Raven

Chapitre 3 : Vérité

« Tu es sûre que ça ira ma chérie ?

- Je ne suis plus un bébé m'man. » râlais-je.

Anxieuse, je croisais les pieds sous mon siège. Dans la pièce régnait un silence pesant, bien que partiellement brisé par les déplacements incessants des agents. Je reconnaissais la façon dont ils me scrutaient. Un mélange de compassion et d'espoir. Ils attendaient une piste, un indice qui les éclairerai mais je n'avais rien de tout ça. Mon histoire était bancale, trop irréelle. Ils me diront folle et me renverront dans l'hôpital d'où je viens. Mais c'était le prix à payer pour ramener mon frère. Enfin, si mon aide s'avère utile.

Voilà bientôt une heure que je songeais en cette salle d'attente, attente qui jamais ne m'avait importuné...jusqu'à aujourd'hui. Je sais que je jouais la vie de mon frère. Tenshi, je promets de te sauver, de t'arracher aux griffes de Raven et de lui faire payer. Ses actes ne resteront pas impunis, fais-moi confiance petit-frère.

Ça, c'est ce que je lui aurais dit s'il était là.

Un grincement sourd me sortit soudainement de mes pensées puis deux personnes apparurent dans mon champ de vision, un homme d'âge mur et une jeune femme. A leur uniforme, je compris qu'ils étaient de la police, sans doute ceux qui allaient m'interroger.

« Mme Hanae je suppose ? commença le policier en serrant la main de ma mère.

- Nous aimerions poser quelques questions à votre fille si vous voulez bien, précisa la dame dans un léger sourire. (Elle se tourna vers moi.) Tu dois être Takara n'est-ce pas ?

Je hochais la tête en signe de confirmation avant de serrer sa main à mon tour. Elle avait la poigne assez ferme mais certainement n'était-ce pas voulu. Ma mère les devança :

- Allez vas-y chérie. Tout le monde compte sur toi.

- Suivez-moi Mademoiselle. » reprit l'agent d'un ton qui se voulait rassurant.

Une nouvelle fois, j'acquiesçais et leur emboîtais le pas, ne laissant à ma mère que le soin de contempler mon intarissable sourire chaleureux.

Par la suite, la porte métallique claqua fermement dans mon dos. Je les suivis dans un long couloir grisé aux lumières artificielles. De part et d'autres s'entassaient des bureaux, vides pour la plupart. J'arrangeais une mèche de mes cheveux, nerveuse, alors que la policière m'invita dans une pièce close à sa droite. Je ne montrais pas de réticences et y rentrais.

Elle comportait essentiellement trois chaises et un bureau mais également une caméra disposée dans un coin. Ça n'avait rien de surprenant. Ils allaient filmés tout ce que je dirai afin d'analyser ensuite mon témoignage. Mais ce ridicule détail ne me fit pas pour autant reculer et je vins m'asseoir sur le siège qui m'était réservé, prête à faire face à l'interrogatoire.

« Alors mademoiselle, (Elle consulta des dossiers.) Takara HANAE, âgée de 17 ans le 19 octobre dernier, vous étudiez au lycée Shidoribashi et vous résidez dans le 5ème arrondissement de Tokyo. Vous vivez sous la responsabilité de vos deux parents et votre frère cadet, Tenshi HANAE est porté disparu à ce jour. Me confirmez-vous ces informations ?

- Oui, fis-je fermement.

- Bien. Je vais vous demander de me raconter ce que vous avez vu hier avec le plus de détails possibles. Prenez le temps qu'il vous faudra.

Je pris une grande inspiration, me laissant de nouveau submerger par les images cauchemardesques de cet événement. J'eus un instant un mouvement de recul mais je ne voulais pas fermer les yeux. Cela signifierait abandonner les victimes de ce massacre, abandonner mon frère et ma promesse, abandonner mon courage. Je me résolus donc à fixer un point devant moi, mes doigts se crispant sur les accoudoirs de mon fauteuil.