Il retira son front, et se releva. Je ne pouvais pas être loin de lui désormais. Il devait être là pour moi, et je devais sentir sa présence près de la mienne. J'attrapai sa main, alors qu'il se dirigea vers la sortie.

- Reste... Reste avec moi.

Il se mit à sourire, et je me décalai, pour lui laisser un peu de place sur le lit. Il se coucha à mes côtés, et je posai ma tête sur son corps. Là, je me sentais en sécurité.

XXX

- Nous sommes ici réunis pour le jugement de Monsieur et Madame Melton, accusé d'avoir séquestré Adam Pearson, des meurtres de neuf autres jeunes adolescent. Pour ce troisième et dernier jour d'audience, nous appelons Adam Pearson à la barre, pour que ce dernier témoigne. Asseyez-vous.

Toute la salle s'exécuta, alors que je restais debout. Le juge me fit un geste de la tête, pour me donner l'autorisation de venir à la barre. James lâcha ma main, et je me dirigeai pour parler, devant plus d'une centaine de personnes. Derrière des vitres, se trouvaient mes deux kidnappeurs, tout deux attachés, et en tenue de prison. Ils me regardèrent, un sourire sur les lèvres. Un sourire malsain.

- Monsieur Pearson, est ce que vous jurez de dire la vérité, rien que la vérité.

Je regardai toutes les personnes qui étaient assises devant moi, avant de répondre.

- Je jure de dire la vérité, rien que la vérité.

J'étais sorti hier de l'hôpital, après quatre jours passés dans un lit. Mes blessures s'étaient assez vite cicatrisés, et je devais absolument être présent pour ce dernier jour d'audience. Tout se jouait maintenant. Mes parents, ainsi que James, était assis dans la salle. Anna et Jordan n'avaient pas pu venir.

- Monsieur Pearson, vous pouvez commencer.

Tous les regards étaient fixés sur moi, et je me sentais très mal à l'aise. Mais je savais qu'il fallait que je parle, que je raconte tout ce que j'ai vécu.

- Hum... Bonjour à tous. Je m'appelle Adam Pearson, et j'ai été un des nombreuses victimes des Melton. À vrai dire, tout a commencé il y a quelques mois, lorsque j'ai été enlevé, par ces deux individus. Ils m'ont gardé pendant plus d'une semaine dans leur cave, et mes journées se résumaient au viol, aux coups, et à la peur. Après une semaine, ils m'ont laissé derrière un super-marché, vivant. Mais ce n'était pas leur but. Je ne devais pas être vivant. J'ai été plus intelligent qu'eux, et cela m'a permis de rester vivant.

Pendant que je parlais, mes yeux jouaient entre mes kidnappeurs et ma famille. Des larmes voulaient sortir de mes yeux, mais je les retenaient tant bien que mal.

- Lorsque je suis rentré chez moi, j'ai constamment vécu dans la peur, et dans l'angoisse. Donc mes parents m'ont conseillé d'aller voir une psychiatre. Et ma psychiatre était madame Melton. Pendant des semaines, je lui ai parlé de moi, de mes peurs, et de mes problèmes. Pendant des mois, je parlais avec une criminelle, qui voulait ma peau, ainsi que son mari. Elle m'a conseillé un garde du corps, pour me sentir en sécurité. Mais elle voulait aussi en finir avec lui.

Les jurés, l'audience, tous étaient concentrés sur ce que je disais. Ma voix déraillait, à cause des nombreux sanglots que je retenais. Malgré ça, je continuai.

- Ils voulaient venger la mort de leur fils, qui s'est suicidé, suite à un viol d'un couple homosexuel. Les neufs autres personnes qu'ils ont tuées étaient tous des homosexuels. Et moi, j'étais leur cible. Mais ils avaient oublié une chose. Quelqu'un assurait mes arrières, nuit et jour. Et ce quelqu'un, c'est mon garde du corps. Grâce à lui, je suis ici aujourd'hui, et je peux témoigner de ce qui m'est arrivé.

Je fis un signe de tête au juge, pour lui dire que j'avais finis.

- Monsieur Pearson, vous pouvez retourner à votre place.

Je me levai de la petite chaise, et me dirigeai vers ma famille. Alors que je marchai, ma psychiatre bondit de sa chaise, et s'acharna sur la vitre, tout en m'insultant, les yeux remplis de rage.

- Tu vas mourir, Adam Pearson ! Et si ce n'est pas nous qui te tuerons, tu finiras par mourir ! Tu devrais avoir honte ! Tu...

James s'approcha vers moi, et me prit entre ses bras, pour m'emmener en dehors de la salle d'audience. Même avec ses mots, elle n'avait pas réussis à me toucher. Désormais, j'étais comme invincible.

XXX

- Mesdames, messieurs, le juré a pris sa décision.

Tout le monde se levait dans la salle, ainsi que les deux meurtriers. L'audience avait encore duré pendant deux heures au total, puis les jurés avaient disparu pendant près d'une heure, afin de délibérer. J'avais la main de James qui me tenait fortement, ainsi que la main de ma mère. Un juré se leva de sa chaise, et s'approcha du juge, un micro dans la main, une feuille dans l'autre.

- Suite à ces trois jours de procès, et les différents témoignages qui nous ont été donnés, nous reconnaissons les époux Melton coupables, pour les meurtres de neufs jeunes gens, ainsi que la séquestration d'Adam Pearson...

Il continuait de parler, mais les seules choses qu'il avait besoin de dire étaient déjà sorties de sa bouche. Cette fois-ci, je ne pouvais retenir mes larmes, et mes parents m'enroulèrent de leur bras, ainsi que ceux de James. J'avais gagné. 

Garde du corps [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant