A : Le Retour de mon Père

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-Hélèni est tombée dans la mer numérique !
Odd venait de nous balancer ça à notre arrivée. Il semblait sincèrement désolé et avait admis que c'était sa faute.
-Mais Odd, tu te rends compte que l'on n'a aucun moyen de la matérialiser ?! Mon programme ne fonctionne que dans les tours, et celui qui a permis de ramener Yumi se trouve sur un CD rom chez moi ! Ça me prendra des jours voire des semaines pour refaire un programme ! s'énerva Jérémy, furieux et désemparé.
-Je suis désolé, bredouilla-t-il.
-C'est pas vrai, mais c'est pas vrai ! Qu'est-ce que l'on a donc bien pu faire au bon Dieu pour avoir pareil immature ?! Bon sang, te retourner pour l'embrasser alors que tu conduis un engin volant au-dessus de la mer numérique, elle est forte celle-là ! renchérit Yumi, tout aussi en colère.
Je vis mon ami baisser la tête, accablé.
-On va trouver une solution et ramener Hélèni saine et sauve, leur assurai-je en tentant de paraître confiante.
-Ah oui, et je peux savoir comment ? rétorqua Ulrich, peu convaincu.
-On trouvera. N'oubliez pas que Mme Hertz peut nous aider. D'ailleurs, il faut la prévenir, et que quelqu'un me dévirtualise, répondit Jérémy d'un air décidé.
-Je pense que l'on ferait mieux de tous rentrer et de travailler à partir de l'usine, proposai-je.
Je savais que notre présence sur Lyoko était inutile.
-Pour laisser Hélèni ici ?! Jamais ! riposta Odd, en larmes.
-Enfin Odd, on ne peut rien faire à partir de Lyoko pour le moment, le raisonna Ulrich avec compréhension.
Ulrich dévirtualisa Jérémy avant de se faire dévirtualiser par Yumi. Odd la dévirtualisa et en fit de même avec moi alors que je lançais un champ de force dans sa direction.
Une fois de retour, épuisés, nous montâmes rejoindre Mme Hertz au labo afin de la prévenir.
-Mme Hertz ! Hélèni est tombée dans la mer numérique et on n'a aucun moyen de la ramener ! s'exclama Jérémy, haletant.
Elle se retourna, surprise.
-Oh mon Dieu, c'est terrible ! Je n'ai toujours pas réussi à localiser Franz Hopper, et le programme ne peut servir que pour une personne à la fois. Si je lance une recherche pour trouver Hélèni, je dois interrompre celle qui est en cours, expliqua-t-elle en se tournant vers moi.
Je n'eus même pas besoin de réfléchir, je connaissais la priorité.
-Il faut retrouver Hélèni à tout prix. Mon père saura attendre encore un peu. Seulement, on n'a aucun moyen de la ramener, affirmai-je avec détermination.
-Écoutez, je vais faire mon possible pour la ramener, je vais passer la nuit ici. De votre côté, faites de votre mieux pour que les éducateurs et les profs ne se rendent pas compte de son absence, nous recommanda-t-elle.
-Mais moi, je comptais rester ici pour travailler ! protesta Jérémy.
-Jérémy, si tu veux vraiment m'aider, travaille à partir de ta chambre, tu seras beaucoup mieux, lui conseilla-t-elle avec bienveillance.
Je me sentais également coupable de ne pas rester alors que si le supercalculateur avait été rallumé, c'était pour retrouver mon père.
-Je vais rester avec vous pour retrouver Hélèni, et pourquoi pas mon père, décidai-je.
Elle m'adressa alors un tendre sourire.
-Aelita, tu es toujours aussi têtue, à ce que je vois. Je me souviens que Franz avait forte affaire avec toi tellement que tu n'en faisais qu'à ta tête. Tu vas retourner à l'internat, tu vas aller dîner et tu vas passer une bonne nuit de sommeil, pour être en forme demain. Ne t'inquiète pas pour moi, on se voit demain, me réprimanda-t-elle gentiment.
-D'accord, on vous téléphonera demain matin, approuva Yumi.
Nous rentrâmes au lycée dans un silence pesant. La cantine était déjà presque vide, et il nous restait seulement un quart d'heure pour dîner.
-Je n'ai pas faim, soupirai-je.
-Moi non plus, ajouta Odd en secouant la tête.
Il n'avait pas faim, ce qui était très rare, lui qui adorait manger. Nous nous servîmes de soupe aux potirons ainsi que de pain et de fromage, et mangeâmes dans le calme.
-Jérémy, tu veux que je t'aide après ? lui demandai-je en me rapprochant de lui.
-Non, tu peux faire tes devoirs si tu veux, ma puce, je sais que cette année est difficile, me répondit-il doucement.
-Moi je veux bien, intervint Odd.
-Si c'est pour chialer, c'est pas la peine, sinon, tu es le bienvenu, le taquina Jérémy pour lui remonter le moral.
-Alors je reste dans ma chambre, termina Odd.
Ulrich décida de travailler ses cours, il ne tenait pas à se prendre encore des remarques désobligeantes de la part de son père, et Yumi en fit de même.
J'essayai de les imiter, mais j'étais tellement épuisée que je m'endormis sur mon lit comme une masse.
Je me réveillai seulement le lendemain matin et, après avoir pris ma douche, je descendis à la cantine retrouver les autres.
La mine de Odd paraissait toujours aussi déconfite.
-Alors chéri, tu as trouvé le moyen de ramener Hélèni ? lançai-je à Jérémy avant de l'embrasser.
Il secoua la tête d'un air dépité.
-Non, on a retrouvé sa trace mais pas moyen de la ramener pour l'instant, raconta-t-il d'une voix triste.
Il semblait vraiment fatigué de sa nuit blanche et nous devions avoir cours deux heures plus tard. J'admirais sa persévérance mais je m'inquiétais pour sa santé.
-Tu ferais mieux d'aller te reposer avant d'aller en cours, lui conseillai-je en lui caressant la main.
-Il faudrait peut-être téléphoner à Mme Hertz, suggéra Yumi.
Je hochai la tête et composai son numéro. Personne ne répondit, même après plusieurs coups de fils.
-Je ne sais pas ce qu'il se passe, elle ne répond pas, murmurai-je avec inquiétude.
-On va à l'usine ! décida Ulrich.
Nous nous levâmes de table à la hâte pour rejoindre le passage secret en faisant de notre mieux pour ne pas être repérés.
Après, nous fonçâmes jusqu'à l'usine, il n'y avait pas de temps à perdre, nous ne savions pas si Mme Hertz dormait ou s'il lui était arrivé quelque chose de grave.
Une fois au labo, nous la découvrîmes recroquevillée à côté du siège. Je me précipitai vers elle, et remarquai qu'elle s'était évanouie.
-Mme Hertz, c'est Aelita, appelai-je d'une voix douce.
Elle ouvrit péniblement les yeux.
-Aelita, souffla-t-elle.
-Que vous est-il arrivé ? questionna Yumi, alarmée.
-J'ai juste fait un malaise, ça va mieux, essaya-t-elle de nous rassurer.
-Non Madame, ça ne va pas. Vous paraissez étrange depuis quelques temps, et vous avez quitté le collège. Nous aimerions savoir ce qu'il se passe, intervint Jérémy en cherchant à ne pas la brusquer.
Elle toussa un coup.
-Je ne peux rien vous dire maintenant, ça pourrait vous bouleverser. Vous saurez tout quand on aura ramené Hélèni et Franz sains et saufs, promit-elle en se relevant.
-Vous êtes sûre qu'il ne faut pas appeler un médecin ? s'inquiéta Ulrich, le portable en main.
-Non, soyez tranquilles.
Soudain, Jérémy, qui regardait l'écran poussa un cri de joie.
-Elle est là, elle est sur Lyoko ! Je ne sais pas comment vous avez réussi à la ramener, mais merci ! s'écria-t-il en prenant notre prof dans ses bras.
-Mais je n'ai rien fait, je ne comprends pas, répliqua-t-elle confuse.
Je ne comprenais pas non plus comment il était possible qu'elle se retrouve sur Lyoko après une chute dans la mer numérique.
Je décidai de la dévirtualiser pour qu'elle nous raconte tout à son retour.
Nous descendîmes jusqu'à la salle des scanners où elle nous attendait déjà.
-Nini, mon amour ! cria Odd en riant.
Elle se jeta dans ses bras avant de l'embrasser à pleine bouche.
-Merci pour la balade, chuchota-t-elle en passant sa main sur sa joue.
-Comment es-tu revenue sur Lyoko ? s'informa Jérémy, curieux.
-Je ne sais pas trop, quand je me suis retrouvée sur Lyoko, j'ai vu une boule lumineuse brillant de mille feux qui s'éloignait et plongeait dans la mer numérique, expliqua-t-elle en se forçant de se remémorer sa mésaventure.
Mon cœur rata un battement, et Mme Hertz porta sa main à sa tête.
-C'est mon père ! Il est toujours vivant, et il est revenu pour te sauver la vie ! m'exclamai-je, en pleurant presque.
-Je savais que Franz vivait encore, je le sentais, affirma Mme Hertz dans un murmure.
-On va pouvoir le ramener sur Terre, c'est génial. Il suffit de trouver le moyen d'entrer en contact avec lui, à moins qu'il ne le fasse de lui-même, étant donné que XANA est mort. Il faut lancer une bouteille à la mer, ça va marcher, on va matérialiser ton père, s'extasia Jérémy en me prenant par la taille.
-Mais, une fois sur Terre, il faudra bien qu'il vive quelque part, m'inquiétai-je.
-Ne t'en fais pas pour ça, je le logerai dans mon appartement. Je vis seule et je suis propriétaire, ça ne posera pas de problème. Maintenant, je vais m'occuper de le contacter, je vais manger un bout, et je vous rappelle quand j'ai du nouveau. Vous avez cours dans vingt minutes, ne traînez pas. Et Hélèni, mange quelque chose avant d'entrer en classe pour éviter une crise d'hypoglycémie, conseilla-t-elle en se tournant vers la principale intéressée.
C'était ce que j'aimais le plus chez cette prof, elle se souciait du bien-être de ses élèves, et n'hésitait pas à sacrifier son temps voire sa santé pour les autres. En effet, je craignait qu'elle ne nous cache un grave problème de santé.
Nous la remerciâmes et retournâmes au lycée, où je devais avoir cours de maths avec Jérémy et Ulrich. Yumi avait cours d'économie alors que Odd et Hélèni avaient un cours d'atelier d'écriture en français. Aussi tôt le matin, j'aurais largement préféré être à leur place au lieu de me farcir deux heures de maths. Jérémy, lui, adorait plus que tout, par contre, Ulrich, c'était une autre histoire. La terrible pression que son père lui infligeait pouvait le faire avancer contre vents et marées, il craignait d'être expulsé de son seul domicile. Et il aimait sa mère. Il joua nerveusement avec son bic : lui aussi avait hâte de pouvoir délivrer mon père. Toute la journée, je n'avais pas arrêté d'y penser, et j'attendais avec impatience le coup de fil de Mme Hertz.

Code Lyoko - Et MaintenantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant