CHAPITRE 7

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Une belle jeune femme se tenait sur un balcon, les mains posées sur la rambarde, les cheveux d'un blanc immaculé volant au gré du vent. Son regard était fixé et perdu au loin. Que voyait-elle ? Ou bien, admirait-elle tout simplement la chaîne de montagne qui lui faisait face ? C'était toujours difficile à déterminer lorsqu'il s'agissait de la Princesse, comme tout le monde l'appelait.

Elle était si respectée par son peuple que le monde avait probablement oublié son prénom. Même ses parents ne l'appelaient jamais par le prénom qu'ils lui avaient donné. À vrai dire, ils ne le faisaient jamais. Personne ne le faisait. Personne, à part elle-même lorsqu'elle était seule, prisonnière de son propre monde qui était son esprit. Car c'était l'endroit qu'elle aimait le plus. À l'intérieur, elle pouvait être qui elle voulait. Elle contrôlait tout.

Elle était le maître.

Mais le plus dur était toujours de revenir à la réalité. Et la réalité, ça craignait. C'était rempli de misère, de désespoir et de déception. Dans sa tête, les choses étaient tellement mieux. L'homme parfait était toujours présent dans son esprit, lui chuchotant des choses qu'elle rêvait d'entendre. Il n'y avait ni maladie ni peine de cœur. Le monde était parfait.

Dans sa tête.

— Comment faites-vous pour constamment admirer cette vue sans vous ennuyer ? demanda la voix du nouveau venu. 

 Oh, elle l'avait senti approcher. Elle serait considérée comme une pitoyable archère si elle baissait sa garde. Elle n'avait pas non plus besoin de se tourner vers le nouveau venu pour savoir de qui il s'agissait. Elle ne le faisait jamais. C'était pour cette raison que par moments, on l'avait surnommé la Princesse des glaces. Elle ne parlait jamais et se contentait de regarder le monde qui l'entourait. Les gens pensaient qu'elle était froide mais c'était tout simplement parce qu'elle ne savait pas quoi dire. Et elle était respectée pour ça. C'était probablement la raison pour laquelle personne ne se souvenait de son nom.

— Dites-moi, Princesse, dit-il en accentuant bien ce mot, que voyez-vous ?

C'était la question qui revenait sans cesse. En effet, que voyait-elle ? Elle-même ne le savait pas. Pourtant, il n'y avait pas un jour qui passait sans qu'elle ne vienne sur ce balcon admirer la vue. Que voyait-elle ? Peut-être ne voyait-elle rien ? Peut-être avait-elle juste besoin de rester dans son monde, loin de la réalité ?

— Encore et toujours ce silence, soupira-t-il.

La Princesse n'aimait pas être près de lui. Cet homme - bien qu'elle ne soit pas sûre qu'il non soit pas un - dégageait quelque chose de puissance qui affolait le monde lorsqu'il s'approchait. Sa présence brulait la peau de la Princesse mais elle restait toujours de marbre. Du moins, essayait-elle. Car rien ne semblait échapper à ses yeux bleu-gris glacial.

— Il y a certaines choses qui ne changerons jamais, murmura-t-il à son oreille.

La Princesse fit volte-face et...

* * *

Les espaces confinés la rendaient fébrile. Son cœur était comme un oiseau affolé qui ne voulait qu'étendre ses ailes et prendre son envol. Pourtant, elle savait se maîtriser. 

Il le fallait.

Elle avait perdu le fil et ne savait même plus depuis combien de temps elle se trouvait là ; peu importe où se trouvait « là ». C'était un petit espace carré dépourvu de toute chose. Il n'y avait que le sol pour s'assoir et des murs pour l'empêcher de s'enfuir. Une porte en métal placée en diagonale de l'endroit où elle était recroquevillée avait été scellée par elle ne savait quel moyen. Tout ce qu'elle savait, c'était que seule une personne pouvait entrer. Mais il ne le faisait que rarement.

LES SEIGNEURS DE GUERRE, Tome 2 : Le Guerrier Solitaire (À corriger)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant