- Si tu montes dans cette voiture Adam, je ne veux plus jamais entendre parler de toi !
Mon père me criait dessus, mais je n'y prêtais pas attention. Ma mère était restée sur le pas de la porte, en larmes, en train de regarder la scène, impuissante. D'un côté, je pouvais comprendre que ce dernier soit énervé, concernant la photo. Cela prouve que les ravisseurs m'ont suivi, et auraient clairement pu me reprendre en otage. De plus, il vient d'apprendre mon homosexualité, à cause de photos, et non par moi. Mais pourquoi réagir ainsi ? Il avait balancé les affaires de James dehors, et lui avait dit qu'il ne voulait plus le voir ici. Il nous avait même fait part qu'il avait appelé sa boss, pour comportement non approprié envers son client.
- Pourquoi je resterai avec toi et maman, hein ?! Tu me traites comme de la merde ! Tu viens de frapper James, tu m'as agressé !
Mon père n'avait jamais levé la main sur moi. Nous nous étions de nombreuses fois engueulés, lui et moi, mais jamais il ne m'avait frappé. Quand il m'a pris par le col, et m'a plaqué contre le mur, je ne l'ai pas reconnu. Ce n'était pas mon père. La haine que je pouvais distinguer dans ses yeux me faisait peur. James était déjà dans sa voiture, un mouchoir sur son nez ensanglanté. Il voulait partir, mais je lui avais dit d'attendre.
- Tu rentres tout de suite à la maison !
Désormais, mon père ne s'approchait plus de moi, et restait à quelques mètres de la voiture. Il ne voulait pas perdre les pédales, et préférait rester loin de moi. Je l'ai très peu vu énervé comme ceci. À croire que je viens de lui apprendre que je partais loin d'ici, avec James, et que je ne lui donnerai plus aucune nouvelle jusqu'à ma mort. Mais ce n'est pas le cas.
- Je ne veux pas rester avec des homophobes.
Mon géniteur s'arrêta de crier, et me regarda, un sourcil levé. Plus personnes ne parlait, plus personne ne criait. Désormais, seul le vent pouvait se faire entendre dans la petite cour. J'avais les larmes aux yeux, et vivais cette engueulade comme une trahison de mes parents. Je savais qu'ils ne l'auraient jamais accepté. Ma mère s'approcha prudemment de mon père, et prit sa main dans la sienne, avant de plonger son regard dans le mien.
- Nous ne sommes pas homophobes, Adam.
- Alors pourquoi réagir ainsi ?!
Ma mère prit une grande inspiration avant de continuer.
- Nous venons d'apprendre que tu aimes les hommes à travers des photos de tes kidnappeurs. De plus, nous apprenons que ton petit-copain est ton garde du corps. Tu ne penses pas que ça fait beaucoup à encaisser pour nous, en une seule soirée ?
Sa voix était calme, mais plus elle parlait, plus je bouillais à l'intérieur. À croire qu'être homosexuel est encore une maladie en 2018.
- Tu te rends compte de ce que tu dis ? Encaisser ? Est-ce que je viens de vous dire que j'avais un cancer, et que j'allais mourir dans deux semaines ? Est-ce que vous venez d'apprendre que je vendais de la drogue ? Est-ce que vous avez trouvé une arme dans ma chambre ? Non ! Rien de tout ça ! Vous venez juste d'apprendre que je suis heureux, avec toutes les merdes qui m'arrivent. Besoin d'en discuter ? Non. Je n'ai pas besoin de discuter de mon bonheur. Je ne suis pas malade. Je ne suis pas mourant, je ne fais pas des choses dangereuses ou autres. J'essaye juste d'être heureux. Mais ça, c'est peut-être compliqué de vous le dire, puisque votre génération n'a pas évolué. Des gens comme vous, j'en ai connu. Mais alors de là à frapper James, et même lever la main sur moi, vous dépassez un palier. Je vous déteste.
Sur ces mots, j'ouvris la portière de la Range Rover, et ordonnai à James de rouler. Ce dernier déposa son mouchoir dans la petite poubelle de sa voiture, et recula. Tandis qu'il faisait sa manœuvre, je ne détachai pas mon regard de mes parents, si je peux encore les appeler ainsi. La crise qu'ils me font, c'est pire que le kidnapping. C'est prouver que même dans une famille, on ne peut pas dire tous nos secrets.XXX
- Ce n'est pas luxueux, mais il ne restait que ça.
James alluma la lumière de la petite chambre d'hôtel, et s'engouffra à l'intérieur. Je restais dans un premier temps devant la porte, immobile. La chemise de mon garde du corps était tâchée, et ses traits étaient tirés. Beaucoup de choses se sont passées aujourd'hui, et je n'avais qu'une seule envie : dormir, et oublier pendant quelques heures ma vie.
- Tu ne rentres pas ?
Je secouai la tête, pour me remettre les idées aux claires, avant d'entrer à mon tour dans la chambre. James avait trouvé ce petit-hôtel, et c'était le seul qui avait des chambres de libres. C'est vrai que pour 50 dollars la nuit, je ne m'attendais pas à grands choses. Mais la chambre n'est pas décorée, et le lit est le seul meuble de la pièce.
- Je suis désolé que mon père t'ait frappé...
James s'assit sur le lit, tandis que je restai debout, face à lui. Il regarda le sol, tout en tapotant ses pieds sur la vieille moquette. Sa mâchoire était crispée. Il était énervé.
- Je peux partir et te laisser seul un moment, si tu veux.
Il ne répondit pas, et en jugeait que la réponse était donc positive. Je retournai dans les talons en direction de la porte, pour aller prendre l'air dehors.
- Je ne veux pas te perdre, Adam.
Je m'arrêtai, alors que je m'apprêtais à ouvrir la porte en bois. Ma main était bloquée sur la poignet, et je me mis à respirer, fort. Moi aussi, je ne voulais pas le perdre. Si mon père avait vraiment appelé sa boss, il allait être renvoyé, et je n'allais plus le voir. Je ne voulais pas de ça. Pas maintenant.
- Moi non plus, James... Moi non plus.
Je l'entendis ce lever, alors que j'étais en train de retenir un sanglot. Quelques instants après, je sentis son menton se déposer sur mon épaule, et ses bras vinrent entourer ma taille. Son parfum, toujours le même, arriva à mes narines, et des papillons dans le ventre vinrent me tordre le ventre.
- Je t'aime, Adam.
Sur ces mots, une petite goutte salée descendit le long de ma joue, et je me retournai, pour lui faire face. Je pris sa tête entre mes mains, et posai mes lèvres sur les siennes.
- Je t'aime aussi, James.
Il approfondit notre baiser, et me porta jusqu'au lit, de mauvaise qualité. Mais j'étais dans les bras de celui que j'aimais, de celui qui me rendait heureux en ce moment même. Et pour la première fois, James me fit l'amour, dans une chambre d'hôtel.XXX
- Tu quoi ?!
Anna était debout devant moi, ses lunettes de soleil sur son nez. Il faisait très froid dehors, et la chambre était humide à cause de la mauvaise qualité des murs. Mais Anna sortait du lot : elle mettait des lunettes de soleil à l'intérieur, et en hiver.
- Je sors avec James, pour la troisième fois.
Je l'avais appelé, après la nuit assez toride que j'avais passé avec mon garde du corps. Je ne lui avais pas tout expliqué dans les détails, juste que mes parents venaient d'apprendre pour moi, et que je me trouvais dans un hôtel avec James. Elle n'a pas réfléchi, et n'est pas allée en cour ce matin. Elle a préféré venir me voir, dans une chambre d'hôtel pourrie.
- Mais.. Mais c'est génial !
Elle s'assit à mes côtés, et me prit dans ses bras. Elle m'avait manqué, énormément. C'était l'une des seules personnes avec qui je pouvais rester pendant des heures, sans parler des choses qui se passent autour de moi.
- Je suis content, oui.
James était parti assez tôt. Sa patronne l'avait appelé, et lui avait donné rendez-vous à Seattle. Il n'était toujours pas revenu de son rendez-vous, et ne m'avait pas envoyé un seul message. Je stressais, j'avais peur. Je ne voulais pas qu'il se fasse virer. Surtout à cause de mon père.
- Et c'est pour ça que tu t'es engueulé avec tes parents ?
Sa voix était désormais plus douce, et elle posa sa main sur la mienne. Je pris une grande inspiration avant de répondre.
- Les kidnappeurs... Ils étaient au cimetière, quand je suis allé sur la tombe d'Andrew. James est arrivé, et nous nous étions engueulés. Je lui ai tout expliqué pour Andrew, pourquoi je ne pouvais pas faire entièrement confiance aux gens. Et on s'est embrassé. Sauf que ces deux enculés ont pris des photos, et les ont envoyées à mes parents. Quand je suis rentré, mon père a tapé James. On s'est engueulé... Et nous sommes partis.
Ça me faisait beaucoup de mal de me rappeler de ça. Mais Anna avait le droit de savoir. C'était ma meilleure amie, et elle est au courant de tout dans ma vie. Elle me caressa la main, pour me faire comprendre qu'elle était là, et que j'avais une épaule sur laquelle me reposer. Elle enleva ses lunettes, et les posèrent sur le lit, qui n'était pas fait.
- Changeons de sujet, alors. Jordan m'a envoyé un message, hier.
Encore des problèmes. Je soupirai, et laissai tomber en arrière sur le lit. Je pensais avoir été claire avec lui, et ne voulais plus en entendre parler. Pourquoi devrai-je tout le temps me prendre la tête pour des gens qui n'en valent pas la peine ? Même si je commençais à fortement m'attacher à Jordan, je ne veux pas souffrir. Pas encore.
- Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?
Elle sortit son téléphone de sa poche, et lu le message à haute voix.
- Salut Anna, j'espère que tu vas bien. Je n'ai pas l'habitude de prendre des nouvelles par l'intermédiaire des autres, mais j'aimerais comprendre le comportement d'Adam. Je l'ai vu chez sa grand-mère, tout à l'heure, et il m'a clairement parlé comme un chien, me reprochant beaucoup de choses. Je n'ai pas l'habitude de courir après les gens, et j'aimerais comprendre ce comportement, qui est selon moi, immature.
À l'intérieur de moi, je bouillais. Pour qui se prenait-il ? Immature ? Moi ?
- Et tu as répondu ?
- Salut au mec à qui nous n'avons plus aucune nouvelle depuis longtemps. Le comportement d'Adam est, en aucun cas, immature. Si tu n'aimes pas courir après les gens, je ne sais pas pourquoi tu viens me parler, j'ai d'autres choses à faire, comme me vernir les ongles. Si tu n'es pas content avec son comportement, ce n'est pas avec moi que tu dois en discuter, mais avec la personne en question. Je suis tout à fait d'accord du comportement de mon meilleur ami, sachant que c'est toi qui a fait des erreurs. Sur ce, bonne soirée.
- T'as très bien fait.
Elle se mit à rire, et sur ces mots, la porte de la chambre s'ouvrit. James se dessina devant nous, sa mallette entre les mains. Anna se releva, et prit ses lunettes qui étaient rester sur le lit.
- Bon, je vais vous laisser. Je vais aller en cour, pour faire comme je n'avais rien loupé.
Elle fit un sourire à James, avant de sortir de cette chambre pourrie. James s'avança, son regard plaqué par terre. Il ne parlait pas, et sa mâchoire était toujours crispée. Je me relevai, pour lui faire face.
- Alors ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?
Il mit quelques secondes à répondre. Il releva la tête, et je vis ses yeux rouges. Quelque chose n'allait pas, et je pouvais le voir, mais je ne voulais pas l'entendre. Je n'étais pas prêt à l'entendre. Mais il lâcha ses quelques mots, avant de s'engouffrer dans mes bras.
- C'est terminé, Adam.
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Garde du corps [BXB]
RomanceTout semble aller pour le mieux dans la petite vie d'Adam, 17 ans, jeune adolescent dynamique, aimé par ses parents, et par le peu d'amis qu'il possède. Jusqu'au soir où sa vie d'adolescent normal bascule dans l'enfer, lorsque ce dernier est kidnapp...