Chapitre 27

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Je suis sur le pont du navire qui me ramène auprès de ma famille, de mon clan. Dans quelques jours, je foulerai le sol de l'Irlande, ce pays qui m'a vu grandir et devenir un homme. Même si je ne ne ramène pas celle ou celui pour qui nous étions partis. Je ne rentrais pas les mains vides non plus.

Mais malgré cela, je reste tourmenté, je n'arrive pas à me joindre à la joie de mes hommes. Ils sont tellement heureux qu'ils ne remarquent pas mon manque d'entrain à ce retour. Je devrais être saoul au point de plus pouvoir marcher mais au lieu de cela toutes mes pensées vont vers . . . elle . . . vers Eivor.

Je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour elle, seule dans cette cabine. Audar m'a assuré qu'il prendrait soin d'elle et laisserait un garde à sa porte pour ses besoins. Ce qui me rassure plus ou moins mais je n'ai d'autre choix que de le croire mais si j'ai des doutes.

_ Allez, Thorsten, mon ami, viens boire avec nous, me dit Gunnar en me gratifiant d'une accolade bourrue.

Voyant que je cherche une échappatoire à cela, mon meilleur ami qui me connaît depuis toujours me prend de vitesse.

_ Oh non ! Mon vieil ami ! Je compte te voir ivre avant de tomber moi-même de ma chaise, termine-t-il en riant.

Sa bonne humeur est contagieuse et de toutes manières je ne peux rien faire de plus. Alors autant le suivre. Les verres se suivent et l'ivresse tant désirée n'arrive pas. En tout cas pas suffisamment pour oublier l'émeraude de ses yeux, . . . l'acajou de ses cheveux, . . . le rose de ses lèvres, . . . le blanc laiteux de sa peau, . . . la volupté de ses caresses, . . .

En rage contre moi-même d'être si faible face à une captive. Je me lève vivement et sors faire quelques pas sur le pont pour reprendre le contrôle de mes pensées. L'alcool ne m'a pas aidé comme il l'aurait du. Encore une fois, mes pas m'amènent vers sa cabine et je stoppe voyant le garde. Je soupire rassuré, au moins Audar ne m'avait pas menti sur ce point.

Allongé sur ma couche, je n'arrive pas à dormir. Sans vouloir vraiment me l'avouer, je me rends compte que m'endormir sans elle à mes côtés relève de l'impossible. Je me tourne et me retourne me demandant si elle aussi peine à trouver le sommeil. Je maugrée contre moi-même d'avoir cette pensée. Comment pouvait-elle avoir pris autant de place dans ma vie alors que je ne l'avais même pas possédé. Bien que l'envie ne m'a jamais quitté de la faire mienne. Dans un sens, elle est devenue indispensable à mon équilibre quotidien.

J'en viens presque à regretter que l'on nous ait trouvé sur cette île. Quelques part tout était plus simple là-bas. Je faisais attention la journée mais le soir dans notre maisonnette, je pouvais me laisser aller, être moi-même, l'avoir à mes côtés. Eivor me calme, elle tempère mon côté sauvage. Et je l'admire de me laisser cette chance, de m'avoir pardonné. Elle a pardonné les horreurs que j'ai faites dans ce village, . . . dans son village. Après avoir vu le monstre qui sommeille en moi. Elle m'avait soigné, avait pansé mes blessures.

Je ne compte même plus le nombre de nuits que j'ai passé à la regarder dormir à la lueur de la lune. Je compte plus les nuits où j'ai modéré mes ardeurs me martelant l'esprit en me disant que je ne la méritais pas. Qu'avais-je fait de bien pour avoir une telle femme à mes côtés ?

Le reste de la traversée passe rapidement. Je voudrais tant qu'Eivor foule le sol de l'Irlande à mes côtés . . . mais c'est impossible. Elle quittera le navire en dernier, avec les autres . . . esclaves que nous ramenons.

Gunnar m'a annoncé qu'il comptait garder Ragna à son service. Apparemment, elle aussi est devenue pour lui bien plus qu'une simple captive. Il parlait même hier soir de faire une demande pour lever sa condition d'esclave. Même si je le comprends, je lui conseille quand même de prendre le temps avant de faire une telle demande à mon père.

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