« C'est-c'est quoi ces tremblements ? m'interrogea le gamin, s'extirpant de son mutisme.
- Accroche-toi bien petit et surtout, regarde pas en bas. »
Au moment fatidique, un déclic me fit réagir. J'ai empoigné un des barreaux de l'échelle – un qui ne tenait pas très bien en place – et je m'en suis servie contre La Renarde que j'ai éjecté d'un violent coup sur le crâne, alors qu'elle était sur le point de me planter ses griffes dans le dos. Elle eut juste le temps de me glacer d'un regard malveillant avant de sombrer bien plus bas, sans même abandonner son rictus. J'en compris la raison un instant plus tard, lorsque d'autres métamorphes grimpèrent à leur tour sur la roue. Certains empruntaient l'échelle mais des plus agiles avaient projeté de nous encercler en empruntant la voie des airs ou en escaladant. Je ne pus plus voiler la situation au gosse qui les vit s'approcher. L'oxygène se bloqua dans ma gorge. Comment les contrer ? Le même tour de passe-passe ne fonctionnerait pas deux fois. Je suis... prise au piège.
Le premier ennemi arriva bientôt à notre hauteur, planta ses crocs dans ma cheville. Un cri étranglé m'échappa avant que je ne me défende d'un coup de pied en plein dans sa mâchoire. Il lâcha prise, faisant tomber celui qui le talonnait. Et de deux.
Mais le pire arrivait. J'ignorais si j'allais encore réussir à leur faire face. Ma cheville injuriée me faisait souffrir, je me contentais de serrer les dents. C'est là que l'enfant m'a regardé de ces mêmes yeux éperdus, ces mêmes yeux qui reflétaient son désespoir. Je me suis rappelée que je n'avais pas le droit d'échouer.
Le prochain fonça droit sur nous, toutes griffes dehors. J'ai ramené la tête du petit contre ma poitrine, en prévoyance du danger imminent. La scène se passait au ralenti et je n'avais toujours pas de solution. Les spasmes qui me remontaient la jambe avec toujours plus de puissances m'empêchaient de réfléchir convenablement. Quand bien même...
Il était trop tard.
Une détonation fusa soudain. Devant moi, l'adversaire expulsa de l'air sous le choc. Je vis son visage être déformé de stupéfaction jusqu'à ce que, comme vidé de toutes forces ou volontés, sa silhouette se fondit entre les poutres. Telle une poupée désarticulée, il en frappa plusieurs avant de toucher finalement le sol, méconnaissable. Un sort pas moins clément frappa les autres candidats, tous victimes d'une balle mortelle dans la poitrine ou la tête. De mon cœur en sursis jaillit de nouvelles vagues de flux sanguins qui heurtèrent mes doigts, puis mes tempes avec une férocité démentielle. Je me retournais en hâte vers la foule. Qui ? Qui avait tiré ? De toutes évidences, il s'agissait d'une personne expérimentée pour avoir réaliser des tirs aussi précis, aussi rapides.
Mon regard survola les spectateurs encore en lisse. C'est alors que je le vis, le sniper. Il écarta son visage du viseur et je le reconnus. Campé aux abords d'un bâtiment, Sotan avait tiré. Les pupilles rondes comme des billes, j'étais sidérée. L'Asphera comportait vraiment de bons éléments.
Par la suite, le garçon me bombarda de questions, sans me laisser ni le temps de les enregistrer, ni d'y répondre. J'étais trop focalisée sur notre course contre-la-montre pour m'y intéresser en somme. Je l'ai donc prié de se concentrer sur la descente, il obéit et nous reprenions avec ardeur. Cependant, je pouvais aisément le comprendre. J'étais moi-même encore secouée en mon for intérieur.
Une nouvelle fois, un visiteur entreprit de nous rejoindre. Néanmoins, il s'agissait d'un allié à mon plus grand soulagement. Archold prit d'abord le gamin à sa charge, puis m'interrogea sur mon état. En effet, les marques de crocs sur ma cheville avaient déjà empourpré ma chaussure. Pour ne pas effrayer le gosse, je minimisais la gravité de l'affliction en feignant un sourire. Il allait de soi que mon ami Archold savait que je mentais. Ne pouvant les suivre, faute de ma lenteur, mon ami s'empressa de ramener le petit à terre. Mais il avait en tête de revenir me chercher une fois sa besogne accomplie. Ça irait, nous n'étions plus si haut désormais.
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Raven
Paranormal[ En cours. ] Personne n'est tout blanc ou tout noir. C'est une leçon par laquelle on passe tous. Pourtant, il y a cette ombre, cette ombre vengeresse qui ne laissa derrière elle que des plumes noires, des plumes de corbeau. Takara, jeune lycéenne...