Chapitre 42 : Trauma

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Temple Shidobaura, deux jours plus tôt

PDV Kouko

« Tu ne peux pas faire ça ! hurlais-je à l'intention de Sotan qui faisait les cent pas dans la grande salle.

- Je ne peux pas les abandonner à nouveau ! se justifia t-il en me toisant soudain.

- Tu ne les as pas abandonné ! rectifiais-je sévèrement. Tu as sauvé ta vie et celle de ta sœur ! Allez seul dans l'antre de Bloody Light, c'est du suicide ! Pense un peu à Ria ! Et Takara !

- Ce sont mes camarades et j'ai promis de revenir les chercher ! s'exclama t-il, hors de lui. Bloody Light est affaibli, c'est l'occasion idéale !

- Tu n'as donc aucun sens des priorités ? tonitruais-je énervée. Qu'est-ce qui est le plus important ? Que tu restes en vie pour l'Asphera ou que tu fonces tête baissée dans la gueule du loup ? Et ne me fais pas croire que c'est de l'altruisme! Tu veux juste assouvir ta vengeance !

- Tu ne sais pas ce qu'ils subissent dans ces labos, lâcha t-il d'un ton morne. L'espoir est l'unique chose à laquelle ils peuvent se rattacher pour survivre !

- Quel espoir représentes-tu face à une armada de clones ? »

Il se tut, comme frappé à l'évidence et lassé, il se laissa retomber mollement sur le tatami, en tailleur. C'est à ce moment que Tenshi débarqua dans le salon, un jouet en main avant de s'installer vivement dans l'espace libre entre les jambes de Sotan. Quand le petit lui demanda de bien vouloir s'amuser avec lui, le grand blondinet attrapa le jouet de Tenshi dans une grimace chagrinée, puis fit mine de faire parler le personnage avec une voix absurde. L'enfant rigola et mon visage se radoucit, je vins me poster à leur côté. Dans un doux froufrou, je repliais les larges pans de mon kimono tandis que je m'asseyais, tels d'immenses pétales protégeant un fragile bourgeon.

« Ne sois pas ce qu'elle veut que tu sois, soufflais-je à l'oreille de Sotan qui, perturbé, cessa tout mouvement avant de pencher la tête vers moi.

- Je le suis depuis longtemps, déclara t-il dans un sourire amer. »

Je contemplais ce faux-sourire, à la limite de la fascination, avant de soupirer, vaincue. Son obstination allait donc une fois de plus le pousser à commettre des idioties. Pour autant, je n'étais pas sourde de ses motivations profondes. Il voulait de la reconnaissance, du soutien, de l'affection. Et il ne connaissait que le sang pour l'obtenir.

Je me souvenais parfaitement du jour où je l'avais trouvé, trempé jusqu'à l'os aux lueurs vacillantes des candélabres. Un petit corbeau blessé, malade et gémissant, qui pour unique réconfort, serrait contre son sein une gamine affaiblie. Ria était presque un bébé quand tout ceci s'est passé et, comme si elle redoutait que sa mémoire défaille, elle m'implorait encore et encore de lui conter ces événements sans omettre le moindre détail. Elle s'en souvenait, mais d'un souvenir vague et détaché alors que cette nuit avait marqué son frère au fer rouge.

Quand Sotan comprendra t-il qu'il n'est plus obligé de vivre pour cette souffrance ?

Présent, PDV Takara

« Je partirai ce soir, indiquais-je confiante. »

Au moment où nous tergiversions, un doux crépuscule annonçait déjà de décolorer le ciel mauve. Kouko, fidèle à son calme imperturbable, me scruta derrière sa tasse de thé tandis que Yukiko, la Renarde, se leva d'un bond, agitant sa queue animale frénétiquement.

« Tu ne peux pas partir sans moi, s'insurgea Foxy. Je crois savoir où Bloody Light le retient prisonnier.

- Tu as déjà fais assez pour moi, décrétais-je aussitôt. Dis-moi juste où...

RavenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant