U : Mon père, ce zéro

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Deux mois. Cela faisait deux mois que j'attendais d'avoir cette conversation avec mon père. Mais comment le faire changer d'avis ? D'ici quelques jours à peine, je devais faire ma rentrée dans un autre lycée, le lycée le plus réputé de la région Centre-Val-de-Loire pour sa discipline. Il voulait faire de moi un bon petit soldat qui allait étudier l'économie, ou l'astrophysique, où je ne savais quoi encore. Moi, je voulais juste être prof de sport. Avait-il seulement pensé à moi, à mes amis ? Logiquement non, à ses yeux, il n'avait plus de fils. Ma mère, dans tout ça, ne savait plus à quel saint se vouer, mais mon père faisait pression sur elle pour qu'elle soit d'accord avec lui. Ma vie, elle, se trouvait à Kadic, et non pas à plus d'une centaine de kilomètres de là. Ce lycée m'avait fait grandir, surtout les personnes que j'y côtoyais, c'était notamment grâce à ce lycée que j'avais pu vivre une aventure hors du commun sur Lyoko, connaître Aelita et surtout, faire la rencontre de Yumi. Yumi... Comment aurais-je pu oublier une présence si noble ? Rien qu'avec son regard envoûtant, les garçons dansaient à ses pieds. Allait-elle un jour m'aimer ? Rien n'en était moins sûr, mais quitter Kadic m'aurait ôté toute chance de le savoir. Assis derrière son bureau, mon père me toisait d'un air sévère.
-Ulrich, on en a déjà discuté, je ne reviendrai pas sur ma décision, ça fait des années que tu me déçois, et on ne peut plus continuer comme ça. Je n'ai pas envie de me dire que l'on a mis au monde un bon à rien, m'expliqua-t-il sèchement.
-Mais P'pa, je veux bien faire des efforts, insistai-je.
-Ça, je peux te dire que tu devras en faire, mon ami, répliqua-t-il avec son regard noir.
-Laisse-moi au moins essayer, et si ça ne va pas, on change en cours d'année, proposai-je plein d'espoir.
-Il en est hors de question ! J'ai autre chose à faire que de m'occuper de ton transfert au milieu de l'année !
-Mais P'pa...
-Il n'y a pas de mais, j'en ai marre de perdre mon temps avec toi, rétorqua-t-il.
J'avais perdu la partie. Et je le savais. Je quittai son bureau, dépité. Il fallait que je parle à quelqu'un, mais pas à ma mère. Pas à Odd, il n'était pas assez sérieux pour ce genre de discussion. J'hésitais entre Yumi, Aelita et Jérémy. Seulement, Aelita ne pouvait pas comprendre, elle n'avait jamais connu cette situation vu qu'elle avait vécu sans parents une bonne partie de sa vie, et je n'étais pas sûr que Jérémy pourrait me comprendre également. Je sentais que je devais absolument me confier à Yumi. Je saisis le téléphone et composai son numéro. Elle répondit presque instantanément.
-Allô Yumi ?
-Ah Ulrich. Comment vas-tu ? s'informa-t-elle.
-Mal. Mon père veut me changer de lycée pour la rentrée et il ne m'écoute même pas, expliquai-je.
-Quoi ? Toi aussi, tu vas nous quitter ? s'écria-t-elle.
-Comment ça, toi aussi ? demandai-je sceptique.
-Aelita a retrouvé sa mère et elle est partie vivre en Suisse avec elle. Et William part étudier aux États-Unis, raconta-t-elle tristement.
Je fus surpris mais relativement heureux que William s'en aille, cela aurait pu me permettre de me rapprocher d'elle.
-Super ! Aelita doit être très heureuse, m'enthousiasmai-je.
-Ah ça, oui. Et avec Jérémy, on a rencontré sa mère, c'est une dame très gentille. Mais elle ne sait pas si elle va revenir à Kadic sinon, tous les week-ends, elle doit prendre un avion pour retourner.
-Ce serait dommage de ne plus la voir. Par contre, comment sais-tu que William s'en va ? enchaînai-je, perplexe.
-On s'est vus il y a quelques jours dans le parc, avoua-t-elle.
-Et il t'a confié tous ses petits secrets, terminai-je avec dédain.
J'en avais marre de les savoir tout le temps ensemble. Elle passait pas mal de temps avec lui, mais jamais avec moi.
-Oh Ulrich, tu ne vas pas encore recommencer, ça devient lassant à la longue, s'agaça-t-elle.
-C'est juste que j'aimerais que l'on passe plus de temps ensemble. Mais visiblement, tu restes plus avec lui.
-Écoute, tu le dis toi-même, on est juste copains, et puis, tu ne m'as jamais demandé que l'on se voit je ne sais où ou encore quoi. Oui, je suis d'accord de passer du temps avec toi mais n'oublie pas que pendant les vacances, on vit à plus de cent kilomètres de distance, et je doute que ton père apprécierait que tu quittes la maison pour me voir ! répliqua-t-elle un peu piquée.
-Mon père, il n'en a rien à cirer que je sois là ou pas, sa seule obsession est de me changer de lycée, mais moi, je refuse, rétorquai-je.
-Je ne veux pas que tu partes, je suis sincère. Tu nous manquerais à tous. T'imagines, je me retrouverais seule avec Jérémy et son ordi et avec Odd et ses blagues débiles ? Ce serait éprouvant. Surtout que je me suis inscrite à l'internat pour que l'on passe plus de temps ensemble, confia-t-elle un peu morose.
-Tu veux que l'on passe du temps ensemble ? répétai-je, incrédule.
-C'est bien ce que tu veux, non ?
-Bien sûr que oui, cependant, avec mon père, ce ne sera pas de la tarte, souris-je.
-Je compte sur toi pour le faire changer d'avis, alors, lança-t-elle.
Nous nous saluâmes et je raccrochai. L'avoir au bout du fil avait été comme une éclaircie et je me sentais reboosté pour pas mal de jours. Jusqu'à ce que mon père craque et me laisse retourner à Kadic auprès d'elle. Je ne voulais pas non plus me séparer d'Odd, mon meilleur ami, qui arrivait toujours à me remonter le moral. La vie aurait été bien grise sans lui. Et Aelita, quelle surprise d'apprendre cette heureuse nouvelle. Elle qui avait tant espéré revoir l'un de ses parents. Je pensai à Jérémy, il devait être au fond de son panier depuis le départ de sa chère et tendre moitié. J'eus envie de lui téléphoner mais il ne répondait pas. Je lui envoyai un message pour lui demander comment ça allait depuis le départ et il me téléphona.
-Allô Jerem', tout va bien ? m'inquiétai-je.
-Ça pourrait aller mieux. La vie est dure depuis qu'Aelita est partie. Je pense tout le temps à elle, tout me semble vide sans elle. Mais bon, si elle est heureuse, je suis heureux. Et toi, tu voulais me parler de quelque chose ? me demanda-t-il en retour.
-Et bien, il se pourrait que je change de lycée, mon père refuse que je reste à Kadic, annonçai-je.
-Quoi ?! Et t'attendais quoi pour nous en parler ?! D'être déjà parti ?! s'exclama-t-il sur un ton de reproche.
-Non, je voulais juste pouvoir le faire changer d'avis, et je ne lâche rien, répondis-je fermement.
-Je suis désolé. C'est juste que c'est la dernière année que l'on pourrait passer tous ensemble, et visiblement, on ne pourra peut-être pas, sachant qu'il n'est pas sûr qu'Aelita revienne et que tu restes à Kadic, s'excusa-t-il.
Je fus touché par ses paroles, on était vraiment une famille et nous savions qu'il serait difficile de nous séparer les uns des autres.
-Je vais encore tenter ce soir. Je vais attendre que ma mère soit rentrée, avec un peu de chance, elle me comprendra, décidai-je.
-J'espère que ça marchera. Je n'ai vraiment pas envie que tu nous quittes toi aussi.
Moi non plus. Surtout que dans le lycée en question, je ne connaissais personne, et ça, mon géniteur s'en moquait pas mal que je me retrouve complètement isolé. Pourtant, il n'avait pas été traumatisé durant sa jeunesse, je ne savais pas pourquoi il me faisait subir son sale caractère.
Une fois le dîner passé et ma mère rentrée, je fis ma dernière tentative au salon.
-Alors P'pa, toujours pas changé d'avis ?
-Bien sûr que non, qu'est-ce que tu crois ? répliqua-t-il sèchement.
Ma mère intervint à ce moment-là :
-Walter, je crois que tu devrais essayer de le comprendre un peu, le pauvre, devoir changer de lycée et ne connaître personne, c'est difficile.
Je fus très surpris de son soutien, et je redoutais la réaction de mon père.
-Parce que tu es de son côté maintenant ?! s'emporta-t-il, furieux.
-Et bien oui, je suis de son côté. S'il fait des efforts, pourquoi pas, on devrait essayer, insista-t-elle.
Mon père ne put s'empêcher de laisser entendre un rire sarcastique.
-Des efforts tu dis ? Depuis combien de temps nous fait-il miroiter une réussite brillante, atteinte par un travail acharné, ce même culte du travail issu du patrimoine familial ? Des années, oui, depuis le collège, mais tout ça, ce sont des paroles en l'air. Il n'a jamais eu l'intention de travailler, c'est un fainéant, railla-t-il.
-C'est faux ! Et tu le sais très bien ! Je fais réellement des efforts mais ça, tu ne peux pas le voir, tu n'es jamais là pour me soutenir ! ripostai-je profondément blessé.
-Je n'ai jamais été là pour te soutenir ?! Mais c'est moi qui n'arrête pas de te pousser toujours plus loin pour que tu réussisses brillamment !
-Et bien, peut-être que tu me pousses trop et que moi, ça finit par me stresser, c'est tout, affirmai-je.
-N'empêche que tu iras dans ce lycée !
Je le fixai d'un regard noir avec une lueur de défi.
-Non, je n'irai pas. Et si tu m'y mets, je ne resterai pas, et ça, tu ne pourras pas m'en empêcher, clamai-je d'une voix ferme.
-Et tu comptes t'échapper ? Mais figure-toi que des fugues, ils en voient tous les jours, ce sont des spécialistes en la matière, se moqua-t-il.
Je haussai les épaules :
-Des toutes façons je m'en fiche, d'ici quelques mois je suis majeur, et je pourrai partir d'ici.
Ma mère poussa un cri de stupeur :
-Partir d'ici ?! Mais tu n'y penses pas j'espère ! Qu'est-ce que l'on ferait sans toi ? Tu es notre fils unique ! s'affola-t-elle.
Mon père me jeta un regard méprisant.
-Moi ça m'est égal qu'il s'en aille. De toutes façons, il nous pose plus de problèmes qu'autre chose, alors, ce ne serait pas la fin du monde, dit-il sur un ton laconique.
-Tu ne penses quand même pas ce que tu dis ?! Je crois rêver ! s'indigna-t-elle.
Mon géniteur essaya de la raisonner :
-Enfin Sophie, regarde la vérité en face ! On a raté quelque chose avec lui, c'est évident, et il est irrécupérable.
J'en avais marre de l'entendre me déblatérer, et c'est là que je décidai de sortir ma dernière carte.
-Si tu t'en fiches de me voir partir, pense plutôt à ton honneur. Ça ne te dérangerait pas que tout le monde sache que ton fils a quitté la maison à dix-huit ans et qu'il n'étudie plus ? Pourtant, si tu m'envoies là-bas, c'est ce qui arrivera le jour de ma majorité, et tu auras fait tout ça pour rien. À ta place, je réfléchirais à deux fois.
Il fut comme désarmé suite à ces dernières paroles. Je ne savais pas du tout quel verdict il allait rendre, mais je savais que s'il refusait, je partirais pour de bon. Le visage de mon père changea, il paraissait très tiraillé.
-Et bien, je dois dire que, après avoir mûrement réfléchi, je préfère te voir faire des études par la suite, donc à la rentrée, tu pourras retrouver tous tes amis et j'espère, terminer en beauté, expliqua-t-il.
J'explosai de joie, je me sentais si heureux, libéré d'un fardeau.
-Oh merci P'pa, ça me fait plaisir ! Je ferai un effort, je te le promets, le remerciai-je.
-J'espère bien.
Je me ruai vers ma chambre en montant les marches quatre à quatre et je saisis mon téléphone pour annoncer la bonne nouvelle aux autres. Je préparai également ma valise pour les jours suivants. Et une semaine plus tard, je pris le train pour Kadic. J'étais parti la veille de la rentrée comme la plupart des internes afin de ne pas perdre de temps. On avait le droit de déjà arriver la veille et on payait un supplément pour cela.
Dans le train, j'étais déjà excité comme une puce à l'idée de revoir mes amis. Allait-on revoir Aelita ? Rien n'en était moins sûr. Lorsque j'arrivai devant les grilles du lycée, pas mal d'élèves se pressaient dans la cour. Il faut dire que le soleil brillait encore et tout le monde en profitait. J'aperçus Odd qui m'attendait non loin de l'administration pour récupérer les clés de la chambre.
-Salut vieux, comment ça va ? J'ai entendu dire qu'Aelita avait retrouvé sa mère, me lança-t-il sur un ton enjoué.
Je lui serrai la main.
-C'est exact, mais on ne sait pas si elle revient ici, l'informai-je.
Son visage de clown s'assombrit un peu :
-Oh non, j'espère qu'elle va revenir, l'année sans elle ne serait plus pareille. Et puis, si elle ne revient pas, que va faire Einstein ? se lamenta-t-il.
-Je te parie qu'il irait la rejoindre en Suisse. Déjà que mon père voulait me changer de lycée, si en plus Jérémy devait la rejoindre, eh bien, tu aurais pu te retrouver seul avec Yumi, plaisantai-je.
-Ça c'est pas chouette, elle ne rigole pas beaucoup à mes blagues, répliqua-t-il.
-Tu as ramené Kiwi ? enchaînai-je.
Il secoua la tête :
-Non, c'est Pauline qui le garde, c'est devenu trop risqué, je te rappelle qu'on a failli se faire avoir plusieurs fois, donc il reste avec elle. Et puis chez elle, il y a un jardin, il n'est pas obligé de rester dans un tiroir, expliqua-t-il.
Soudain, son regard s'arrêta en direction de l'administration. Une jeune fille brune accompagnée de sa mère et chargée de sa valise se trouvait au bureau de l'accueil. Son visage me disait quelque chose mais je n'arrivais pas à la remettre.
-Pince-moi je rêve, lâcha mon ami comme envoûté.
Le jeune fille semblait en grande conversation avec sa mère et la dame de l'accueil.
-Cette tête me dit quelque chose, mais c'est une nouvelle, c'est sûr, affirmai-je.
-C'est la fille de la jetée. Tu te rappelles, quand on est partis en vacances ? me demanda-t-il, les joues en feu.
-Bien sûr, celle pour qui tu craquais et qui a failli rompre notre amitié pour de bon, ironisai-je.
Il la contempla de la tête aux pieds.
-Elle est magnifique, j'ai rarement vu une fille aussi belle, s'extasia-t-il.
Il est vrai qu'elle ressemblait à une femme fatale avec son type méditerranéen et ses cheveux bouclés.
Elle tourna légèrement la tête dans leur direction.
-Oh bon sang ! Cache-moi, mon pote, elle va me reconnaître et je ne suis pas prêt, s'affola-t-il en tentant à tout prix de se dissimuler derrière moi.
-Arrête ton cinéma, elle n'a pas fait attention à nous, le rappelai-je à l'ordre.
-Je ne sais pas comment m'y prendre avec elle, elle est hors catégorie. Tu n'as pas un conseil ?
Je lui rigolai au nez :
-Je rêve là ! Odd Della Robbia, le grand séducteur de Kadic qui bloque complètement sur une fille ! Tu pourrais peut-être lui parler, conseillai-je.
Il me répondit d'un air hésitant :
-Mwoui, mais non. Elle va me jeter, c'est sûr.
À ce moment, Yumi arriva, en même temps que Jérémy.
-Alors les gars ? Du nouveau ? questionna Yumi avec un grand sourire.
-Et bien, Odd a déjà flashé sur une nouvelle, on l'avait aperçue à la Côte d'Azur mais ici, il n'aura pas le choix, il aura sûrement à lui parler de temps en temps, racontai-je.
-Oh ça va ! Et sinon, quelqu'un a des nouvelles d'Aelita ? enchaîna Odd.
-Il y a deux jours, elle ne savait pas encore si elle allait revenir. C'est sûr que si elle choisit la facilité, elle ne reviendra pas. Pourtant, elle a vraiment envie de nous voir, elle me l'a dit, et je sais qu'elle est sincère, intervint Jérémy.
-Il faut qu'elle revienne. Et puis, ce ne serait pas cool du tout pour Jérémy, il passe le plus clair de son temps avec elle, dis-je avec conviction.
-Et puis, il reste demain, aussi, approuva Yumi.
Odd toisa ce dernier d'un air moqueur.
-Bon, maintenant qu'elle est partie, tu peux tout nous avouer. Avoue qu'à votre retour en pleine nuit, vous avez fait taktak.
Jérémy piqua un fard, gêné par la franchise trop intrusive de son ami le farceur.
-Odd ! Mais ce n'est pas croyable !
-C'est leur vie privée, ça ne te regarde pas ! le sermonna Yumi.
Je me rangeai de son côté :
-Elle a raison ! Tu as encore dépassé les bornes ! m'exclamai-je.
-Ça va ! C'était juste pour savoir c'est tout, soupira-t-il.
Jérémy prit une grande inspiration avant d'exprimer son avis, très en colère.
-Écoute Odd, ce que je fais avec Aelita quand on est tous les deux est de l'ordre du privé. Alors oui, je vais te le dire, on a fait l'amour, et c'était très bien, oui, on a fait l'AMOUR, et pas taktak ou encore baiser comme tu dis si bien. Parce qu'Aelita et moi, nous nous aimons, et que c'est tellement plus fort entre deux personnes qui s'aiment SINCÈREMENT de tout leur être, contrairement à toi et toutes les filles avec lesquelles tu as pu coucher hors Samantha peut-être.
Tout le monde se tut, et Odd se recroquevilla, tout penaud.
-Bien parlé, Jerem', c'est si beau l'amour, approuvai-je.
Après un instant, Odd se ressaisit, et voulut détendre l'atmosphère comme à son habitude.
-Les gars, j'ai une super blague.
-Au point où on en est, vas-y, lâche-toi, soupira Yumi.
-Comment appelle-t-on un duel entre un petit pois et une carotte ? questionna mon ami avec un grand sourire.
-À vrai dire, ça m'est égal, avoua Jérémy.
-J'en sais rien du tout, confia Yumi.
-Vas-y, accouche, bougonnai-je.
-Un Bonduelle, rigola-t-il.
Je me frappai le front avec ma main droite :
-Mais non, il n'a pas dit ça, qu'il est con ! pestai-je avec un sourire.
Les autres ne riaient même pas.
-Bon, on n'irait pas chercher les clés ? suggéra Yumi.
Entre-temps, la fille et sa mère s'en étaient allées et nous avions le champ libre.
Yumi sourit lorsqu'elle reçut sa clé :
-C'est une chambre à deux, la 24, je le sais, ça veut dire qu'Aelita revient, s'écria-t-elle emplie de joie.
-J'ai hâte de la revoir, s'enthousiasma Jérémy.
-Et nous donc, conclut Odd.
Une fois les clés en main, nous prîmes l'ascenseur pour monter nos valises car, voyant qu'il nous était parfois très difficile de les monter, surtout pour les filles, du coup, ils avaient fait installer un ascenseur.
Nous entrâmes dans notre chambre avec Odd, elle sentait le renfermé.
-Ce ne sont pas tes chaussettes puantes qui sont restées tout l'été ? le taquinai-je.
-Pas du tout, je les ai toutes retrouvées, fit-il du tac-au-tac en relevant le menton.
J'ouvris la fenêtre et déballai mes affaires.
-T'y crois, toi, au retour d'Aelita ? lui demandai-je, sceptique.
-Bah oui, pourquoi ? Quelle question !
-Elle n'a pas dit qu'elle revenait, pourtant, c'est louche, tu ne trouves pas ?
-Non, Aelita ne dit pas toujours ce qu'elle fait ou quoi. Si ça se peut, elle l'a dit à Jérémy mais il nous réserve la surprise, répondit-il.
-Je ne pense pas que Jérémy nous cacherait une nouvelle si importante. Il a beau avoir sa vie privée avec elle, certaines choses nous regardent quand même, expliquai-je.
-Si tu veux, on peut aller lui demander, il pourra sûrement te répondre, proposa-t-il.
-Non, j'y vais, et toi, tu restes ici, sinon, ça va encore tourner en eau de boudin, décidai-je.
Sans un mot, je sortis de la chambre et frappai à celle de mon ami, qui m'ouvrit.
-Jerem' , tu crois qu'Aelita va revenir ? Parce que Yumi est dans une chambre à deux, comme elle avait demandé pour être avec Aelita.
-Oui, j'en suis sûr, sinon elle serait seule, ça n'a pas de sens. Mais je dois t'avouer que je n'ai plus eu de nouvelles depuis deux jours et je m'inquiète, elle ne répond plus à mes appels et à mes messages. Si ça continue, j'irai en Suisse voir si tout se passe bien.
Je fus ahuri par cette dernière phrase :
-Tu irais en Suisse la rejoindre ?!
-Bien sûr, si jamais il lui arrivait quoi que ce soit, je ne me le pardonnerais jamais. Je dois m'assurer, où qu'elle soit, qu'elle est en sécurité et que personne ne lui fait du mal, répliqua-t-il d'un air décidé.
-Et pour l'argent ? Que ce soit pour l'avion, le bus ou le train, il faut de l'argent, et ce n'est pas donné.
-Je travaille pendant les grandes vacances depuis deux ans, et puis j'ai encore mes étrennes qui sont sur mon compte en banque. Je ne dépense jamais, j'épargne pour les urgences comme celles-ci. Imagine une seconde, les ennemis de Franz Hopper sortent de prison, ils retrouvent Anthéa sous sa fausse identité, ils peuvent lui faire du mal, et à Aelita aussi, rétorqua-t-il.
-Mon vieux, je crois que là, tu te fais des films. Je pense qu'ils ne sont pas prêts de sortir de prison, le raisonnai-je.
-Pourtant, si elle ne répond plus, c'est qu'il se passe forcément quelque chose, et peut-être une chose grave.
-Et tu as essayé de joindre sa mère ? continuai-je.
-Je n'ai pas son numéro, mais Aelita m'a dit qu'elle lui avait donné le mien. J'ai été con, j'aurais dû le lui demander, et maintenant je le regrette. J'aimerais être seul un instant, souffla-t-il.
-Ok, alors à tout à l'heure pour le dîner, le saluai-je.
Je sortis de la chambre et retournai dans la mienne. Quelque chose de louche se passait avec Aelita et il fallait à tout prix le découvrir.

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