Code Lyoko - Et Maintenant

FH : L'Enfer au Paradis

Je sortis doucement d'une courte torpeur. Les rayons de soleil matinaux dardaient sur les rideaux blancs de la chambre. Un nouveau jour s'était levé.
Je levai les yeux vers le lit. Avec son petit air d'ange, Sigrid semblait dormir paisiblement. Cependant, tout cela n'était qu'illusion. Le docteur avait encore été obligé de lui administrer des opiacés afin de soulager ses souffrances.
L'amener à Moorea avait sans doute été une grossière erreur. Elle était malade et n'avait pas résisté au voyage. Dès son arrivée, elle s'était couchée pour ne se lever que de rares fois. La plupart du temps, assommée par les médicaments, elle dormait.
Je me levai du relax dans lequel j'avais passé la nuit pour lui caresser le visage. Je ne dormais à ses côtés que quand elle réclamait de l'affection. Autrement, j'avais peur de déranger son sommeil.
En sentant mes doigts sur ses joues, elle ouvrit les yeux.
-Franz, je me sens si mal, articula-t-elle péniblement.
Je me penchai vers ses lèvres pour lui donner un baiser.
-Je sais, ma chérie, je sais, répondis-je impuissant.
-Le médecin est là ? questionna-t-elle, confuse.
-Probablement. Tu veux que j'aille le chercher ? lui proposai-je, prêt à me lever.
Elle secoua faiblement la tête.
-Non, de toutes façons, si je l'appelle tout le temps, il décidera de me faire entrer en clinique, refusa-t-elle gentiment.
Je lui pris tendrement la main. Elle tremblait comme une feuille à l'automne de sa vie.
-Tu sais, si tu vas en clinique, ce n'est pas grave, je resterai près de toi jour et nuit, la rassurai-je avant de déposer un baiser sur sa main.
Elle se raidit et ses yeux commencèrent à se remplir de larmes.
-Oh, Franz ! Je ne veux pas aller à l'hôpital ! Si j'entre en clinique, je n'en sortirai plus avant le cimetière, et je ne serai pas là pour l'anniversaire d'Aelita ! sanglota-t-elle en me serrant contre elle.
Sa détresse me toucha au plus profond de mon être. Sur ce lit, j'avais l'impression de voir une enfant. Elle n'en menait pas large, rien à voir avec la sévère professeure de physique et de SVT que j'avais pu connaître.
Je saisis son visage entre mes deux mains.
-Ne t'inquiète pas, ma chérie. Quand on sera de retour en France, je ferai en sorte que tu puisses bénéficier de soins à domicile. Je n'ai pas envie de te laisser mourir seule en soins palliatifs, la réconfortai-je.
Elle cessa de pleurer et me remercia.
-Je suis désolée de t'en faire voir, s'excusa-t-elle.
-Sigrid, arrête de dire ça, tu sais bien que tu n'y es pour rien. C'est moi qui t'ai choisie, en connaissant ta situation, parce que je suis tombé fou amoureux de toi, et je ne le regrette pas. Par contre, je m'en veux de t'avoir emmenée ici en te sachant si mal. J'ai fait une grosse connerie, déclarai-je en baissant la tête.
Elle se releva et m'attira contre elle.
-Bien sûr que non. Tu as réalisé mon rêve le plus dingue, et ça, même dans l'au-delà, je ne l'oublierai pas. Je regrette juste de ne pas avoir parlé à Aelita dès la fin de XANA. Nous aurions pu te ramener et vivre quelques belles années ensemble, affirma-t-elle douloureusement.
-Arrête de t'en vouloir, on ne refait pas le passé. Le docteur et moi avons une petite surprise pour toi, la sermonnai-je affectueusement.
Son visage parut retrouver quelques couleurs d'antan.

-Ah bon ? Qu'est-ce que c'est ? questionna-t-elle en retrouvant le sourire.

-Aujourd'hui, je t'emmène voir le plus beau paysage du monde, déclarai-je amoureusement.

-Mais, je ne suis sûrement pas en état, protesta-t-elle surprise.

Je mis fin à ses inquiétudes.

-Ne t'en fais pas, le docteur et moi avons tout prévu.

J'entendis frapper à la porte de la chambre. Il s'agissait du docteur, qui amenait un beau fauteuil roulant. Il était suivi de près par une employée qui venait nous servir un petit-déjeuner exotique. Le médecin fit sa visite de routine et s'assura que Sigrid ne manquait de rien, avant de nous laisser prendre le petit-déjeuner. J'ouvris les rideaux afin d'avoir une vue imprenable sur le lagon et les cocotiers.