Chapitre 3

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"- Tu es ici depuis deux ans. Nous t'avons ramenée dans cet hôpital après la guerre car tu étais l'une des seules survivantes. Quand nous t'avons trouvée, tu étais consciente mais dans un coma profond et avant aujourd'hui nous ne pensions pas que tu te réveillerai un jour. Si je croyais en Dieu je dirais que ça tiendrait du miracle. Nous pensions attendre encore une année avant de te débrancher...

Nous t'avons fournis de l'oxygène pendant ces deux ans ce qui t'as permis de rester en vie. Malheureusement, la loi nous oblige à débrancher chaque individu qui ne se serait pas réveillé au bout de trois ans. 


Il n'y a pas eu beaucoup de survivants. La vérité c'est que vous êtes quatre... Nous n'étions pas autorisés à vous ramener ici pour vous soigner. 

Je ne peux malheureusement pas t'en dire plus et mieux vaut que tu ne parles a personne d'où tu viens si tu t'en souviens un jour ! Il y a certain secrets qu'y ne doivent pas être révélés. Néanmoins si tu as la moindre question, Mary, Jessica et moi serons là pour y répondre."



Il me montrait du doigt les deux infirmières. 



Je n'avais aucune envie de leur parler. Ni à lui d'ailleurs. Je voulais sortir d'ici pour voir où IL était. Je voulais lui demander. Je n'arrêtais pas d'y penser. C'était devenu une obsession. J'avais besoin de savoir. Je devais connaitre la vérité.



Je pensais aux trois autres. Ils étaient comme moi. Je ne savais pas s'ils se souvenaient. Je voulais leur parler, les questionner. Voir que je n'étais pas seule et qu'il y avait des personnes là pour m'aider, du moins me comprendre. Même si je ne les connaissais pas ou que je ne me souvenais pas d'eux, on venait du même endroit. 



La femme qui était avec l'homme était partie. 


Je voulais la retrouver pour lui demander où l'homme était partis et pourquoi il voulait m'aider. Et si elle n'était pas décidée à me répondre, c'est elle que j'allai interroger.



 Je ne savais pas d'où me venait cette volonté. Elle me faisait presque peur... De quoi étais-je capable ? Qu'est-ce que j'étais prête à faire pour obtenir des réponses ? Jusqu'où pouvais-je aller ? 



Je regardais toujours le médecin. Il parlait aux infirmières. Je n'entendais pas ce qu'il disait. Ça m'énervait. Les infirmières jetaient régulièrement des regards vers moi. J'avais l'impression qu'ils parlaient de moi et que je n'avais pas le droit d'écouter. C'était frustrant. 



Je décidais de tourner la tête. Ça  me demandait beaucoup d'efforts mais c'était moins douloureux. 



Je regardais dehors. Il pleuvait. Il allait bientôt faire nuit... Les nuages, la couleur du ciel, l'air. Tout me manquait. Je voulais sortir. Je voulais respirer l'air de dehors. Ici, j'avais l'impression d'être emprisonnée, enfermée. Je n'étais pas à ma place dans un hôpital. Je voulais bouger, sortir, courir, rire, vivre ! Je voulais vivre ! Rien que cette idée me faisait sourire. J'étais décidée à en profiter. Je voulais connaitre le bonheur. Tous ces gens dehors... Il vivait ! Je voulais leur ressembler, avoir un travail, me lever tous les matins, me coucher tous les soirs et recommencer ! Avoir des amis, rire avec eux, m'amuser ! En profiter ! Aimer et être aimer ! Pleurer ! Chanter ! Parler ! Râler ! Je le demandais. Je le suppliais. J'étais prête à tout pour être comme ça. Pour être comme eux. Pour ressentir ça. Pour faire ça.



J'avais l'impression que le bonheur était à côté de moi. Que je n'avais qu'à tendre le bras pour l'attraper. Et que tout irait bien. Que tout serai possible. Que tout serai accessible. Je le souhaitais tellement... 



J'étais tellement dans mes pensées que je n'entendis pas l'infirmière me parler. Je ne savais pas laquelle des deux était Jessica ou Mary. Et je ne cherchais pas à le savoir. Elles me paraissaient tellement arrogantes... Mais je n'avais pas le droit de les juger. Je ne les connaissais pas et je devais les respecter. 



Elle s'approcha de moi et se mit à me parler comme si j'étais une enfant de cinq ans : 



"- Alors, comment te sens-tu ? Moi, c'est Mary. Si tu as des questions je suis là. Mais, attention il ne faudrait pas qu'elles soient indiscrètes ! J'y répondrai mais seulement si ça en vaut la peine ! J'espère que nous sommes d'accord. Je n'ai aucune envie d'être agressive avec toi mais ne fais rien pour que je le devienne ! Bien, voici Jessica. - Elle me montra du doigt l'infirmière à côté d'elle - Avant que tu ne déballes toutes tes questions, nous allons faire une rapide analyse de ton état. Il arrive parfois que les patients souffrent de plusieurs anomalies à leur réveil. Et je t'en prie je ne supporte pas que l'on me dérange ! Sois coopérative et ne pose pas de question. Jessica viens m'aider. 


- J'arrive une seconde ! Ce n'est pas comme si on était pressées. "



Je les méprisais. Elles étaient désagréables. Détestables. Comment un humain pouvait-il être aussi méchant ? J'avais envie de leur parler, de leur répondre, de leur montrer qu'elle n'avait pas le droit de me parler comme ça. Je ne leur avais rien fais, j'étais quelqu'un, Pas un objet sur qui on se défoule ! 

AltéritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant