U : Un Scoop Dévastateur

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En ce début de janvier, j'étais prêt à retourner au lycée. Ma valise était bouclée depuis le début des vacances et je n'attendais qu'une chose : quitter ce foyer malsain. Cependant, les quelques jours passés en Allemagne chez mes grands-parents avaient été une vraie bouffée d'oxygène, car mon père s'était moins préoccupé de ma personne. Il m'avait contraint aux devoirs de vacances mais je commençais à m'habituer à ce rituel. J'avais hâte de retrouver Yumi; lui parler par webcam m'avait été d'une aide précieuse. Elle m'avait présenté ses excuses, nécessaires à la reconstruction de notre relation. Mais je me sentais désolé pour elle qui venait d'apprendre son adoption.
Des fois, il m'arrivait de me dire que j'aurais préféré être un enfant adopté, que le manque d'empathie de mon père à mon égard puisse être la conséquence de la filiation non biologique. Il n'en était rien. Lorsque je sortis de chez moi, je laissai la maison vide et montai dans un bus en direction de la gare. Une fois dans le train, je m'évadai vers des pensées mélancoliques. Six. C'était le nombre de mois qu'il nous restait à passer tous ensemble. Nous allions bientôt quitter ce collège/lycée où nous avions passé les moments les plus forts de notre existence. Fini d'imaginer pouvoir un jour poser à nouveau les pieds sur Lyoko. Une belle aventure avait pris fin trois ans auparavant malgré notre frayeur d'y mettre un terme brusquement. J'aimais bien être un héros qui sauve le monde, je redoutais le fait de me sentir inutile et de ne pas avoir de vrai but dans ma vie au jour le jour. Odd était angoissé à l'idée de tomber dans l'immobilisme. Il adorait l'action et Lyoko présentait un terrain de jeu géant qu'il s'amusait à explorer. Après dix ans passés sur Lyoko, renoncer à son passé fut particulièrement difficile pour Aelita; qui avait perdu son père dans la bataille finale contre XANA et dont l'avenir était son angoisse. Nous étions un véritable pilier pour elle; qui ne connaissait rien au monde humain à son arrivée. Avec le temps, notre amie était même devenue une spécialiste de la remballe de Sissi avec l'aide de Odd. Pourtant, à présent, je n'avais plus envie de la remballer. La nouvelle Elisabeth était une jeune femme agréable et altruiste.
Pour en revenir à l'extinction du supercalculateur, Jérémy craignait par-dessus tout l'abandon. Il pensait que; notre amitié étant liée au supercalculateur ; risquait de s'éteindre à l'extinction de ce dernier. Heureusement, Yumi avait trouvé les mots justes pour le rassurer. Sa position de grande sœur du groupe la poussait à prendre les décisions importantes. C'était donc sans scrupules et sans peur qu'elle avait voté pour l'extinction. William était de son avis, comme il l'avait toujours été.
Ce que j'avais pu être jaloux ! Désormais, c'était égoïste à dire, mais j'avais le champ libre. Même Elisabeth paraissait moins obsédée qu'avant. Il ne me restait plus qu'à la soutenir et à me montrer aux petits soins pour la fille dont j'étais tombé amoureux dès le collège.
Je jetai un coup d'oeil par la fenêtre. Désormais, il faisait nuit noire et seulement quelques kilomètres me séparaient du terminus.
J'avais hâte de retrouver toute la bande afin de profiter à fond de ces derniers mois tous ensemble.
Une fois sorti du train, je remarquai une silhouette féminine qui m'attendait sur le quai. Il s'agissait d'Élisabeth. Je m'avançai vers elle le sourire aux lèvres.
-Salut, comment vas-tu ? lançai-je sur un ton enjoué.
Elle baissa les yeux.
-Je vivote. Je n'ai pas arrêté de penser à William et je suis soulagée de reprendre les cours, répondit-elle l'air hagard.
-Elisabeth, ce n'est pas parce que tu as perdu William que ta vie doit s'arrêter. Si tu ne te bats pas, tu as perdu d'avance ; et je suis sûr qu'il n'aurait pas voulu te voir dans cet état, la raisonnai-je en posant ma main sur son épaule.
Une larme roula sur sa joue.
-Si je ne l'avais pas jeté comme un vulgaire kleenex, il serait peut-être encore de ce monde. Mon égoïsme à outrance a eu raison de lui et je ne me le pardonnerai jamais. Il était si attentionné, se lamenta-t-elle en pleurant de plus belle.
Je la pris doucement dans mes bras pour la réconforter. Je savais qu'elle ne jouait pas la comédie dans le but d'obtenir mon attention ; je la sentais sincère.
-Tu sais, William n'a pas toujours été si gentil. Je ne voudrais pas salir sa mémoire mais ce qu'il a fait à Aelita l'année dernière est impardonnable. Il la harcelait au point qu'elle a tenté de mettre fin à ses jours au début de l'année scolaire. Elle s'est décidée à déposer plainte avec notre soutien. Peu de temps après, William nous quittait, lui révélai-je dans le but qu'elle ne culpabilise pas.
Elle m'adressa un regard interloqué.
-William menait un double jeu ? s'indigna-t-elle.
Je secouai brièvement la tête.
-Ce que j'essaie de te dire, c'est que tu n'es pour rien dans sa disparition. Il a fait ses choix comme un grand et a très probablement lâchement refusé d'en assumer les conséquences. Il ne pouvait nier les faits, la gendarmerie possédait toutes les preuves nécessaires pour le condamner. Et sans son certificat de bonne vie et mœurs, il pouvait faire une croix sur l'armée. Tout ça parce qu'il n'a pas été malin sur ce coup-là, continuai-je doucement.
-Il était un gars très orgueilleux, et il n'aurait pas supporté que sa réputation soit entachée, ajouta-t-elle dans un soupir.
Nous traversâmes la gare bondée jusqu'à la sortie.
-Mon père nous attend, il va nous conduire au lycée, comme ça, tu ne dois pas prendre le bus, m'informa-t-elle.
-C'est sympa de sa part, la remerciai-je gentiment.
Nous arrivâmes à la voiture où le proviseur nous attendait. Je le saluai poliment et grimpai à l'arrière.
Faire le trajet jusqu'au lycée en compagnie de son proviseur fut une expérience relativement étrange pour un élève moyen comme moi. Heureusement pour moi, Elisabeth avait su me mettre à l'aise.
Une fois arrivés, nous nous séparâmes dans nos chambres respectives. Odd n'était pas encore là, la chambre semblait trop ordonnée. Après avoir déposé ma valise, je frappai à la chambre de Jérémy, où personne ne répondit. Quelque chose d'étrange était en train de se produire, les filles non plus n'étaient pas arrivées. Seule Yumi devait arriver le lundi car elle habitait tout près.
Soudain, un bip retentit. Il s'agissait de mon portable. J'avais reçu un message de Jérémy et un message de Odd.
J'ouvris celui de Jérémy :
"Salut, Aelita et moi arriverons seulement demain matin, son vol a été retardé à cause d'une grève."
Cela expliquait pourquoi personne n'était arrivé ; sauf concernant Hélèni.
J'ouvris tout de même celui de Odd :
"Salut mon pote, j'arrive demain, mon vol de cet après-midi a été annulé (la grève). Nini m'a dit que sa mère ne savait pas la conduire aujourd'hui (un problème avec un patient) et il n'y a plus de bus. Je suppose que Jérémy et Aelita ne seront là que demain, du coup, je te souhaite un bon tête à tête avec Sissi (Elisabeth si tu préfères) ;) "
Génial, j'allais passer toute ma soirée en compagnie d'Élisabeth. Mais finalement, ce n'était pas plus mal. La présence de Yumi m'aurait mis mal à l'aise ; Odd et Hélèni auraient encore lâché des vannes douteuses et Jérémy et Aelita nous auraient observés du coin de l'œil. Cela représentait une occasion de mieux la connaître.
Je jetai un coup d'œil à mon portable qui indiquait presque dix-neuf heures. Le repas allait bientôt être servi et je me dirigeai vers la cantine où je retrouvai Elisabeth. Je me servis de pain, de fromage, de charcuterie, d'une salade, de beurre et de confiture avant de m'asseoir. Sa maigre assiette de salade trônant fièrement sur un plateau vide attira mon attention.
-Tu ne manges que ça ? demandai-je, perplexe.
-Oui, on est au soir et je suis en plein régime, m'avoua-t-elle tout bas.
-On a beau être au soir, ce n'est pas une raison pour te sous-alimenter. Et tu n'as pas besoin de faire un régime, tu es très bien comme tu es, la conseillai-je en effleurant sa main.
Elle rosit légèrement.
-Tu es sûr ? bafouilla-t-elle, gênée.
-Absolument.
Mon regard se posa sur l'une des tables voisines. Hervé paraissait en grande conversation avec deux autres élèves de notre année, dont Mathias Bonin, alias le maladroit qui avait sali sa veste en labo de chimie au début de l'année scolaire.
-Hervé s'est trouvé des potes ? Il me semblait qu'il était en froid avec Mathias, m'étonnai-je les sourcils froncés.
-J'avoue que Hervé a mal supporté la grosse tache sur son blouson. Mathias l'a pris à la rigolade et Hervé a fini par en rire lui aussi, m'expliqua-t-elle en souriant.
Je lui donnai un morceau de pain ainsi qu'un peu de fromage et de jambon. Nous préparâmes des pistolets que nous mangeâmes avec avidité.
Après ce repas, nous passâmes la soirée à jouer au ping-pong au foyer. Finalement, je l'aimais bien, Elisabeth. Elle n'avait rien à voir avec la personne perfide et manipulatrice qu'elle avait pu être jadis.
Au couvre-feu, je m'allongeai dans mon lit, au calme, sans Odd pour jouer sur sa console et chantonner jusqu'à pas d'heure.
Je fus réveillé à sept heures par mon ami qui venait installer sa valise.
-Ulrich, réveille-toi, Yumi sort avec Jules Godfrind ! s'écria-t-il dans mon oreille.
Je me réveillai en sursaut, sonné.
-Quoi ?!
-Relax, c'était pour que tu te lèves, me rassura-t-il l'air satisfait de son effet.
-Très drôle, je vais prendre ma douche, ironisai-je.
Une fois lavé et habillé, je descendis prendre mon petit-déjeuner. J'eus l'agréable surprise de voir Jérémy m'attendre avec les filles. Odd descendit à son tour.
Chacun raconta ses vacances ; j'appris que Odd avait réussi à rabibocher Hélèni et son père à la Réunion, qu'il avait sauvé un gamin de la noyade et qu'un requin avait failli avoir raison de lui. Hélèni conta les soirées passées avec sa cousine très immature et un peu folle. Yumi expliqua ses vacances au Japon, la découverte de son adoption, et son frère qui l'espionnait sans retenue. Elisabeth, qui prenait son petit-déjeuner avec nous; avait passé les fêtes à Saint-Sauveur-de-Bergerac ; en Aquitaine, où son père avait grandi. Ses parents étant divorcés, elle avait vu sa mère pendant trois jours, qui vivait à Neuilly-sur-Seine.
Jérémy et Aelita ; quant à eux; avaient divisé leurs vacances entre la France et la Suisse. Le reste de la famille de Jérémy avait rejoint la villa au bord du lac Léman où tout le monde s'était retrouvé collé serré.
Cette première journée de cours fut pénible. Tout d'abord, deux heures de maths sur les fonctions cyclométriques ; ensuite deux heures de biologie génétique ; et puis une heure de français sur la critique des médias ; une heure d'histoire sur l'Allemagne nazie et une heure d'anglais. Mais ce n'était rien comparé au lendemain. En effet, le journal du lycée, "Les Échos de Kadic", venait de paraître en matinée.
Partout où je passais, des élèves me pointaient du doigt en riant, et je me rendis compte que Elisabeth subissait la même chose.
Soudain, Odd et Hélèni m'accostèrent tout sourire, le journal en main.
-Hé Ulrich, quand je te disais un tête à tête avec Sissi, c'était pour te faire aller, rigola-t-il à gorge déployée.
Je compris tout doucement pourquoi j'étais pointé du doigt.
-Quoi ?! Passe-moi ça ! maugréai-je en lui arrachant le journal des mains.
En première page, une photo de moi effleurant la main d'Élisabeth trônait majestueusement. Dire que je n'avais pas vu que Tamiya ou Milly prenait une photo !
Je redoutais déjà la réaction de Yumi.
-On n'est pas en couple ! Elle était triste et je l'ai réconfortée ! me justifiai-je, cramoisi.
-Pourtant, la photo nous montre le contraire, me taquina Hélèni.
Je soupirai.
-Écoutez, il ne faut pas que le journal tombe entre les mains de Yumi, sinon, c'est la catastrophe, elle va encore me faire une scène de jalousie, m'emportai-je tout en essayant de me détendre.
À ce moment, Elisabeth s'incrusta, indignée par cet article sur nous.
-Cette fois, elles vont m'entendre ! Elles dépassent les bornes, et je vais en parler à mon père ! s'énerva-t-elle les joues en feu.
Les deux filles passaient justement par-là.
-Milly ! Tamiya ! Venez ici tout de suite ! C'est quoi ça ?! tonna mon amie en leur mettant le journal sous le nez.
-C'est un scoop, Sissi, la nargua Milly.
-Je ne veux plus que tu m'appelles Sissi ! J'ai changé ! répliqua cette dernière.
-Ce n'est vraiment pas drôle. Nous sommes juste amis, ajoutai-je avec un regard autoritaire.
-Vous n'en n'aviez pas l'air, se moqua gentiment Tamiya.
-Écoutez-moi bien, vous deux ! Je n'ai jamais été en couple avec Ulrich, et je ne le serai jamais. Il aime quelqu'un dont je ne citerai pas le nom. Quant à moi, j'aimais William et j'ai fait l'erreur de m'en séparer. Et si vous recommencez, mon père se fera un plaisir de vous remonter les bretelles ! rétorqua Elisabeth en les pointant du doigt.
-Du calme, on ne le refera plus, promit Milly d'un air penaud.
-Excusez-nous, renchérit son amie.
Elles se dirigèrent vers les dortoirs.
-Dis-donc, tu n'y as pas été un peu fort ? demanda Hélèni à Elisabeth.
-Non, il faut qu'elles comprennent qu'il ne faut pas jouer avec les sentiments des gens, répondit-elle en secouant la tête.
-Et c'est toi qui dis ça, railla Odd.
Je jetai un coup d'œil par-dessus mon épaule. Hiroki et ses potes avaient maté toute la scène. J'étais sûr que Yumi allait bientôt se ramener dans une colère noire, probablement en compagnie de Jérémy et Aelita.
Fort heureusement, la sonnerie me sauva et je me rendis en labo de chimie où je retrouvai Aelita et Jérémy.
-Yumi est vénère, on a beau lui répéter que tu n'es pas en couple avec Elisabeth, elle ne veut rien entendre parce qu'elle a vu la photo, me glissa discrètement Aelita.
-Je comprends, je réagirais de la même façon si les rôles étaient inversés. Mais ce n'est qu'une très grosse méprise, soupirai-je.
-On le sait bien, Ulrich, ne t'inquiète pas. Ne te montre pas trop proche d'Élisabeth, surtout si Yumi est dans les parages, me conseilla mon ami.
-Je me doute. L'idéal serait que Elisabeth sorte avec quelqu'un, ainsi, Yumi serait sûre que l'on est juste amis. Il y a Hervé mais elle ne le trouve pas attirant, confirmai-je en me grattant le menton.
Ce dernier, bien trop occupé à rédiger son rapport avec soin, ne se doutait de rien.
Soudain, le prof de chimie nous rappela à l'ordre en nous menaçant de nous envoyer chez le proviseur. Un classique pour nous, qui avions séché pas mal de cours lors de la lutte contre XANA.
Je regardai ma montre : encore une heure avant le goûter ; avant que Yumi vienne me sermonner. À moins qu'elle ne me parle même pas; ce qui était très possible vu sa colère contre Elisabeth et moi.
À la fin des cours, nous retrouvâmes Odd et Hélèni. À son tour, Elisabeth rejoignit la bande pour le goûter. J'aperçus Yumi au loin, la mine fermée et; au lieu de s'installer à notre table, elle se dirigea vers celle de Caroline, Alizée et Marie-Morgane de Bonneval.
Elles paraissaient amusées, presque plus que notre bande.
-Je crois que Yumi va te donner du fil à retordre, me taquina Odd.
-Arrête Odd, Yumi fréquente d'autres personnes, elle ne veut plus passer du temps avec nous, c'est grave, le rabroua Aelita d'un air triste.
-Avec moi, rectifiai-je en levant la main.
-Yumi fréquente qui elle veut, intervint Elisabeth.
-Oui, mais elle ne nous adresse pratiquement plus la parole parce qu'elle ne veut pas être avec Ulrich, expliqua Hélèni la bouche pleine.
-J'ai peur qu'elle ne parte définitivement. On a passé des années ensemble, et là, il faut faire quelque chose. Ulrich, il faut absolument que tu lui parles si tu ne veux pas la perdre, me conseilla Jérémy en posant chaleureusement sa main sur mon épaule.
-Pour lui dire quoi ? répliquai-je, confus.
-Dis-lui la vérité, ce que tu ressens, dit simplement Aelita.
Du coin de l'œil, je vis Elisabeth approuver; chose qu'elle n'aurait jamais fait quelques mois auparavant.
J'attendis qu'elle soit seule. Il fallut presque une heure pour pouvoir lui parler car Marie-Morgane resta longtemps à table avec elle.
Je me raclai la gorge et fis quelques pas vers elle.
-Yumi, je sais ce que tu ressens et je suis désolé, m'excusai-je en baissant la tête.
Elle se leva, telle une furie.
-C'est tout ce que tu as à dire ?! Que tu es désolé ?! Tu ne sais pas ce que je ressens ! Je pensais te connaitre, te faire confiance, que l'on pourrait être un peu plus que "copains et c'est tout" ! Mais non, je me suis trompée sur toi. Tu préfères Elisabeth ? Libre à toi de l'aimer et d'être en couple avec; mais assume et dis-le moi au moins, histoire que je ne me fasse pas d'illusions, s'exclama-t-elle les larmes aux yeux.
Ses déclarations me foudroyèrent sur place. Elle croyait vraiment qu'il y avait quelque chose de fort derrière mon geste envers sa rivale.
J'essayai d'apaiser les choses, sur un ton calme :
-Je ne suis pas amoureux d'elle. Nous ne sommes pas ensemble ; même si cette photo peut laisser croire le contraire. Je l'ai juste réconfortée. Depuis la mort de William, elle désespère et se sent responsable. Elle a perdu toute confiance en elle et je voulais juste qu'elle se sente soutenue dans sa peine.
Elle me lança un regard aussi noir que ses cheveux.
-Ulrich, comment veux-tu que je te fasse confiance ?! Les photos ne peuvent pas mentir. Il s'agit d'un geste que l'on retrouve dans les codes d'une relation amoureuse, hors, je sais que Elisabeth en pince pour toi depuis l'enfance, se lamenta-t-elle sur un ton cassant.
-Et qu'est-ce que je devais dire, moi ?! Tu as quand même embrassé William si je ne me trompe; et il est quand même l'ex d'Élisabeth, ripostai-je de plus en plus énervé.
-Laisse les défunts en-dehors de tout ça, Ulrich ! Il s'agit de nous; et c'est très difficile pour moi de découvrir des clichés pareils. Je dois réfléchir à tout ça, il vaut mieux que tu restes loin de moi, conclut-elle avant de me planter là pour rejoindre sa chambre.
Elle ne dîna pas en notre compagnie au profit de Marie-Morgane et Caroline, qui étaient internes.
Nous dînâmes dans une atmosphère plus que lourde, où personne n'osait prononcer son nom. Un peu comme Voldemort.
Après le dîner, Hélèni rejoignit Aelita dans sa chambre tandis que Jérémy préférait réviser pour une prochaine évaluation.
Elisabeth, quant à elle, imita ce dernier car son père avait renforcé ses exigences.
Au lieu d'aller faire un tour au foyer, Odd et moi restâmes dans la chambre à papoter.
-Tu as su parler à Yumi ? s'informa-t-il.
Je poussai un soupir.
-Oui, et elle était furieuse. Elle pense vraiment que je sors avec Elisabeth, c'est la galère. Elle ne me fait plus confiance et m'évite. Elle a choisi de traîner avec des filles, ce qu'elle ne fait jamais mis à part avec celles de notre groupe. Elle a énormément changé, je ne la reconnais plus, répondis-je en ouvrant une canette d'Oasis.
-Ne t'en fais pas, je suis sûr que ça va s'arranger. Elle se lassera de ces filles et elle reviendra vers toi. Elle parle toujours à Hélèni et Aelita ; mais il y a des choses qu'elles refusent de me dire, me consola-t-il d'un air navré.
-Je l'espère. Ce serait bête de gâcher des années d'amitié pour une vulgaire photo, approuvai-je avant de me glisser dans mes draps.
Odd éteignit la lampe.
-Bonne nuit, vieux, me dit-il.
-Bonne nuit, gros, répondis-je en retour.
Je fermai les yeux et songeai à Yumi, que je pensais avoir définitivement perdue.

Code Lyoko - Et MaintenantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant