H : Weilan la cinglée

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Après un long trajet en avion, nous arrivâmes à Saint-Denis, la ville principale de la Réunion. Ma mère n'avait pas rechigné à ce que Odd nous accompagne pour passer les Fêtes avec nous. À vrai dire, cela lui faisait plaisir car ça changeait des années précédentes. Philippe avait prévu de nous rejoindre pour le Nouvel An car il fêtait Noël en compagnie de ses enfants et de ses parents. Cela ne me réjouissait pas plus que ça de le voir, surtout qu'il ne venait même pas avec ses enfants ; on aurait pu bien s'amuser tous ensemble. Arthur et Maxence me faisaient rire, comme Odd. Ils faisaient le même genre de blagues que lui. Mais bon, j'étais si heureuse d'avoir Robby auprès de moi. J'allais devoir lui présenter mes grands-parents, mes tantes, leurs conjoints et leurs enfants, plus jeunes que moi. L'une d'elles, Anne, avait épousé Youming, un chinois. L'une de leurs trois filles, Weilan, quinze ans, passait son temps à pourrir la vie des autres ; et, à chaque Noël, on pouvait retrouver des cotillons dans la bûche. Si seulement elle pouvait passer les Fêtes ailleurs... Je ne savais pas ce qu'elle allait nous réserver, à Odd et moi. Surtout que la nuit de Noël, tout le monde dormirait sous le même toit. Mes deux autres cousines, Dorianne, treize ans, et Roanne, seize ans, étaient disons, plus normales. Ma seconde tante, Agnès, avait épousé un français, Richard, avec qui elle avait eu un fils, Brice, quatorze ans, et une fille, Marylou, dix-sept ans, avec laquelle je m'entendais plutôt bien. Pierre, mon grand-père âgé de septante-deux ans vint nous chercher à Saint-Denis. Nous lui présentâmes Odd.
-Enchanté de vous connaître, jeune homme, c'est la première fois que nous accueillons un homme aussi jeune pour Noël, dit-il en lui serrant la main.
-Moi de même, Hélèni est si agréable, répondit-il en rougissant.
Ma mère s'installa à l'avant de la voiture et nous deux, à l'arrière. L'île était très verte et vallonnée, ce qui ne manqua pas d'émerveiller celui que j'aimais.
-Wahouh ! C'est encore plus beau que sur internet ! J'ai vraiment envie de voir tout ça de plus près ! s'exclama-t-il avec enthousiasme.
-Tu verras, tu ne le regretteras pas, c'est un vrai paradis sur Terre ici, en plus il y a l'océan, expliquai-je.
-Trop cool, on va pouvoir se baigner. Il faudra que tu m'aides à trouver un maillot, se réjouit-il.
-Pas trop vite ! Il y a des requins et il faut faire très attention quand on se baigne, il ne faut pas s'éloigner de la plage, c'est trop risqué, le mit en garde mon grand-père.
-Papy a raison, je ne voudrais pas te perdre toi aussi, pour une connerie, approuvai-je.
Sa main caressa la mienne et il la prit dans la sienne.
-Ne t'inquiète pas, je serai prudent, assura-t-il.
Nous continuâmes la route jusque Saint-Joseph, la commune agréable au bord de l'océan où vivaient mes grands-parents.
-Si tu veux, on ira faire un tour près de volcan, il n'est pas loin de Saint-Joseph, proposa ma mère.
-Trop bien ! J'ai hâte de voir le Piton de la Fournaise de plus près ! jubila-t-il.
-Parce contre, vous ne pourrez pas l'approcher, il est en éruption depuis la mi-décembre, avertit mon grand-père.
-Oh, non ! soupira Odd, déçu.
-T'inquiète, on pourra toujours observer l'éruption de loin, le rassurai-je avec un sourire.
Nous arrivâmes bientôt à Saint-Joseph, et comme chaque année, mes souvenirs d'enfance me remontaient. Les jeux de cache-cache avec toute la famille, et surtout Cassi; les Noëls passés à jouer dans les rues avec les autres enfants ; mon père, quand il se préoccupait encore de nous. Au fur et à mesure que nous approchions de la maison, je ressentais encore plus le manque. Cassi me manquait, et pour la première fois de ma vie, mon père aussi. Cependant, je n'étais pas prête à lui pardonner.
À son entrée dans la petite maison jaune clair non loin de la plage, Odd fit sensation auprès de ma grand-mère, deux ans plus jeune que mon grand-père.
-Bonjour Odd, moi c'est Marie, je suis ravie de te connaître, se réjouit-elle.
-Moi de même, répondit-il.
Elle nous aida ensuite à nous installer. Il y avait trois petites chambres en plus que celle de mes grands-parents, toutes avec des lits jumeaux. Ma mère prit une chambre et réserva le second lit pour Philippe, Odd et moi prîment la même chambre. Nous allions devoir installer des matelas pour la nuit de Noël, il y avait quand même encore neuf personnes à loger, avec seulement trois lits et le canapé.
-J'ai très envie d'aller acheter un maillot de bain, déclara Odd après avoir défait sa valise.
-Comme tu veux, mais alors, enlève ton pull et mets un t-shirt, conseillai-je.
-C'est vrai, il fait quand même chaud ici, approuva-t-il en enlevant son pull.
Malgré sa minceur, je le trouvais sexy avec ses abdos bien dessinés.
Il mit un terme au spectacle en enfilant un t-shirt vert et un bermuda noir.
-Si tu veux, je t'emmènerai voir les plants de vanille. Et je te montrerai le jardin de mes grands-parents, il y a plein d'arbres fruitiers, proposai-je.
Il vint vers moi et me prit par la taille.
-Je n'attends que ça, murmura-t-il avec un regard de braise.
Nous marchâmes jusqu'au marché où l'on pouvait trouver plein de fruits exotiques tels que des ananas, des noix de coco, des pastèques ; et également des maillots de bain.
Il choisit de regarder les bermudas de bain. Il y avait le choix entre noir, rouge, bleu nuit ou encore blanc.
-À ton avis, je devrais prendre quelle couleur ? Tu as une préférence ? me demanda-t-il.
-Oui, je te verrais bien en bleu, ça va super bien avec tes cheveux.
-Tu me verras bientôt en bleu alors, me glissa-t-il.
Il paya son maillot ainsi qu'une paire de tongs et fut soudain attiré par une jeune femme brune qui regardait des boucles d'oreilles.
-Regarde ! C'est Valérie Bègue ! s'écria-t-il.
Il s'agissait en effet de l'ancienne Miss France, qui avait rendu sa couronne quelques jours plus tôt.
-Oui, elle revient parfois à La Réunion, elle est née à Saint-Pierre, pas très loin d'ici, expliquai-je.
-Et tu la connais ?
Je haussai les épaules :
-Pas plus que ça, ma grand-mère a déjà discuté avec la sienne au magasin.
Il oublia vite sa présence, trop occupé à admirer son maillot tout neuf.
-Et si on allait se baigner ? proposa-t-il sur un ton jovial.
-Avec plaisir.
Nous rentrâmes à la maison pour nous changer. J'enfilai mon maillot : un haut assez emboîtant qui modelait bien mon 95D ainsi qu'un shorty, le tout vert à motifs. J'avais parfois du mal à me sentir à l'aise avec mes formes généreuses, surtout en présence de garçons. J'espérais que Odd ne me juge pas de trop.
Je couvrai mon corps d'un paréo bleu et lorsque je revins près de lui, il me regarda éberlué.
-Wahouh ! Je ne t'imaginais pas si femme ! souffla-t-il.
Je lui adressai un sourire en coin :
-Ça te plaît ?
-Et comment ! Tu es très belle ! approuva-t-il avant de m'embrasser.
Jamais personne ne m'avait dit ces mots-là, et surtout, avec tant de sincérité.
Une fois à la plage, nous nous étalâmes notre crème solaire mutuellement. Il en profita pour me faire un massage qui fut très agréable.
Ensuite, nous allâmes nous baigner dans l'océan non loin de la plage afin de ne pas être dérangés par des requins.
-Ça fait drôle de passer ses vacances d'hiver sous le soleil, remarqua-t-il avec un sourire.
-Et moi je suis contente de les passer avec toi, murmurai-je amoureusement.
Il m'envoya de l'eau pour jouer et je fis de même. Après cinq bonnes minutes à tenter de nous piéger, il s'approcha et me prit par la taille pour m'embrasser. Soudain, j'entendis un cri enfantin.
-À l'aide ! hurlait un gamin en détresse.
J'eus à peine le temps de me retourner que Odd fonça en sa direction. Avec son entraînement sportif, il y arriva rapidement. Je jetai un œil vers la plage où ses amis accompagnés d'une femme observaient la scène, impuissants.
J'admirai mon chéri en plein effort mais j'aperçus une ombre autour d'eux, et puis un aileron. Je compris qu'un requin rôdait.
-Robby ! Fais gaffe, il y a un requin ! Surtout ne fais rien ou il va te poursuivre ! m'écriai-je affolée.
Je commençais sérieusement à paniquer, surtout que cette plage n'était pas surveillée. Je tremblais, j'avais peur de le perdre. Il aurait donné sa vie pour sauver cet enfant.
Alors que le requin ne les lâchait pas d'une semelle, je vis un Zodiac avec les pompiers à bord foncer droit vers eux. Quelqu'un avait appelé les secours. Quelques minutes après tout le monde se retrouva sur la plage. La dame prit Odd dans ses bras.
-Merci, vous avez tous sauvé la vie de mon fils, les remercia-t-elle.
Un des pompiers se tourna vers moi :
-Votre ami a eu beaucoup de chance, ça aurait pu très mal se terminer.
Il s'adressa à lui :
-Que diriez-vous de faire partie des pompiers ? Vous me semblez en forme physiquement et avez les qualités nécessaires.
-Je vais d'abord essayer d'avoir mon bac mais je vous promets, je vais y réfléchir, répondit-il.
Une fois la situation redevenue normale, il me serra contre lui.
-J'ai eu si peur de ne pas te revoir vivant, soupirai-je encore tremblante.
-Ma Nini, je suis désolé, je n'aurais pas dû, s'excusa-t-il.
Je pris son visage entre mes mains.
-Non, tu as bien fait. Tu as sauvé une vie et, requin ou pas, tu es un héros. Et je t'aime encore plus que ce matin , assurai-je.
Il passa un main dans mes cheveux bouclés.
-J'aurais préféré avoir la possibilité de te sauver, toi, rigola-t-il.
-Peut-être que ça arrivera un jour. Et si après le bac, tu veux faire partie des pompiers, j'en serai fière.
-Oui, mais j'hésite. J'ai très envie de suivre des cours de comédie, c'est ce que je veux faire depuis toujours. Et puis, si je suis pompier, tu ne me verras pas souvent, et je risquerai ma vie tous les jours. Je n'ai pas envie de te faire subir ça, expliqua-t-il un peu confus.
-Oui, peut-être que j'aurai peur pour toi, mais se dire que l'on partage sa vie avec quelqu'un qui en sauve tous les jours, c'est extraordinaire, répliquai-je gentiment.
-Ce qui est certain, c'est que j'ai envie de partager ma vie avec toi plus tard. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée, Nini, ne l'oublie jamais, chuchota-t-il.
-On rentre ? suggérai-je.
Nous rentrâmes et, le jour du réveillon, toute la famille arriva. Il fallut installer des matelas un peu partout et Weilan ne manqua pas de se faire remarquer pendant toute la soirée. Elle s'était amusée à cacher des grains de poivre dans la tapenade, avait cassé deux verres en tirant la nappe et avait allumé un pétard dans la mousse aux fraises.
-Weilan ! Ça suffit ! Si tu continues, c'est retour à la maison ! s'énerva sa mère.
Elle ne dit pas un mot du reste de la soirée et, lorsque nous nous retrouvâmes seuls avec Odd dans notre chambre, elle entra sans frapper. Nous avions vraiment envie d'avoir notre intimité ce soir-là.
-Alors, qu'est-ce que vous faites ? Je peux rester avec vous ? On joue à un jeu ? Je pète la forme ! lança-t-elle sur un ton jovial.
-Putain Weilan, casse-toi et va dormir ! m'exclamai-je, furieuse, en la poussant dehors.
Je fermai la porte à clé et m'installai près de Odd.
-Enfin seuls, se réjouit-il avec excitation.
-Tu l'as dit, ajoutai-je avant de lui prendre la main.
Il posa ses lèvres sur les miennes et je passai ma main derrière sa nuque. Ses mains me caressèrent le dos et descendirent jusqu'à mes fesses. Je me cambrai doucement.
-Mon héros, murmurai-je à son oreille tout en le caressant.
Il s'arrêta et me regarda droit dans les yeux.
-Tu es sûre que tu veux le faire, ma belle ? me demanda-t-il.
Je hochai la tête et il me fit l'amour une bonne partie de la nuit.
Le lendemain, il paraissait très heureux.
-J'ai une surprise pour toi, tu vas voir, tu t'en souviendras toute ta vie, assura-t-il.
J'éclatai de rire.
-Mais mon amour, bien sûr que je m'en souviendrai.
Une heure après, nous nous échangeâmes les cadeaux. Je lui offris un rasoir tout neuf et ensuite, ce fut à son tour de m'offrir son cadeau.
Il me prit doucement les mains.
-Nini, j'espère que ma surprise te plaira, déclara-t-il stressé.
Soudain, je vis arriver du hall un homme grisonnant âgé d'une cinquantaine d'années.
-Joyeux Noël, Hélèni, dit Odd.
Je laissai tomber mon verre qui se brisa et je regardai le reste de la famille, stoïque. Ils savaient.
Je regardai mon père, incrédule. Je n'avais aucune envie de le voir et encore moins de lui parler.
Il m'adressa un sourire :
-Je suis si heureux de te revoir.
-Non ! Je veux que tu disparaisses de ma vie ! Tu t'es toujours foutu de nous ! criai-je en pleurs.
Je pris Odd par la main pour lui parler dans la cuisine. J'étais folle de rage, je me sentais trahie.
-Putain, comment t'as pu me faire ça ?! Tu viens de tout gâcher ! m'énervai-je.
-Nini, arrête ! Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, je suis désolé, s'excusa-t-il.
-Et tu croyais que ça pouvait se passer autrement, c'est ça ?!
-Je voulais juste arranger les choses parce que je t'aime, se justifia-t-il.
Je pris une grande inspiration :
-Je pense que toi et moi, on devrait prendre nos distances, rétorquai-je avant de monter dans ma chambre.
Je lui en voulais vraiment, et le fait que mon père reste dormir à la maison n'arrangea pas les affaires. Lui et ma mère ne se parlaient plus, et Philippe allait arriver et découvrir toute l'histoire. De mon côté, je ne voulais plus approcher Odd, il m'avait fait trop de mal et je n'étais pas prête à le lui pardonner. Je lisais beaucoup, et il jouait aux jeux vidéo. Et lorsque Philippe arriva, je l'entendis tout de suite car une dispute éclata entre lui et mon père.
-Donc comme ça, vous êtes l'amant de Louisa, lança mon père d'un air sarcastique.
-Et vous, vous êtes l'homme qui l'a rendue malheureuse en l'abandonnant, répliqua Philippe énervé.
-Espèce d'opportuniste ! Vous en profitez, hein ?! Ça vous arrange qu'elle soit seule, ainsi vous vous faites plaisir, riposta mon père sur un ton menaçant.
-Faites gaffe à ce que vous dites ! Je suis gendarme et je connais votre passé. À votre place, je ne me la ramènerais pas trop, susurra Philippe.
-Pourquoi ? Vous allez me renvoyer en prison ? railla mon père.
-Arrêtez ! Vous perturbez tout le monde, et ma fille la première ! hurla ma mère.
Les entendre se disputer comme ça me déchirait le cœur. Et soudain, j'entendis Odd :
-Elle a raison. C'est de ma faute si tout ça est arrivé. Je n'aurais jamais dû me mêler de vos affaires familiales en appelant son père et sachant qu'elle était en colère contre lui. Je n'ai fait qu'allumer un brasier et maintenant, voilà où nous en sommes. Et à cause de ma connerie, elle ne veut plus me parler. Elle m'a pratiquement largué, soupira-t-il.
Une larme coula sur ma joue. Il semblait si sincère. Pourtant, je n'arrivais toujours pas à lui pardonner.
-Mais non, elle ne t'a pas largué, j'en suis sûre, le consola ma grand-mère.
Elle n'avait pas tort, je faisais juste une pause.
La soirée se passa dans une ambiance plus qu'électrique. Philippe et mon père se regardaient en chien de faïence, ma mère les observait avec exaspération, Odd et moi ne nous parlions pas et mes grands-parents étaient pris dans l'engrenage. Ce fut la soirée la plus ennuyeuse des vacances. Et dans la chambre, on ne se parlait guère plus. Odd souffla, agacé par ce silence.
-Bon, j'en ai marre que tu me fasses tout le temps la gueule, je me casse dans le salon, décida-t-il sur un ton ferme.
Il commença à empiler ses vêtements dans sa valise, signe qu'il déménageait vraiment.
-Non mais ça va, là ! Et puis, il y a mon père, protestai-je.
-Je m'en fiche. Toi et moi, ça ne peut plus continuer comme ça.
Il claqua la porte et me laissa seule. Je soupirai. Je regrettais tellement qu'on en soit arrivés là alors qu'au début, tout était merveilleux.
Le lendemain matin, je me levai la première. Il y avait encore pas mal de choses à préparer pour le réveillon, le dernier jour en compagnie de mon père, qui rentrait en Grèce pour le Nouvel An. En pénétrant dans le salon, je m'aperçus que Odd n'était pas avec mon père. Je le réveillai et lui demandai s'il l'avait vu.
-Je ne sais pas, il s'est endormi ici, et je n'ai rien entendu après.
Sa valise n'était pas là non plus. Je me dirigeai vers la table de la salle à manger. Un papier semblable à une lettre y trônait fièrement. Mon cœur s'accéléra. Elle disait :
Ma Nini, je suis désolé pour tout. Désolé de t'avoir fait du mal. Je voulais simplement que tu retrouves ce qui t'a toujours manqué, un père. Parce que je t'aime. Mais visiblement, j'ai fait pire que mieux. Ne m'en veux pas mais je ne supporte plus de te voir malheureuse. Je suis parti pour l'aéroport et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Je poussai un cri de détresse qui réveilla tout le monde.
-Non mais ça ne va pas de crier comme ça ?! hurla ma mère, toujours au lit.
-Qu'est-ce qu'il y a  ? s'inquiéta mon père.
Je m'effondrai.
-C'est Odd. Il est parti à l'aéroport, sanglotai-je.
-Va vite te préparer, m'ordonna-t-il.
-Pourquoi ? dis-je, surprise.
-Tu ne crois quand même pas que l'on va le laisser filer ?! sourit-il.
Mon père allait me rendre un service, j'étais sur un grand coup. Mon grand-père nous prêta sa voiture mais Philippe tenut à conduire et emprunta les grands axes routiers, nous arrivâmes en peu de temps. Il nous déposa devant les portes de l'aéroport et nous déboulâmes comme des boulets de canon. J'espérais entrevoir le chignon sexy de Robby au milieu de la foule. Par chance, je connaissais bien l'aéroport et je courus le plus vite possible. Je l'aperçus enfin, prêt à donner son billet. Je m'excusai auprès de la foule et arrivai à sa hauteur. Les regards s'attardèrent sur nous.
-Odd ! Mais qu'est-ce que tu fais ?! m'indignai-je en lui prenant le bras.
-Hélèni ? Ton père ? demanda-t-il, surpris de le voir arriver.
-Je ne veux pas que tu partes. Reste, je t'en supplie.
-Bon, vous passez ou pas ?! s'énerva la bonne femme du guichet.
-Taisez-vous ! répliqua un quinquagénaire.
-Nini, je ne peux pas, murmura-t-il.
-Si, tu peux. C'est de ma faute. J'avais eu un contact assez houleux par message avec mon père bien avant que tu ne le contactes mais je ne t'en ai pas parlé. Tu as bien fait, j'ai été nulle, expliquai-je.
Il caressa ma joue.
-Tu n'es jamais nulle, mon amour.
-On ne se quitte plus, ok ? ajoutai-je, heureuse.
Il se pencha pour m'embrasser et les gens se mirent à applaudir. Mon père me regarda avec bienveillance. Finalement, il n'était peut-être pas celui que je croyais. Il n'avait pas hésité à me porter secours pour mon bonheur.
Philippe arriva à son tour, content de nous voir rabibochés et jeta un œil à sa montre.
-C'est pas ça mais votre avion est dans cinq heures, si vous revenez avec nous, vous allez le rater, dit-il en s'adressant à mon père.
-Eh non ! Je ne retourne pas en Grèce pour le Nouvel An, j'ai envie de rattraper le temps perdu avec ma fille, rétorqua-t-il souriant.
J'étais abasourdie. Je comptais quand même un minimum à ses yeux. Il m'avait choisie. Il aurait pu rentrer retrouver sa femme et ses enfants mais non, il en avait décidé autrement. D'ailleurs, même si je n'oublierais jamais ce qu'il avait fait, je me sentais désormais capable de lui pardonner pour tourner la page.
La soirée fut paisible, la famille devait revenir le lendemain, pas de Weilan pour gâcher la soirée. Nous dînâmes à l'extérieur où il faisait encore bon.
Peu avant minuit, alors que je passais à proximité du débarras, j'entendis ma mère et mon père discuter.
-Tu sais, Louisa, je regrette ce que je vous ai fait. J'ai manqué à mon devoir de père et de mari. J'ai fait la plus grosse connerie de ma vie et je n'ai même pas pris de vos nouvelles. Cassi est morte sans moi, avoua-t-il d'une voix douce.
-Et donc, tu es venu pour me récupérer ? répliqua-t-elle sèchement.
-Entre autres. Je t'aime toujours, Louisa, et ça me rend malade de te savoir dans les bras d'un autre.
-Et tu crois que je n'ai pas été furieuse d'apprendre que tu avais une femme et d'autres enfants dans mon dos ?! Mais bordel ! Réfléchis ! Je suis avec Philippe et on s'aime. Toi, tu as une famille et tu vas aller leur faire du mal ?! Ça ne t'a pas suffi une fois de faire cette erreur ?! s'énerva-t-elle.
-Ce que je veux, c'est que l'on forme à nouveau une famille, souffla-t-il.
-Et bien, il fallait y penser avant, conclut-elle.
Je partis avant qu'ils ne sortent. Je n'avais guère envie de les voir à nouveau ensemble. Pour bouleverser la vie que je m'étais construite sans lui, non merci.
Dehors, des feux d'artifice commençaient à exploser et je rejoignis Odd sur le balcon pour admirer le spectacle.
Il me pris par la taille et me serra fort contre lui.
-Bonne année, ma puce, chuchota-t-il dans mon oreille.
-Bonne année mon Robby, répondis-je.
Il pressa ses lèvres contre les miennes et fit danser sa langue.
-Alors les amoureux, à quand le mariage ? lança une voix familière que je reconnus en mille.
-Weilan ? fis-je, surprise.
J'entendis les voix du reste de la famille.
-On est venus passer la nuit ici, il n'y a plus d'eau courante chez nous, j'ai coupé la vanne qui alimente le quartier, expliqua-t-elle d'un air malicieux.
-Oh, putain, on ne sera jamais tranquille, maugréai-je.
Odd me regarda d'un air désolé et Weilan partit vers la maison d'un air satisfait.

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