Chapitre 40 : Le FSAM

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Avez-vous déjà eu cette impression ? Celle d'entendre sans vraiment entendre ? De voir... sans vraiment voir. De sentir lentement vos membres s'alourdir, épuisés d'avoir mené un si long, un si langoureux combat. Et vos muscles vous brûlent, vos paupières peu à peu s'abaissent, votre voix s'éteint tout comme les sons se dissipent. Le néant lentement remplit son rôle, tel un roi qui, de part votre faiblesse, ne peut être détrôné. Cette impression-là m'envahissait, celle de statuer entre le réveil et le sommeil.

À dire vrai, je sentais qu'on me trimballait. J'aurais aimé bouger mais mon corps dormait, pourtant j'étais consciente, enfin plus ou moins. Des paroles me parvenaient et je les buvais les unes après les autres. Mais vous l'aurez compris, dans l'état où je me trouvais emprisonnée, je restais inerte. Je ne pouvais les comprendre.

J'avais échoué.

Petit à petit, j'ouvrais les yeux, lassée de cogiter dans le noir. Si je m'attendais à une explosion de lumière, je m'étais méprise. Car les ténèbres étaient toujours là, plus dense que jamais, si bien que je doutais un moment de m'être éveillée. Alors, dans le but de le vérifier, je voulus porter mes mains à mon visage. Encore empreint d'un malicieux sommeil, je remuais faiblement pour finalement me rendre compte que mes bras étaient enchaînées. De plus, je pus sentir le frottement familier de mes ailes sur le mur dans mon dos. Glacée d'effroi, j'entrepris de relever la tête mais elle était anormalement lourde, je fis la grimace. Où... suis-je ?

D'un coup d'œil furtif, je ratissais les lieux. La tâche s'avérait cependant difficile. Tout était si sombre, en dehors de fines lueurs qui dépassaient le seuil de la porte blindée face à moi. D'un rictus attristé, les événements me revinrent clairement, les scènes s'étalèrent en ma mémoire. Et j'étouffais un juron, une plainte. Je venais de réaliser dans quelle merde je m'étais fourrée.

Enchaînée comme une bête sauvage, j'étais retenue captive dans une cellule.

Mes vêtements était poussiéreux et humides, je ne tarderai pas à avoir la chair de poule, tant par le froid que par mes craintes. Mais avais-je seulement peur ? Sincèrement, j'ignorais moi-même ce que je ressentais. Je ne comprenais probablement pas encore très bien ce qui m'arrivait.

Prisonnière du FSAM... Force Spéciale Anti-Métamorphes hein ? Je pouffais de dégoût. Quand le gouvernement réagissait enfin, il fallait que ça me tombe dessus. Quelle ironie ! Furieuse, je tirais sur mes chaînes. Cela ne fit qu'amplifier la douleur à mes poignets et chevilles. À mes pieds, il y avait un petit tas de plumes crasseuses que j'avais fini par arracher à force de gesticuler.

« Tu te réveilles enfin... »

Une voix morne résonna près de moi et ma colère s'évapora aussitôt. Ce fut à ma plus grande surprise que je découvris que je n'étais pas la seule retenue dans cette cage. Quelqu'un d'autre était enchaîné à proximité, de sorte qu'en tournant la tête, je pouvais l'apercevoir. Dans l'obscurité, une fine silhouette se dessinait. Ce profil terne et singulier se pencha vers moi, je pus distinguer avec une clarté étrangère la précision des traits. Cette vision accrue appartenait à coup sûr à celle d'un métamorphe ce qui me déstabilisa le temps d'une seconde. Cependant, je laissais mes remarques de côté pour m'adresser à la Renarde :

« Alors toi aussi, ils t'ont eu, constatais-je attristée en faisant tinter mes fers. Qu'est-ce qu'ils nous ont injecté au juste ? Un calmant ?

- Une métamorphe hein ? On peut dire que tu cachais bien ton jeu, Takara.

- C'est Bloody Light qui t'envoie ? Dommage que ta mission ait été compromis, m'amusais-je amèrement.

- J'ai quitté Bloody Light, rectifia t-elle agressivement.

RavenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant