J : Si tu restes

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Cela faisait maintenant deux bonnes semaines que nous étions entrés en Terminale et Aelita donnait très peu de nouvelles. Je ne connaissais pas la raison de cette distance et cela me faisait un peu mal quand même. Il y avait la vie avec Aelita et la vie sans. J'essayais de m'habituer à cette nouvelle vie sans grande conviction. Je me souvins de ma première discussion avec elle, sur Lyoko. Dire que je pensais qu'elle n'était qu'une intelligence artificielle ! Non, elle était une femme, magnifique de l'intérieur et de l'extérieur, pour moi elle était ma femme. J'avais un peu peur qu'en changeant de lycée, elle tombe amoureuse d'un autre mais je pouvais lui faire confiance sur ce point. Je songeai également à son arrivée sur Terre, elle paraissait si perdue, pour le coup, c'était à mon tour d'être perdu.
Je jetai un œil par la fenêtre de la bibliothèque où je travaillais les maths. Dehors, le soleil brillait encore, il était seulement seize heures trente. Les autres étudiaient aussi, tous séparés, à des tables différentes.
Soudain, la sonnerie de mon téléphone vint perturber cet équilibre.
-Allô Jérémy ? C'est Anthéa, fit une voix féminine assez nerveuse.
Je fus surpris par son appel et je pris peur tout d'un coup, il devait être arrivé quelque chose là-bas.
-Anthéa ? Il se passe quelque chose ? m'informai-je, tremblant.
-Oui, c'est Aelita, elle...
-Quoi Aelita ? Allez-y, je dois savoir, insistai-je en panique.
-Elle s'est taillé les veines, souffla-t-elle péniblement.
Ce fut le choc pour moi. Pourquoi ? Allait-elle survivre ?
-Quoi ?! m'écriai-je, si bien que les élèves du bout de la bibliothèque pouvaient l'entendre.
-Quant je suis rentrée des courses, je l'ai trouvée inconsciente dans sa chambre. Le sol était couvert de sang et j'ai appelé l'ambulance. Ils l'ont emmenée au Grand Hôpital de Lausanne aux soins intensifs. Elle est entre la vie et la mort, on ne sait pas si elle va survivre. Pourquoi a-t-elle fait ça ? J'espère que ce n'est pas à cause de moi, sanglota-t-elle.
-Mais non, il doit y avoir une autre raison. Écoutez, je vais me débrouiller pour prendre un avion pour Genève, décidai-je.
-J'irai te chercher à l'aéroport, envoie-moi un message, prévint-elle.
Je raccrochai, encore sous le choc et repensai à son appel. Un appel d'adieu. J'aurais dû m'en douter, mais là, j'avais complètement foiré.
Je prévins les autres et tout le monde se réunit sous les arcades, les larmes aux yeux.
-Qu'est-ce qui lui a pris ? se demanda Odd.
-Je n'en sais rien, mais je vais me rendre en Suisse pour aller la voir et enquêter, expliquai-je.
-Tu vas partir ? s'étonna Hélèni.
-Je dois y aller, c'est peut-être la dernière fois que je pourrai la voir, je dois être là.
-Si tu veux, je peux emprunter la voiture de ma mère pour te conduire à l'aéroport, je viens d'avoir mon permis, me proposa Yumi.
-Ce ne sera pas de refus, acceptai-je avec un sourire.
-Et nous, on vous couvre, on trouvera une excuse, ajouta Ulrich.
Yumi et moi sortîmes du lycée pour aller chez elle où nous retrouvâmes sa mère. Hiroki n'était pas encore rentré et son père non plus.
-Maman, Maman, Aelita a fait une tentative de suicide, elle va peut-être mourir ! cria Yumi en pleurs lorsqu'elle ouvrit la porte.
Akiko la prit dans ses bras pour la réconforter et m'invita à venir aussi.
-Oh ma chérie, je suis désolée.
-Je peux emprunter ta voiture pour conduire Jérémy à l'aéroport ? Il veut aller la voir à l'hôpital, demanda-t-elle.
-Non, je préfère le conduire moi-même, je laisserai un mot pour Hiroki et ton père, refusa-t-elle gentiment.
Elle écrivit un mot et nous montâmes dans la voiture avec Yumi.
-Tu as une autorisation du lycée ? s'informa sa mère.
-Non, mais là, je ne peux pas la laisser, répondis-je toujours aussi agité.
-Et tu as de l'argent ?
-J'ai ma carte de banque.
À cette heure, il y avait peu d'embouteillages en allant vers Paris, mais c'était plutôt pour ceux qui en revenaient.
On arriva vite à l'aéroport où je dis au revoir à Yumi et sa mère.
J'avais relativement peu de bagages avec moi, juste un sac de voyage avec le nécessaire et mon pc, donc je pus le mettre en cabine. J'avais pu acheter mon billet sur place et non par internet, c'était facile, et après avoir mangé un sandwich vers dix-neuf heures, j'embarquai. Je savais qu'au lycée, tout le monde allait se poser des questions et je m'en fichais. Aelita était plus importante. J'avais également dû pirater le système informatique afin de modifier mon âge. L'avion décolla lentement et je me laissai aller au souvenir de ma première fois avec elle. J'avais découvert son corps après avoir apprivoisé son esprit, et tout m'avait semblé si merveilleux. Mais là, je l'imaginais sur un lit, mourante, car c'était probablement ce que je verrais à mon arrivée.
Une fois arrivé, Anthéa vint me chercher au terminal où elle me prit dans ses bras.
-Jérémy, je suis tellement contente que tu sois là. Si seulement ta présence pouvait réveiller Aelita, soupira-t-elle.
-Je crois qu'on devrait y aller.
Nous roulâmes jusqu'à Lausanne, où les médecins nous avaient exceptionnellement autorisé de la voir hors des heures de visite.
Lorsque je la vis allongée sur ce lit, les bras couverts de pansements, branchée et intubée, je ne pus m'empêcher de m'effondrer dans les bras de sa mère.
-Que va-t-elle devenir ? Et si elle ne s'en sortait pas ? m'affolai-je avec une larme coulant sur ma joue.
-Je ne sais pas, j'espère juste qu'elle va se réveiller, me chuchota-t-elle.
Je m'approchai du lit et caressai ses magnifiques cheveux roux.
-Mon amour, c'est fini, je suis là, murmurai-je à son oreille.
Elle n'ouvrit pas les yeux, à mon grand désespoir.
-J'aimerais passer la nuit avec elle, déclarai-je.
-Tu es sûr ? Une personne seulement a le droit de passer la nuit ici, s'assura sa mère.
-Oui, je veux être près d'elle, et puis, vous pourrez vous reposer chez vous pour revenir demain, affirmai-je d'un air décidé.
-Bon, comme tu veux.
À ce moment, un médecin âgé d'une trentaine d'années entra dans la chambre et fit quelques examens.
-Son état ne s'améliore toujours pas, son pouls est très faible. Honnêtement, je préfère ne pas me prononcer quant à sa survie, mais on fait de notre possible. Et vous n'avez aucune idée de la raison de son acte ? expliqua le médecin avec compassion.
-Non, du tout. Elle paraissait heureuse d'être ici, et elle contactait régulièrement ses amis, elle avait d'ailleurs prévu de les inviter pendant les vacances, raconta Anthéa.
-Bon, en tous cas, je ne sais pas qui passe la nuit, mais il va falloir la laisser, nous pressa le médecin.
-C'est moi, Docteur, je suis son petit-ami, dis-je.
-Bien, alors je vous laisse.
Une fois le médecin parti, Anthéa embrassa sa fille avant de retourner chez elle.
-Veille bien sur elle, me recommanda-t-elle.
Une fois seul avec, je m'assis sur le fauteuil à côté de son lit et lui caressai le visage du bout des doigts.
-Qui t'a donné l'idée de faire ça, mon ange ? Tu sais, ça me fait très mal de te voir comme ça. J'aimerais tellement être avec toi au bord du lac à regarder le soleil se coucher. Je pourrais embrasser tes lèvres soyeuses et te faire l'amour comme tu aimes. Si tu restes, on pourra faire toutes ces choses, chuchotai-je tout bas.
J'aurais tellement aimé entendre le son de sa voix mais à la place, seul le vide me répondait.
Je finis par m'endormir d'épuisement mais un biiip me réveilla au milieu de la nuit.
-Aelita ! Vite un médecin ! hurlai-je, désemparé.
Son cœur venait de lâcher, elle s'éteignait.
Le médecin de la soirée et deux infirmières arrivèrent en trombe avec un défibrillateur.
-Son cœur vient de s'arrêter ! m'exclamai-je à leur attention.
-Oui, on va tout mettre en œuvre pour le faire repartir, assura-t-il.
Il commença à utiliser le défibrillateur. Une fois. Deux fois. Trois fois. Mes jambes ne me portaient plus, je la sentais s'éloigner inexorablement.
Soudain le bip repris, régulier cette fois.
-Son cœur repart ! Elle est sauvée, pour le moment, affirma le médecin.
Je fus soulagé, elle vivait, c'était la seule chose que je demandais.
Je ne réussis pas à m'endormir à nouveau après cet événement. Je devais veiller sur elle, et j'avais peur que cela ne se reproduise.
Je jetai un regard vers ses affaires. Sa mère les avait amenées pour quand elle se réveillerait. Une idée me vint en tête, il fallait que je fouille son téléphone pour trouver un indice. Je cherchai après dans ses affaires et n'eus aucun mal à mettre la main dessus.
-Désolé ma princesse mais je dois savoir pourquoi tu es ici, chuchotai-je.
Je poussai sur le bouton central : par chance, il était allumé et elle n'avait pas de code. Il y avait un message entrant de la part de William, ce qui m'étonna, il me semblait qu'elle ne l'appréciait pas beaucoup. Je l'ouvris et ce fut l'horreur.
" Sale pute, si tu ne me suces pas, je balance tout sur ton passé, sur Lyoko et Jérémy. Allez, ça ne doit pas être dur, tu as sûrement déjà sucé Jérémy, avoue-le"
Je fus choqué par ce message, à cause de lui, j'allais peut-être perdre Aelita. Comment pouvait-il la dégrader comme ça, être si ignoble ? Moi qui pensais qu'il aimait Yumi, je savais qu'il faudrait tout lui dire. Je remontai l'historique des messages.
" J'aime tes seins, certes sûrement moins gros que ceux de Yumi"
" J'ai envie de te prendre tout de suite, et tu verras, tu vas aimer. Après ça, tu ne voudras plus de Jérémy et de sa petite bite"
"Quand Jérémy saura que tu te tapes quelqu'un d'autre, il te jettera, sale traînée"
" Bientôt, tout le monde saura d'où tu viens, ce n'est qu'une question de temps"
Comment pouvait-il croire une seconde que je pourrais abandonner Aelita ? Et pourquoi tous ces messages dégueulasses ? Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? Et cette histoire de petite bite, d'une bassesse, je n'avais eu aucune difficulté à amener ma femme au septième ciel. J'avais juste envie lui régler son compte à cette raclure de William, je devais protéger ma copine coûte que coûte, et là, j'avais l'impression d'avoir échoué. Je ne me serais jamais pardonné sa mort, elle devait vivre. William était aux États-Unis, il avait trouvé la combine pour ne pas se faire régler son compte ou attaquer en justice. Mais aller en justice signifiait également la révélation du secret d'Aelita, et il n'allait pas se gêner pour tout raconter. Mais ce qu'il oubliait, c'était que, de toutes façons, il était mêlé à cette histoire et serait entraîné dans notre chute s'il disait quoi que ce soit.
Après, il faudrait que je montre les messages à sa mère et je savais que cela lui ferait de la peine. Je devrais aussi prévenir les autres du problème, et je savais que ça allait encore plus énerver Ulrich, quant à Yumi, j'ignorais sa réaction.
Je réussis péniblement à retrouver le sommeil, jusqu'à l'arrivée d'Anthéa. Je redoutais ce moment.
-Alors Jérémy, bien dormi ? me lança-t-elle.
Je fis une grimace :
-Pas vraiment. On a failli perdre Aelita cette nuit, son cœur s'est arrêté.
Elle poussa un cri d'effroi.
-Mais maintenant elle est stabilisée, la rassurai-je tant bien que mal.
Elle me montra un sac dont elle sortit de quoi prendre un petit déjeuner : du pain, du beurre, de la confiture et du fromage.
Nous nous installâmes à la petite table de la chambre et je me lançai :
-Cette nuit, j'ai fouillé son téléphone pour trouver des réponses. Elle était harcelée, l'informai-je.
Anthéa s'arrêta de manger, la mine figée :
-Quoi ?! Par qui ? s'écria-t-elle, confuse.
-Par un gars qui traînait avec nous, William. Il lui envoyait des messages. Pourtant je n'aurais jamais cru ça de sa part, expliquai-je.
Elle inspira un coup avant de me poser l'ultime question :
-Je peux les voir ?
Je m'exécutai et elle fut si choquée qu'elle fondit en larmes.
-Aelita, ma petite fille,... sanglota-t-elle.
Elle reprit d'une voix déterminée :
-Je vais porter plainte contre cette raclure.
-Je préfère que nos amis et moi nous en chargions, on vit en France, ce sera beaucoup plus facile, la raisonnai-je.
Elle opina et nous continuâmes de manger. Après avoir caressé le doux visage de mon ange, j'envoyai un message à Ulrich.
"Aelita ne s'est pas encore réveillée. On peut s'appeler par Skype vers vingt heures ? On doit parler de quelque chose d'important."
Ensuite, je passai un coup de fil à mes parents pour les prévenir.
-Allô Maman ?
-Ah, Jérémy, comment vas-tu ? s'inquiéta-t-elle.
-Je suis en Suisse.
-En Suisse ?! cria-t-elle, surprise.
-Oui, c'est Aelita. Elle s'est taillé les veines et elle est dans le coma. J'attends qu'elle se réveille, expliquai-je.
-Mon dieu ! Mais c'est absolument affreux ! Pauvre petite !
Je pleurais au téléphone.
-Maman, j'ai peur de la perdre, je ne le supporterai pas, avouai-je en tremblant.
-Écoute, tu es près d'elle ? me questionna-t-elle.
-Oui, pourquoi ? répondis-je sceptique.
-Alors, je suis sûre qu'elle t'entend et qu'elle ne va plus tarder à s'éveiller. Elle sait à quel point tu l'aimes et à quel point votre histoire est importante à ses yeux, m'assura-t-elle.
-J'aimerais tellement que ce soit vrai, murmurai-je plein d'espoir.
Je plongeai mon regard sur elle, elle paraissait si vulnérable.
-Elle est si belle, j'ai l'impression que je n'aurai jamais assez d'une vie pour la protéger du monde extérieur et pour lui donner tout cet amour que j'ai pour elle, soupirai-je.
-Tu vas y arriver et elle va vivre, je te le jure.
Je raccrochai et m'aperçus qu'Ulrich avait approuvé mon message. La voix d'Anthéa me fit sursauter, elle était partie jeter quelque chose.
-Ce que tu as dit m'a énormément touchée, je ne pensais pas que votre amour était si fort, déclara-t-elle admirative.
-Aelita est si indescriptible, incroyable, que je ne peux que l'aimer.
Elle me prit dans ses bras et le médecin arriva.
-Bonjour Madame, cette nuit, on a eu une grosse frayeur, la salua-t-il.
-Oui, je sais, Jérémy m'a expliqué, affirma-t-elle.
Il refit la batterie d'examens de la veille.
-Son état semble stable mais ne s'améliore toujours pas. Si ça continue, il faudra songer à la débrancher, annonça le docteur.
Ce fut comme un coup de massue. La débrancher pour la perdre ? Pas question.
-Vous n'êtes pas sérieux j'espère ?! Ma fille vivra, soyez-en sûr ! répliqua Anthéa sur un ton très dur et les yeux lançant des éclairs.
Le médecin sortit sans un mot et nous laissa, abattus.
-Je crois que la meilleure chose à faire serait de rentrer à Vevey en fin d'après-midi pour dîner et dormir correctement. Tu n'as pas bien dormi et tu ne tiendras pas longtemps comme ça, conseilla-t-elle.
-Mais je veux rester près d'elle au cas où elle se réveillerait ! protestai-je, sûr de moi.
-Non, tu sais, j'aimerais aussi mais on doit reprendre des forces, alors tu dormiras à la villa et je préparerai le repas, décida-t-elle sans que je puisse dire autre chose.
Anthéa pouvait être à la fois douce comme sa fille et piquante. Une vraie femme de caractère qui savait mener les gens à la baguette, pas étonnant en tant que prof.
Avant de retourner à Vevey, j'adressai tendrement un dernier mot à Aelita :
-À bientôt mon amour, je reviens vite te voir. Réveille-toi dès que tu sais, Princesse, je t'attends.
Sur ce, nous prîmes la route en direction de la villa. Elles habitaient une jolie villa dans un coin très agréable, à l'Avenue du Major Davel, qui pouvait donner une vue sur le lac.
Nous entrâmes et elle me guida jusqu'à la chambre d'amis, juste en face de celle d'Aelita. Chambre relativement grande dans laquelle je déposai mes affaires.
Ensuite, j'entrai dans sa chambre pour voir dans quoi elle vivait. Quelques traces de sang coagulé demeuraient encore sur le carrelage et cela me fit mal au cœur. Son lit n'avait pas été refait, et quelques vêtements traînaient encore sur la chaise près du bureau. Je plongeai mon nez dans sa blouse afin d'humer son parfum, peut-être pour la dernière fois. C'était pour moi, les meilleurs effluves du monde. Un soutien-gorge attira mon attention et je le saisis. 85B. Et elle le portait à merveille. Je repensai au message de William, quel culot de parler de ses seins, qu'il n'a jamais vu et ne verra jamais. J'étais le seul à pouvoir la toucher et je n'allais pas le laisser faire.
Je décidai de rejoindre Anthéa au rez-de-chaussée pour l'aider à faire la cuisine. Elle s'affairait justement à couper des tomates.
-Attendez, je vais vous aider, intervins-je.
-Merci Jérémy, c'est gentil de ta part. Tu peux laver la salade, et me tutoyer par la même occasion, me remercia-t-elle.
-Ok, je te fais ça tout de suite. Et on mange quoi à part la salade ? demandai-je en retour.
-Du riz et un morceau de poisson, c'est rapide et bon pour le cerveau, c'est bien pour les génies comme toi.
Je souris à sa remarque, elle disait toujours des phrases sensées, encore une preuve de son intelligence, sa fille avait de qui tenir. Nous partageâmes un moment complice, et une fois le repas prêt, nous passâmes à table.
-Et bien, tu es un vrai cordon bleu, me complimenta-t-elle avec un sourire.
-J'avais déjà l'habitude de cuisiner avec Aelita pendant les vacances.
-En tous cas, Aelita a beaucoup de chance d'être avec toi, tu es le gendre idéal, ajouta-t-elle.
Après, je fis la vaisselle et montai dans ma chambre pour appeler les autres.
Je m'assis sur le lit, l'ordinateur sur les genoux. Il étaient tous réunis dans la chambre des garçons, impatients d'avoir des nouvelles.
-Salut Jerem', ça va, tu tiens le coup ? s'inquiéta Ulrich.
-J'essaie. Elle n'est pas encore réveillée, même que les médecins pensent la débrancher, expliquai-je.
-Quoi ?! La débrancher ! J'y crois pas ! Ils sont médecins ou non ?! Leur boulot c'est de la soigner ! s'indigna Odd, désemparé.
-De toutes façons, s'ils n'ont pas l'autorisation de la famille, ils ne peuvent pas le faire, le rassura Hélèni.
-Ce que j'ai à vous dire est bien plus grave. Elle était harcelée sexuellement, déclarai-je avec tristesse.
Ils me regardèrent surpris.
-Mais, par qui ? se demanda Ulrich.
-William, soufflai-je.
-Quoi ?! Mais c'est impossible ! Il ne ferait jamais ça ! Et puis c'est moi qu'il aime, il me l'a dit ! Il m'a embrassée ! s'emporta Yumi, en colère.
Ulrich tomba des nues et se figea.
-Je devais m'en douter qu'il se passait un truc entre vous ! Tu m'as menti, et ça, ça me dégoûte. Comment as-tu pu faire une chose pareille ?! J'ai envie de lui casser la figure, non mais tu te rends compte ?! Il a failli tuer Aelita ! riposta-t-il fou de rage.
-Arrête Ulrich ! J'avais pas forcément envie qu'il m'embrasse. Et puis, il n'a pas tué Aelita ! répliqua-t-elle toujours aussi en colère.
-Bon, les gars, c'est bon là, de toutes façons, j'ai vu les messages sur son téléphone, les raisonnai-je.
-Qu'est-ce qu'on va faire ? se lamenta Odd.
-Facile, on va déposer plainte à la police, répondit Hélèni.
-Moi, je serais d'avis que l'on attende le retour de Jérémy et Aelita pour le faire, intervint Ulrich.
-Mais on ne sait même pas si Aelita va vivre, Jérémy l'a dit ! protesta Odd.
Mon sang ne fit qu'un tour :
-Odd, ne répète plus jamais ça. Aelita vivra, et je resterai avec elle tant qu'elle aura besoin de moi.
-Et moi, je préfère attendre le retour de William, pour m'expliquer clairement avec lui, et d'aller porter plainte après, suggéra Yumi.
-Pour que vous terminiez dans le même lit ? railla Ulrich, sarcastique.
-T'es malade ou quoi ?! Je n'ai aucune intention de faire quoi que ce soit avec lui, surtout depuis ce qu'il a fait à Aelita ! s'énerva-t-elle.
-Au fait, où es-tu ? me demanda Hélèni.
-Chez Aelita, sa mère a décidé de m'héberger après avoir passé une nuit à l'hôpital.
-Alors, on va te laisser te reposer, décida Yumi.
Après l'appel, je m'effondrai sur le lit. J'imaginais Aelita couchée, là, à côté de moi à plonger son regard dans le mien. Je dus me confronter à l'abominable vérité, elle n'était plus là. Je voulais tellement l'avoir près de moi et pouvoir la toucher, l'embrasser, lui faire l'amour comme elle me le demandait si bien, je voulais seulement qu'elle soit ma femme.
Je m'endormis comme une masse et le lendemain, retour à l'hôpital. Elle n'était toujours pas réveillée et je savais que les médecins nous presseraient de plus en plus pour la débrancher afin de libérer une place pour un autre patient. Ils devraient me passer sur le corps pour le faire, Aelita était une guerrière, jamais elle n'abandonnerait, elle s'accrocherait à la vie, j'en étais certain, et je devais lui donner la force de se réveiller.
Je me plaçai derrière sa tête pour lui masser le crâne et déposai un doux baiser sur ses beaux cheveux que j'aimais tant.
-Alors mon ange, comment te sens-tu ? Tu vas bientôt ouvrir les yeux ? N'aie pas peur, je suis près de toi, je ne te laisserai jamais tomber, et ta mère non plus. Je t'aime, chuchotai-je à son oreille.
Des infirmières qui passaient furent attendries :
-Ça ce voit que vous l'aimez, c'est extraordinaire, je vois rarement des choses comme ça.
Quelques larmes perlèrent sur les joues d'Anthéa. Elle avait si peur de perdre sa fille à nouveau, et je ne pouvais même pas la rassurer en affirmant qu'elle allait vivre.

Code Lyoko - Et MaintenantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant