Les congés de Toussaint approchaient à grands pas et je n'avais encore eu aucune nouvelle de William. J'ignorais s'il reviendrait auprès de ses parents avant les Fêtes et c'est pour cela qu'une fois seule dans la chambre que je partageais avec Hélèni, elle était encore avec Odd, je décidai de lui passer un coup de fil pour qu'il me dise quoi. Il était midi, là-bas, donc il allait sûrement répondre.
-Allô Yumi ? Comment vas-tu ? s'inquiéta-t-il.
Je ne me sentais pas capable d'être gentille avec lui après tout ce qu'il avait fini mais je pris sur moi pour ne pas qu'il ait de soupçons.
-Ça va normal, quoi, le train-train quotidien avec son lot d'interros et de devoirs. Et toi ? répondis-je de manière détachée.
-Aussi, l'armée ce n'est pas facile mais on s'y fait.
-Tu as l'intention de revenir pour la Toussaint ? m'informai-je.
-Oui, on nous laisse même quelques jours de congés en plus fin octobre donc, si tu veux, on pourra se voir.
-Ça tombe bien parce qu'il faudrait que je puisse te voir, j'aimerais te parler, répliquai-je d'une voix ferme.
-À propos de quoi ? se demanda-t-il, curieux.
-De nous, et de notre relation à distance, mentis-je.
-Yumi, on en a déjà parlé, me reprocha-t-il.
-Je sais mais c'est important, alors, on se verra dans le parc comme d'habitude, ok ? rétorquai-je agacée.
-C'est bon, ça va.
Il enchaîna :
-Et tu as des nouvelles d'Aelita ?
Comment osait-il me demander une chose pareille ?! Il voulait sûrement s'assurer qu'elle n'était pas morte, par peur de soucis avec la justice. Cependant, des soucis avec la justice, il allait en avoir, et très bientôt.
Je pris une grande inspiration et gardai mon calme :
-Elle va très bien et se plaît beaucoup en Suisse.
Il ne répondit rien et raccrocha. Je devais m'en douter, ça lui en bouchait un coin.
Je jetai un œil à mon réveil : il affichait déjà dix-neuf heures, l'heure du dîner. Les autres m'attendaient sûrement. Je descendis en vitesse jusqu'au réfectoire, et effectivement, tout le monde m'attendait.
-Alors Yumi, tu as su parler à William ? me lança Odd.
Ulrich tirait la tête, comme à chaque fois que l'on parlait de William.
-Oui, et j'ai appris qu'il allait revenir, on doit se voir dans le parc avant la fermeture, annonçai-je.
-Du coup, c'est quoi le plan ? questionna Hélèni, déterminée.
-Facile, Yumi doit voir William dans le parc. Nous, on se cachera dans les buissons pour écouter ce qu'il se dit, expliqua Jérémy.
-Et pour intervenir au cas où il te ferait du mal, ajouta Ulrich.
-Après, on se rend à la gendarmerie pour porter plainte, compléta Aelita.
Sacré Ulrich, toujours prêt à intervenir pour moi, malgré le fait que je l'avais blessé, je trouvais cela mignon. Je regrettais énormément d'avoir laissé William m'embrasser, je ne ressentais rien pour lui, il voulait juste me posséder, m'acheter avec des cadeaux et j'avais presque fini par céder à ses avances. Dans la vie, nous faisons tous des erreurs mais je savais que celle-là serait très difficile à réparer parce qu'elle impliquait d'autres personnes que moi.
-Il a eu le culot de me demander des nouvelles d'Aelita, déclarai-je sur un ton mauvais.
-C'est encore pire. Je suis presque sûr qu'il a des problèmes psychiatriques, et qu'il n'est pas apte à étudier à l'armée comme il le fait. Il ne faut pas être normal pour faire une chose pareille. Il n'a jamais été clair ce gars, et ça fait des années que je me tue à vous le dire, maugréa Ulrich.
-Je ne sais pas si je vais déposer plainte, soupira Aelita.
-Princesse ! Tu déconnes j'espère ?! Tu n'as pas vu le mal qu'il t'a fait ?! On a failli te perdre ! s'étrangla Jérémy, déconcerté par son attitude.
-Mais s'il a des problèmes psychiatriques, ce n'est pas en prison qu'il doit se trouver. C'est en hôpital, et il doit être soigné, insista-t-elle.
Sa réaction me déboussola. Aelita avait toujours été très gentille voire naïve et croyait encore en la bonté humaine. Seulement, elle avait tort, à la limite, elle défendait la personne qui la faisait mourir à petit feu. Comme une enfant, qui accorde facilement son pardon.
-Aelita, comment fais-tu pour pardonner si facilement à ton bourreau ? lui demandai-je confuse.
-Je me dis que tout le monde à le droit de vivre, d'avoir une seconde chance. J'ai eu la mienne, grâce à vous, et je ne vois pas pourquoi une autre personne n'y aurait pas droit, quoi qu'elle ait fait dans sa vie.
C'était donc de là qu'elle tirait sa force. Elle avait déjà pardonné à William sa fougue et son immaturité lorsque la méduse l'avais capturé et xanatifié. Elle avait pardonné à Odd son manque de délicatesse et à Jérémy sa timidité. Elle avait même réussi à pardonner à XANA tout le mal qu'il avait pu causer sur la Terre. Pour cela, elle avait d'abord dû faire le deuil de son père.
Alors oui, Aelita paraissait vivre dans le monde des Bisounours, mais au fond, elle pouvait se permettre d'avoir la conscience tranquille après le pardon.
-En tous cas, je te conseille vivement de porter plainte parce qu'il a été beaucoup trop loin avec toi et ça, on ne laisse pas passer, lui suggéra Hélèni.
-Elle a raison, Princesse. Fais-le au moins pour Jérémy qui a failli te perdre, approuva Odd.
Elle mordit dans son pistolet au saumon et aux tomates et haussa les épaules :
-Je ferai ce qui me semblera le plus juste.
Hélèni commença à couper son pistolet au fromage en morceaux, elle détestait le manger entier, Ulrich trempa sa cuillère dans sa soupe, Aelita reprit une bouchée, Jérémy l'imita avec son pistolet au thon, Odd entama son second après avoir bu toute la soupe d'une traite, et quant à moi, je plongeai ma tête dans mon bol de soupe à l'oignon. Le reste du dîner se passa dans le calme, tout le monde reprenait un peu ses esprits et se remit de ses émotions.
Trois semaines plus tard, le vent soufflait sur Kadic après avoir emporté les restes de l'été. La température avait brutalement chuté et la pluie commençait à tomber. C'était précisément ce jour-là que nous devions nous voir avec William, juste avant les congés. J'appréhendais pas mal ce moment, j'allais devoir lui sortir des vérités qui ne lui feraient pas plaisir du tout. En ce vendredi après-midi, je rejoignis les autres après les cours afin de nous rendre au parc.
-Alors, prête pour la discussion ? me lança Hélèni.
-Plus que prête, répondis-je motivée.
-Et n'oublie pas que si tu as un problème ou si on sent que ça va déraper, on est là pour intervenir, m'assura Ulrich.
Je hochai la tête et nous partîmes en direction du parc. Je m'installai sur un banc avec mon parapluie où je l'attendis.
Après un bon quart d'heure, il arriva à ma hauteur. Il se pencha pour m'embrasser mais je l'esquivai et lui fit la bise à contrecœur.
-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne veux plus que je t'embrasse ? s'irrita-t-il.
Je le regardai dans les yeux.
-On ne peut plus continuer comme ça, ce n'est pas possible, déclarai-je sur un ton sec.
-Comment ça ? Yumi, tu fais chier, je me décarcasse pour que tu puisses me rejoindre aux États-Unis pour que l'on vive notre histoire. Parce que je t'aime, répliqua-t-il énervé.
Ce baratin commençait sérieusement à m'horripiler.
-Écoute William, il y a quelque chose que tu n'as pas compris. Je ne t'aime pas et je ne t'aimerai jamais, dis-je calmement.
-Tu ne m'aimes pas, tu dis ? C'est Ulrich qui t'a mis ça dans la tête ? rétorqua-t-il avec un sourire nerveux.
-Non, et je sais tout ce que tu as fait à Aelita, et tu vas le payer.
Son regard se fit de plus en plus menaçant et il s'avança vers moi.
-Ah oui, et qu'est-ce que j'ai fait chérie ? railla-t-il.
-Tu l'as traitée de pute, de traînée, tu l'as harcelée au point qu'elle a failli se suicider, ça te suffit ?! m'emportai-je aveuglée par la colère.
-Ça va, c'est pas si terrible, c'était pour jouer. Et puis, elle aimait bien elle aussi, se justifia-t-il toujours avec son sourire narquois.
-Pour jouer ?! Non mais tu te fous de la gueule de qui ?! T'es pas bien, toi ! Vas te faire soigner ! ripostai-je presque en criant.
Soudain, il m'attrapa le bras très violemment.
-Arrête, tu me fais mal ! criai-je en me débattant.
-Comme ça je dois me faire soigner ?! rigola-t-il.
Je réussis à me dégager de son emprise grâce à mes techniques de combat mais il revint à la charge. À ce moment, je sentis quelqu'un me tirer derrière et je vis Hélèni se jeter sur lui et lui faire une prise de karaté.
-Putain ! C'est qui cette grosse folle ?! hurla-t-il au sol.
-La grosse folle, comme tu dis, mon gars, elle s'appelle Hélèni, et c'est la grande amie de Yumi, donc je te conseille de faire gaffe, répondit-elle avec ironie.
Je me retournai pour voir qui m'avait tirée et ne fus pas surprise de voir Ulrich.
-Ulrich ! Je suis désolée pour tout ! m'excusai-je.
-T'en fais pas, c'est pardonné.
Jérémy, Odd et Aelita s'approchèrent également.
-William, ce que tu peux être odieux, je ne sais pas ce qui me retient de t'en mettre une, susurra Jérémy.
-La peur, peut-être ? se moqua William.
-Ça m'étonnerait, il ferait n'importe quoi pour me protéger, le défendit Aelita.
-Tu crois ça, petite chose ? fit William, une lueur de défi dans les yeux.
-Aelita n'es pas ta chose et elle ne le sera jamais ! J'y veillerai ! assura Jérémy en caressant les hanches d'Aelita.
-Tu vas morfler, William ! intervint Odd, énervé.
-Tu en es sûr ? demanda le principal intéressé.
D'un coup, il se releva, poussant Hélèni en-dehors et Odd se précipita vers elle pour s'assurer qu'elle allait bien. Tout se passa très vite, William en profita pour prendre Aelita en otage et sortit un couteau de sa poche avec lequel il la menaça.
-Aelita ! s'écria Jérémy, en panique.
William le toisa d'un air satisfait.
-Si vous dites quoi que ce soit, je la saigne, compris ?
Je sentais la rage monter en moi :
-Un couteau ?! T'es sérieux ?! Je rêve, il trimballe un couteau sur lui ! m'exclamai-je déconcertée.
-Yumi, je me doutais bien que si on se voyait dans le parc pendant les heures scolaires, tes petits amis seraient là aussi. Je savais bien que tu me parlerais d'Aelita, tu paraissais si peu assurée au téléphone que ça sonnait faux, j'ai été plus intelligent, admets-le, m'expliqua-t-il avec un air supérieur.
-Tu as fait ça pour nous piéger ?! Mais tu te rends compte de la connerie magistrale que tu es en train de faire ?! fulmina Ulrich.
Aelita pleurait, elle avait peur pour sa vie et peur de ne plus rester avec nous.
-Admettons que tu te débarrasses d'Aelita. De toutes façons, la gendarmerie sera prévenue et te retrouvera. Tu prendras au moins vingt ans pour assassinat. Alors que si on porte plainte pour harcèlement, tu auras une petite amende ou un an ou deux de prison. Qu'est-ce que tu choisis ? intervint Jérémy qui faisait tout pour sauver sa copine.
William réfléchit un instant, tout le monde retint son souffle et il la lâcha.
Jérémy lui décocha un coup de poing dans le nez.
-Ça, c'est pour avoir voulu supprimer ma femme, dit-il méchamment.
Aelita se réfugia dans ses bras et, au lieu d'emmener William avec nous, nous partîmes de notre côté pour aller à la gendarmerie. Nous étions tous sous le choc après ce qu'il venait de se passer.
-J'ai filmé toute la scène, déclara Odd sur un ton joyeux.
-Même le coup de poing ? Je pourrais avoir des ennuis, s'inquiéta Jérémy.
-T'en fais pas Jerem', je couperai la fin, le rassura-t-il avec un sourire.
À présent, un déluge s'était abattu sur le parc, et nous nous ruâmes vers la gendarmerie.
Nous entrâmes et nous fûmes invités à nous asseoir en salle d'attente. Jérémy serra fort la main d'Aelita dans la sienne et je fis de même avec l'autre.
-Courage Aelita, tout va bien se passer, murmurai-je.
Après une demi-heure, une grosse femme à lunettes âgée de la cinquantaine s'approcha.
-Bonjour les jeunes, quel bon vent vous amène ? questionna-t-elle.
-C'est pour une plainte Madame, souffla Aelita d'une voix douce.
Elle nous invita à la suivre jusqu'à son bureau.
-Contre qui voulez-vous porter plainte ? demanda la gendarme.
-William Dunbar, répondit Jérémy à la place d'Aelita.
-Et où habite-t-il, d'où est-il ?
-Il vient d'un bar, plaisanta Odd.
Je le foudroyai du regard :
-Odd ! C'est pas le moment !
-Non, il habite la région, rue des Tilleuls, 2**a, Guermantes, l'informai-je.
-Et quelle est la raison de la plainte ?
-Harcèlement sexuel sur ma petite-amie, répondit sèchement Jérémy.
La dame s'adressa à Aelita :
-Puis-je avoir votre nom, âge, adresse, profession et téléphone ?
Aelita prit une grande inspiration avant de répondre :
-Aelita Stones, dix-sept ans, étudiante à Kadic, je vis au 1** Avenue du Major Davel, 1800 à Vevey en Suisse. Mon numéro de téléphone est 0********7.
La dame parut surprise :
-En Suisse ? Et vous étudiez en France ? C'est courageux, la félicita-t-elle en souriant.
-Oui, je suis interne comme mes amis.
-Et quels rapports entreteniez-vous avec ce William Dunbar ? lui demanda-t-elle.
-C'était juste un ami, on se voyait au lycée, jusqu'au moment où il est parti aux États-Unis étudier à l'armée, expliqua Aelita mal à l'aise.
-Un ami, vous dites. Et quand est-ce que ça a commencé ?
C'est Jérémy qui vola à son secours :
-Cet été, on est partis en vacances tous ensemble à la Côte d'Azur en camping-car. Nous étions contre l'idée qu'il vienne avec nous mais il était le seul à avoir le permis donc c'est lui qui nous a conduits. Au retour, on est partis chercher à manger et nous avons laissé Aelita seule avec lui. C'est là qu'il a commencé à la toucher.
La gendarme hocha la tête.
-Et pourquoi ne vouliez-vous pas qu'il vous accompagne ?
-Je n'ai jamais pu sentir ce type, on avait parfois du mal à lui faire confiance. Par contre, le fait qu'il touche Aelita m'a beaucoup étonné car il était amoureux de quelqu'un d'autre, raconta Ulrich.
-Et qui est cette personne ?
-C'est moi. Il m'a embrassée mais je ne l'ai jamais aimé. Depuis des années, il me faisait des avances, m'offrait des cadeaux. Avant moi, il courait après une autre fille, à un point tel qu'il collait des affiches d'elle partout dans le collège, répondis-je en essayant d'éclaircir les choses.
-Déjà des antécédents. Et après ce voyage, que s'est-il passé ? Vous l'avez revu ? s'informa la dame en s'adressant à Aelita.
-Non, mais il a commencé à m'envoyer des messages insultants et dégradants et ça n'a pas arrêté, si vous voulez je vous les montre.
-Je les regarderai à la fin du rendez-vous, assura la dame.
Elle continua :
-Comment l'avez-vous vécu ?
-Très mal, pardi. Ma copine a fait une tentative de suicide, on a failli la perdre ! Je suis parti en Suisse pour aller la voir à l'hôpital quand j'ai su que je ne la reverrais peut-être jamais ! On a presque dû la débrancher mais un miracle a fait qu'elle s'est réveillée ! s'énerva Jérémy.
-Calmez-vous Monsieur, on va faire notre possible. Avez-vous quelque chose à ajouter avant que je ne jette un œil aux messages ?
Hélèni hocha la tête :
-On a une vidéo à vous montrer, approuva-t-elle.
-Cet après-midi, Yumi a rencontré William dans le parc pour lui parler de leur relation et d'Aelita. Il s'est énervé et l'a empoignée, du coup, nous sommes intervenus. Il a réussi à prendre Aelita en otage et l'a menacée avec un couteau, déclara Odd.
-Allez-y, montrez la vidéo, c'est très grave, nous ordonna la dame.
Odd prit son téléphone et montra la vidéo. La gendarme paraissait indignée par ce qu'elle voyait.
-Vous avez eu beaucoup de chance de vous en sortir, il aurait pu tuer votre amie, affirma la dame.
Jérémy prit Aelita contre lui avant qu'elle ne montre les messages. Encore une fois, la dame fut indignée.
-C'est bas, très bas. On va le convoquer dans sa commune où il sera condamné, seulement, il faudra nous envoyer les messages et la vidéo sur notre boîte mail que je vais vous écrire. Il risque la prison à cause de la préméditation, décida-t-elle.
Elle se tourna vers Jérémy plus particulièrement :
-Prenez soin d'elle, elle en a besoin. On vous recontactera.
Elle nous donna une feuille avec l'adresse mail et nous sortîmes. Nous retournâmes au lycée où nous nous séparâmes. Jérémy et Aelita passeraient la première semaine des vacances ensemble, car la mère d'Aelita travaillait cette semaine-là et elle la rejoindrait en Suisse la deuxième semaine. Hélèni retournerait chez sa mère, Ulrich chez lui et Odd à Toulouse. Quant à moi, je resterais seule toutes les vacances.
Jérémy et Aelita partirent les premiers avec Odd, qu'ils conduisaient à l'aéroport.
Ce fut ensuite au tour d'Hélèni de partir avec sa mère. Il ne restait que Ulrich et moi.
-Tu ne m'en veux pas trop ? Tu sais, je me sens mal de l'avoir laissé m'embrasser alors qu'il faisait du mal à Aelita, me confiai-je.
Il me regarda gentiment.
-Bien sûr que non, je sais que tu regrettes, tu es une fille bien, trop bien pour moi, répliqua-t-il.
-Ulrich ! Ne dis pas ça, on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve, le sermonnai-je.
-T'as raison.
Il me salua, il devait prendre un bus et un train, et il risquait d'être en retard si je le retenais trop longtemps.
Je me retrouvai donc seule, sous la pluie. Au loin, j'entendis une élève de l'activité de déclamation réciter un poème.
"Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone."
Je fus captivée par ce merveilleux poème de Verlaine qui berça mon cœur au rythme de ses vers. Et je m'en allai, les yeux embués par des larmes imprévues, pareille à la feuille morte.
Cette journée m'avait épuisée, je savais que rien ne serait plus jamais comme avant, pour nous et pour William. Il avait été le bourreau d'Aelita et j'étais son bourreau, nous l'avions dénoncé. Il allait être arrêté et sa vie basculerait à jamais. Cependant, j'avais fait le bon choix, Aelita était ma meilleure amie et personne ne faisait confiance à William.
Une fois à la maison, je m'affalai sur mon lit et m'endormis.
Les trois premiers jours des vacances se passèrent normalement, mon père travaillait et Hiroki passait la semaine chez Johnny. J'étais seule avec ma mère et on en avait profité pour faire du shopping et un atelier cuisine.
Le quatrième jour, au matin, j'entendis un cri me réveiller. C'était ma mère, je me demandais ce qu'il se passait, j'avais peur qu'il ne lui soit arrivé quelque chose.
-Maman ! Qu'est-ce qu'il se passe ? criai-je, de ma chambre.
-Yumi, c'est affreux, viens vite voir, se lamenta-t-elle.
Que pouvait-il bien se passer d'assez grave pour me réveiller comme ça ?! Ni une ni deux, je descendis l'escalier à fond de balle.
-Mais qu'est-ce qu'il y a à la fin ?! m'énervai-je.
Elle m'observa d'un air grave, le journal à la main et me le tendit.
-C'est William, il a eu un accident, articula-t-elle.
Mon cœur fit un bond et je me sentis mal tout d'un coup.
Je pris le journal et lus l'article.
"Hier soir, vers vingt-deux heures, un terrible accident de scooter est survenu sur la départementale trente-cinq à hauteur de Guermantes. Le conducteur, William Dunbar, âgé de dix-huit ans est malheureusement décédé des suites d'un traumatisme crânien après son admission à l'hôpital."
William ? Décédé ? J'étais sous le choc, mes mains tremblaient. Il avait beau avoir fait du mal à Aelita, il ne méritait pas de mourir. Une photo à côté de l'article montrait le scooter complètement écrasé contre un poteau.
-Je suis désolée, murmura ma mère.
Elle me prit tendrement dans ses bras pour me consoler et aucune larme ne coula.
C'est seulement une fois seule, après être remontée dans ma chambre, que je me laissai aller. Je me sentais coupable, terriblement coupable. J'avais de sérieux doutes concernant le simple accident, je penchais plutôt pour un suicide après avoir reçu une convocation. Tout ça pour sauver son honneur. Il ne voulait pas que les autres sachent ce qu'il avait fait. Il voulait juste être aimé.
J'envoyai un message aux autres pour les prévenir et leur demander s'ils pouvaient venir à l'enterrement. Le premier à me renvoyer un message fut Odd.
"Salut Yu' , je suis vraiment désolé, je ne voulais pas ça. Pauvre William, mourir de cette façon, c'est pas beau. Je ne peux pas revenir pour l'enterrement, je n'ai plus de sous."
Ce que je comprenais parfaitement. Le second vint de Jérémy et Aelita.
"Quoi ?! C'est pas possible ! Je lui en voulais mais pas au point de souhaiter sa mort ! Il n'y aura même pas de procès ! Pour l'enterrement, je n'avais pas envie d'y aller mais Aelita voulait, alors on vient."
Au moins deux personnes viendraient. Je reçus également la confirmation d'Hélèni et en dernier, je reçus un message d'Ulrich.
"William est mort ?! Je t'avoue, ça ne me fait ni chaud ni froid, il a été odieux. Je ne viendrai pas à l'enterrement, je bosse mes cours, sinon mon père va se fâcher."
Ce dernier message ne m'étonna pas de lui, il s'en fichait éperdument. Je me demandais quand est-ce qu'il allait enfin rabrouer son père.
En attendant, William était refroidi dans un cercueil, affreusement seul, et par ma faute parce que je ne l'avais jamais aimé.
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Code Lyoko - Et Maintenant
FanfictionDepuis l'extinction du supercalculateur, bien des choses ont évolué. Tout le monde est désormais au lycée et ne va pas tarder à entamer sa Terminale, la dernière année que nos héros passeront ensemble. Une année qui ne sera pas de tout repos car Ael...