CHAPITRE 2

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Selon Théa Mae, Seattle méritait son surnom de Rain City, autrement dit la ville de la pluie en français. Elle avait souvent l'impression que le ciel pleurait sa solitude. Peut-être était-ce la jalousie que personne ne puisse le prendre dans ses bras et le réconforter. Ou bien, c'était le fait que personne n'arriverait jamais à le comprendre. Pourquoi était-il bleu pour ensuite virer au rouge, au orange ou encore au mauve, au bleu ou au noir ? Pourquoi, par moments, il était dépourvu de nuages et par d'autres, il en était rempli ?

Même si on lui posait directement, jamais le ciel ne nous répondrait. Théa l'avait fait durant plusieurs années mais jamais – jamais – il ne lui avait répondu. Son cœur de petite fille en était ressorti fissuré. Peut-être s'était-elle trop longtemps sentie seule et que c'était pour cette raison qu'elle s'était tournée vers le ciel pour lui demander s'il voulait bien lui tenir compagnie. À vrai dire, elle n'avait même pas eu besoin de le lui demander, le ciel lui tenait toujours compagnie. Il pleurait toujours. Et Théa aimait la pluie car ça lui permettait de se rendre compte qu'elle n'était jamais seule.

Et moi, alors ? Me m'oublie pas, murmura la voix dans sa tête.

Elle grimaça. Depuis sa tendre enfance, Théa entendait une voix parlait dans sa tête. Elle avait d'abord cru que c'était normal et que tout le monde possédait une voix dans leur tête. Malheureusement, ce ne fut que des années plus tard qu'elle avait compris qu'elle était unique. Mais pas dans le bon sens. Pendant des jours, des mois, des années Théa avait cru qu'elle était folle. Après tout, ce n'était pas tout le monde qui possédait une voix dans sa tête qui pouvait vous répondre.

Au fond, on sait toutes les deux que tu m'aimes. Ne me rejette pas, Théa.

Théa serra les dents. La voix n'était pas simplement une voix car Théa ressentait la présence d'un autre être à l'intérieur de sa tête. La voix, Zelda comme elle n'arrêtait pas de le lui répéter, était celle d'une femme. Mélodieuse comme le chant d'une sirène mais également mortelle pour ceux qui l'écoutaient ; à savoir elle. Plus d'une fois, Théa avait eu des problèmes parce qu'elle avait fait la bêtise d'écouter Zelda. Même lorsqu'elle essayait, la voix de Zelda était beaucoup trop persuasive et hypnotique pour qu'elle puisse lui résister. Et les années n'avaient pas aidé.

Et si on allait voler quelques bijoux ?

À peine avait-elle dit ça que Théa passa devant une bijouterie. Malgré le mauvais temps, les magasins étaient toujours ouverts ; bien que vides. Les cheveux plaqués contre son visage, Théa dépassa la bijouterie en tentant de ne pas prêter attention à la voix de Zelda qui ne manquait pas d'exprimer haut et fort sa déception. À présent, Théa était habituée aux paroles blessantes de Zelda. Cette dernière n'hésitait jamais à la critiquer lorsqu'elle ne faisait pas ce qu'elle voulait. Mais Théa fut tout de même reconnaissante à Zelda pour ne pas la forcer. Elle ne le faisait que lorsqu'elle le voulait vraiment. Lorsqu'elle s'ennuyait, Zelda avait tendance à balancer toutes sortes de choses qu'elle voulait faire sans vraiment le vouloir.

Je hais la pluie. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu persistes à vouloir habiter à Seattle.

Elle non plus. Théa avait beau se creuser la cervelle, jamais elle n'avait réussi à comprendre pourquoi elle aimait tant la pluie alors qu'elle détestait le froid. Seulement, elle se sentait à l'aise sous la pluie. Elle avait toujours aimé l'eau et lorsqu'elle prenait des bains, elle passait tout son temps sous l'eau. Une fois, elle s'était même endormie dans sa baignoire. Sans Zelda, elle se serait réveillée le lendemain avec la peau toute frittée. Ou noyer.

Je crève de faim !

Un muscle sous son œil tressauta. Théa haïssait lorsque Zelda sortait ce genre de chose à tout va. Car elle savait que ce n'était pas de nourriture d'en elle avait envie mais plutôt d'une faim impliquant un corps masculin et une certaine partie de son anatomie. Et ça, Théa avait horreur.

LES SEIGNEURS DE GUERRE, Tome 2 : Le Guerrier Solitaire (À corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant