Y : J'ai levé le secret sur mes origines

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Cela faisait une journée que ma famille et moi étions arrivés au Japon. Tout le monde devait se retrouver à la campagne, chez mes grands-parents du côté de ma mère. Ils habitaient un petit village vallonné non loin du mont Fuji où tous les habitants se connaissaient. J'avais une famille assez grande, ma mère était la cadette de six enfants et mon père avait une sœur. J'avais donc pas mal de cousins et il était prévu que tout le monde se réunisse pour les Fêtes et pour travailler dans les cultures. Mes grands-parents, Akihito et Mako, avaient tous les deux dans les septante ans et étaient les doyens du quartier. Quelques maisons plus loin, un couple tenait un petit hôtel destiné aux baroudeurs.
Je marchais dans le quartier lorsque je vis une jeune fille de type européen aux longs cheveux blonds qui devait avoir mon âge, et elle m'intriga. Je m'avançai vers elle et, comme je maîtrisais pas mal l'anglais, j'engageai la conversation.
-Hello, do you speak English ?
Elle sourit et ouvrit grand ses yeux.
-Yes, I'm Australian and I'm on a World Tour with my parents and my little brother.
-How interesting ! I'm Yumi Ishiyama and I live in France, nice to meet you.
-And I'm Emma Gilbert.
-That sounds French, rigolai-je.
-I can speak French, my grandpa is French, approuva-t-elle.
-Tu as besoin d'aide ? m'inquiétai-je.
Elle secoua la tête.
-Non, pas vraiment, je suis seulement ici pour Noël, on se repose, avec mes parents et mon petit frère Elliott.
-Tu verras, c'est très joli par ici. Je suis chez mes grands-parents avec mes parents et mon petit frère Hiroki et on va travailler dans les champs de thé. Si tu veux je peux te faire visiter, proposai-je.
-D'accord, mais je vais devoir retourner à l'hôtel, du coup, demain après-midi, ça va ?
J'approuvai avec un sourire. Cela me faisait du bien de passer du temps avec une fille de mon âge. Et surtout, de ne pas avoir mon frère dans les pattes, pour une fois.
Lorsque je rentrais chez mes grands-parents, je trouvai ma mère et ma grand-mère en cuisine, en train de préparer des sushis.
Elles discutaient du dîner de Noël.
-On va faire du natto en entrée, décida ma grand-mère.
-Et une bûche en dessert, continua ma mère.
-Ça va être le plus beau Noël depuis 1990, notre premier Noël avec Yumi, se réjouit mon aînée.
Mon cœur fit un bond. Elles s'étaient arrêtées net en me voyant entrer dans la cuisine, et cette année-là, j'avais un an.
Je n'en revenais pas.
-Mais je suis née un an plus tôt ! Il y a quelque chose que je ne suis pas censée savoir ? protestai-je, choquée.
Ma mère me toisa, paniquée. Elle s'approcha.
-Ma chérie, c'est compliqué à expliquer, commença-t-elle.
Je me doutais que j'allais apprendre une nouvelle qui allait bouleverser mon existence à jamais.
-Depuis l'adolescence, j'avais les trompes bouchées. Je ne pouvais pas avoir d'enfant. Au même moment où je désespérais, ta tante Sae est tombée enceinte à seize ans après la fête du village. Elle ne pouvait pas s'occuper de son bébé, tu comprends ? Et puis, elle avait beau vivre dans la capitale avec son oncle, la famille aurait été déshonorée. Du coup, une fois qu'elle a eu fini de t'allaiter, nous t'avons adoptée, elle en a choisi ainsi, expliqua-t-elle.
Je n'en croyais pas mes oreilles ! Ma propre famille m'avait menti tout ce temps et ma mère n'était pas ma mère !
-Et Hiroki ? Je t'ai pourtant vue enceinte !
-Plus tard, j'ai pu subir un curetage pour déboucher les trompes mais j'ai eu beaucoup de mal à tomber enceinte. J'ai eu de la chance.
-Mais vous êtes pathétiques ! Si je n'avais pas surpris votre conversation, je n'en aurais rien su, alors ?! m'indignai-je.
Ma mère resta muette.
-Vous me dégoûtez tous ! criai-je avec dédain.
Je sortis au jardin et j'entendis ma mère hurler mon nom. Je n'avais aucune envie de les voir, et encore moins de les entendre. Adoptée. J'avais été adoptée. Ma mère n'était pas ma mère. Ma mère était ma tante. Mon père n'était pas mon père. Mon géniteur était une vadrouille. Mon frère n'était pas mon frère. Mon frère était mon cousin. Je me sentais mal à l'idée de voir ma tante Sae ainsi que ses enfants de trois et cinq ans arriver. Comment avait-elle elle pu tant discuter avec moi sans jamais craquer et révéler ce secret qui hantait ma famille depuis tant d'années ?! Je n'en pouvais plus, il fallait que j'en parle à quelqu'un. Je ressentais l'envie de tout raconter à Emma mais nous n'étions pas assez proches pour parler de ces choses-là. J'aurais voulu que mon frère sache toute la vérité, cependant, je ne pouvais rien lui dire, il ne s'en serait sûrement jamais remis. Et puis, c'était à mes parents de lui dire, pas à moi.
Dans le jardin de mes grands-parents poussaient des cerisiers du Japon ainsi que d'autres plantes spéciales. Il y faisait bon vivre, surtout lorsque l'on n'avait pas appris une nouvelle qui allait bouleverser notre existence. Je marchai lentement et pensai à Ulrich. Que faisait-il en ce moment ? Sûrement en train de faire des devoirs de vacances, forcé par son père. Ou bien chez ses grands-parents en Allemagne. J'aurais aimé pouvoir l'emmener au Japon, mais avec ce qu'il s'était passé, c'était finalement bien tombé. Son caractère assez impulsif aurait pu être à l'origine de nombreux conflits au sein de ma famille et mes parents ne m'auraient pas autorisé à le fréquenter à nouveau. Je me demandais si je devais lui téléphoner pour tout lui raconter. Il faisait probablement nuit là-bas. Je n'allais quand même pas le réveiller exprès pour lui annoncer une nouvelle qui aurait pu l'empêcher d'achever sa nuit correctement. Alors, lentement mais sûrement, je me faufilai en-dessous de la barrière afin de sortir de la propriété pour faire un tour dehors.
Je laissai mes pas me guider à travers le village, où les habitants me saluèrent. Nous nous connaissions depuis toujours et ils ignoraient le secret qui pesait sur ma famille depuis tant d'années.
Sans m'en rendre compte, j'étais arrivée au niveau des cultures de thé, au pied du volcan; où je me ressourçais dans les moments difficiles.
Une larme perla sur ma joue. Moi, au moins, j'avais tout de même deux parents ; adoptifs certes, mais ils avaient été là pour moi dès ma naissance. Je regardai en direction de la montagne et songeai à Aelita, qui avait vécu plus de quinze ans sans parents ; ou bien à Odd, dont les parents ne venaient même plus le voir pour Noël.
J'avais de la chance, je n'avais manqué de rien.
Soudain, j'entendis des pas derrière moi.
-Je savais que je te trouverais ici, lança ma grand-mère avec bienveillance.
Elle s'installa auprès de moi.
-J'aurais préféré que tu l'apprennes autrement, et nous sommes désolés si tu en souffres, s'excusa-t-elle.
Je lui adressai un sourire compatissant.
-Ce n'est pas grave. J'ai la chance d'avoir des parents contrairement à certains de mes amis. Aelita a perdu son père et a vécu des années sans sa mère ; Odd ne voit jamais ses parents et Hélèni est restée quatorze ans sans voir son père qui a fait de la prison, la rassurai-je.
Ma grand-mère soupira de désolation.
-Tu sais, Yumi, il y a des jeunes qui ont des parents si absents que s'il leur arrivait malheur, ils ne verraient pas la différence.
Je secouai la tête, navrée.
-Et c'est regrettable. J'ai la chance d'avoir une grande famille entre la France et le Japon, je ne m'en plains pas.
Nous marquâmes une longue pause, le regard perdu dans le lointain. Un souffle de mélancolie s'empara de mon âme en songeant à Ulrich ; qui subissait probablement les foudres de son père ; et à William ; parti beaucoup trop tôt.
Ma grand-mère sentit que des pensées me tourmentaient; elle avait le don pour déceler ces choses-là, elle était la personne à laquelle je me confiais lorsque je rentrais au pays.
-Quelque chose te tracasse, mon petit ? s'inquiéta-t-elle en ôtant un de mes cheveux accroché à mon pull.
Je levai les yeux vers elle.
-J'ai un ami qui est décédé il y a peu de temps. Un banal accident de scooter. Pour tout dire, nous étions plus qu'amis. Cependant, peu de temps avant son décès, j'ai appris qu'il avait harcelé ma meilleure amie ; qui a fait une tentative de suicide. Elle a déposé plainte et je l'ai aidée dans les démarches après avoir mis fin à ma relation avec lui. Tout mon cercle d'amis pense qu'il a mis fin à ses jours sachant que la police allait lui tomber dessus. Même si je n'aurais jamais pu lui pardonner ce qu'il a fait à Aelita, j'étais à mille lieues d'imaginer qu'il irait s'écraser contre un arbre; et je me sens terriblement coupable. S'il s'est suicidé, je suis en partie responsable, lui expliquai-je avec une boule dans la gorge.
-Yumiko, tu n'est en rien responsable du destin de ton ami. Tout acte a des conséquences et finit par se payer selon la gravité. Ça s'appelle le karma. Il devait bien se douter que s'il s'en prenait à ton amie, il risquait de te perdre, me consola-t-elle doucement.
-Aelita aussi se sent coupable. Elle est vraiment mal depuis quelques mois. Son petit ami Jérémy est fort présent pour elle, il a toujours été protecteur. Elle peut également compter sur Odd, le clown de la bande; qui arrive à lui remonter le moral avec ses blagues foireuses ; ainsi que sur Hélèni, ma colocataire qui a passé une enfance difficile. Et il y a Ulrich, avec qui je me prenais souvent la tête, et qui n'appréciait pas que William me tourne autour. Au collège, on était parfois copains, parfois plus; on ne savait pas de quelle nature était notre relation. Et puis finalement, on a décidé de rester amis pour éviter de se prendre la tête et de gâcher notre amitié. C'est avec William que j'ai eu mon premier baiser et je dois avouer que j'éprouve certains regrets. Ulrich a beau être taciturne, il est là pour me soutenir le plus possible et n'aurait jamais le comportement de William envers qui que ce soit. Je suis perdue, continuai-je en prenant ma tête entre mes mains.
Elle serra ma main dans la sienne avec bienveillance.
-Tu sais, je ne suis pas la plus grande des expertes en relations amoureuses, mais je pense que Ulrich t'aime vraiment, et je suis sûre que tu le sais. Il ne parle peut-être que très peu mais il a sûrement dû se sentir malheureux quand il t'a vue avec William et qu'il a appris comment il avait fait souffrir ton amie. Il a juste du mal à exprimer ses sentiments, je le sens très pudique. Il faut que tu regagnes sa confiance à tout prix, me conseilla-t-elle en se voulant rassurante.
Je hochai la tête. Il était temps que les choses évoluent par rapport au collège. Ulrich et moi étions faits l'un pour l'autre, j'en étais convaincue depuis notre belle aventure sur Lyoko. J'espérais juste qu'il n'avait pas entamé de relation amoureuse avec Elisabeth.
Lorsque je rentrai dans la maison, Hiroki m'accueillit d'un air choqué et me prit par la main pour m'emmener à l'écart du reste de la famille.
-Que se passe-t-il ? Tu as vu le fantôme de grande-tata ? m'affolai-je, voulant comprendre ce qu'il se passait.
-Non, je traînais avec mon nouveau pote Elliott et, alors que l'on s'amusait à espionner sa sœur Emma, on a vu qu'elle portait une queue de sirène ! s'emporta-t-il, dépassé par les événements.
Je lui rigolai au nez.
-N'importe quoi ! Je connais Emma, on a traîné ensemble tout à l'heure, et elle m'avait l'air tout à fait humaine. D'ailleurs, tu passes aussi ton temps à m'espionner comme au parc ? rétorquai-je en croisant les bras sur ma poitrine d'un air mécontent.
Il rougit et regarda le sol.
-Heu, disons que, c'est déjà arrivé une fois, bafouilla-t-il gêné.
Mes yeux lançaient des éclairs.
-Deux fois, peut-être ? sourit-il d'un air embarrassé.
Je continuai à le fixer inlassablement.
-Huit fois ! Ok, je t'ai espionnée huit fois, c'est grave ?! T'avais l'air toute bizarre quand William te tournait autour, et puis quand il a commencé à embêter Aelita. Et sans oublier tes conversations téléphoniques avec Hélèni à propos d'Ulrich, ainsi que tes conversations avec lui, bien sûr, s'expliqua-t-il en se faisant tout petit.
Je bouillonnai de rage. Ce gamin m'observait jour et nuit ! Il avait même été jusqu'à voler mon journal intime pour les beaux yeux de Milly quand j'étais en seconde.
-Hiroki Ishiyama ! Cette fois-ci, ça ne passera pas ! Je suis déjà de mauvais poil, mais là c'est la goutte de trop ! maugréai-je d'un air menaçant.
Je me jetai sur lui dans le but de lui faire payer sa curiosité et commençai à chatouiller son ventre; chose qu'il détestait plus que tout au monde.
-Yumi ! Arrête ! s'exclama-t-il en gigotant.
-Pas tant que tu ne te seras pas excusé ! Et promets-moi de ne pas recommencer ! répliquai-je en le sermonnant.
-Excuse-moi, je ne recommencerai plus, c'est juré ! s'écria-t-il, haletant.
-Très bien. Alors, va voir dans le salon si j'y suis, parasite, répondis-je avec un petit sourire satisfait.
Il obéit en tirant une tête de chien battu et je profitai d'un moment de calme pour me reposer.
Le lendemain, je retrouvai Emma non loin de son hôtel et je l'emmenai dans les champs de thé vert. Je voulais également lui parler de la scène de mon frère la veille.
-Emma, hier, mon frère Hiroki m'a raconté qu'il traînait avec ton frère, commençai-je en hésitant.
Elle m'adressa un sourire.
-Oui, je sais, ils ont l'air de parfaitement s'entendre tous les deux, approuva-t-elle en haussant les épaules.
-Justement. Hier, mon frère m'a fait une scène à la maison, il disait que lui et Elliott t'avaient vue portant une queue de sirène ; ce qui est complètement insensé. Je me fais du souci pour Hiroki. Même s'il m'embête souvent, qu'il a volé mon journal intime pour les beaux yeux d'une journaliste du collège et qu'il m'espionne, il reste quand même mon frère. Je ne voudrais pas que sa santé mentale soit affectée, soupirai-je désespérée.
Ma nouvelle amie releva le menton.
-Ton frère n'est pas fou. J'étais en plein essayage d'un costume de sirène pour un concours en ligne et ils ont dû m'espionner. D'ailleurs, Elliott va m'entendre tout à l'heure, expliqua-t-elle d'un air détendu.
Je soufflai de soulagement ; mon frère allait très bien, un peu trop à mon goût. Durant les années où j'avais combattu XANA, j'avais eu de la chance qu'il ne me suive pas jusqu'à l'usine ; même si nous lancions un retour vers le passé après une attaque. Pour moi, l'attaque la plus gênante était celle de la piscine. Pour Aelita et Jérémy, celle du gymnase. Mais nous préférions ne pas en parler; en dépit des sous-entendus douteux de Odd.
Nous arrivâmes dans les champs où des villageois de tout âge s'affairaient à travailler la terre et à tailler des plants.
-Tu vois, la dernière récolte a eu lieu en octobre; et la prochaine aura lieu en avril. En attendant, l'hiver, on travaille la terre et on entretient les plants, dis-je en désignant un jeune homme en train de couper des tiges rebelles.
-C'est fascinant. Surtout dans un décor pareil, affirma-t-elle émerveillée.
Nous mîmes la main à la pâte et passâmes tout l'après-midi à entretenir le champs.
En soirée, nous devions nous rendre en famille au café du village, où une soirée karaoké était prévue. Tout naturellement, je proposai à Emma de nous accompagner avec sa famille ; ce qu'elle accepta.
Alors que la timidité d'Elliott l'empêcha de chanter, mon frère se prêta au jeu en interprétant un titre des Subdigitals. Il ne chantait que très peu et cela se ressentit sur sa prestation.
-C'était comment ? questionna-t-il à la fin de la prestation, d'un air satisfait.
Mal à l'aise et ne voulant pas lui donner de faux espoirs, je m'exprimai :
-Heu, c'était pas laid, c'était très laid, mais ce n'est pas ta faute, tu n'as pratiquement jamais chanté.
-Oh, ça va, vas-y et montre-moi comment tu chantes si bien, râla-t-il avec ironie.
-Ce sera avec plaisir.
Avant que je ne monte sur scène, ce fut au tour d'Emma de donner de la voix sur une chanson qui fut un tube des années quatre-vingt-dix. Elle se débrouillait plutôt bien et fut applaudie à l'unanimité.

Enfin, ce fut mon tour. Je ressentis le trac du direct en pleine face et je tâchai de ne pas me planter afin d'éviter des moqueries de la part de mon frère. Heureusement pour moi, tout se passa bien; je chantai une chanson en japonais dans le but d'honorer mes origines ; ce qui plut au public.

Lorsque je retournai à la table, je remarquai l'ordinateur portable de mes grands-parents qui trônait sur la table. Il était connecté à Skype et je pus voir le visage d'Ulrich en direct. Je poussai un cri de surprise et ma grand-mère me lança un regard rempli de fierté. À son opposé, Hiroki ricanait, moqueur.
-Yumi, je pense que Ulrich et toi avez des choses à vous raconter, annonça-t-elle gentiment.
Je m'approchai de l'écran et mon ami me salua.
-Yumi, je suis super content de te voir, tu as été formidable, et je suis sûr que ce sera encore mieux lors du concert au bal de fin d'année, déclara-t-il les yeux pétillants.
Je pris l'ordinateur et m'isolai aux toilettes.
-Moi aussi, je suis contente. Ça va de ton côté ? Ton père ne t'en fait pas trop voir ? m'inquiétai-je.
Il secoua la tête.
-Pour le moment, ça va. Nous sommes en Allemagne ; j'ai toujours des devoirs à faire mais il n'est pas trop sur mon dos. Et toi ?
-J'ai rencontré une fille très chouette qui fait le tour du monde. Elle s'appelle Emma. Sinon, Hiroki m'espionne toujours autant, répondis-je en levant les yeux au ciel.
-Comme mon père, railla-t-il.
Je baissai la tête tristement.
-Ulrich, je suis désolée de m'être éloignée de toi et de m'être rapprochée de William. C'était ingrat de ma part; toi qui as tant fait pour moi. J'espère que tu pardonneras ma bêtise, m'excusai-je.
Il me regarda avec compassion.
-Je ne t'en veux pas, je dois t'avouer que je n'ai pas toujours été très bavard ni de bonne humeur, répliqua-t-il en riant.
J'inspirai un coup.
-J'ai autre chose à t'annoncer. J'ai été adoptée. Je suis en réalité la fille de ma tante, tombée enceinte adolescente.
Il s'avança brusquement vers l'écran.
-Quoi ?! Tu es sûre ?!
-Affirmatif. Ma mère ne savait pas avoir d'enfant ; elle a eu Hiroki suite à un traitement, continuai-je laconiquement.
-Je suis désolé, bredouilla-t-il navré.
-Ça va, je remonte la pente. J'ai la chance d'avoir des parents, le rassurai-je.
Nous passâmes une partie de la soirée à discuter sans que mon frère ne nous importune. Je remerciai ma grand-mère pour cet appel surprise et me couchai le cœur léger.
Quand Noël arriva, personne ne parla de mon adoption avec ma tante, de peur que mon frère ne découvre toute la vérité. Cependant, par rapport aux années précédentes, quelque chose avait changé. L'ambiance n'était plus la même. Comme si le poids des nombreux non-dits commençait à s'alourdir dans l'atmosphère de cette soirée.

À suivre...

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