Chapitre 40

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Ulrik enlace ses doigts aux miens et me ramène dans la maison qui est maintenant la sienne en tant que combattant pour le clan. Il ne me dit pas un mot et ne me pose aucune question. Ce dont je lui suis reconnaissante. Mais une fois à l'intérieur, il rompt ce silence.

_ Va dormir, tu en as besoin. Je vais préparer de quoi manger pour quand tu te lèveras. Car je suppose que tu vas devoir y retourner, termine-t-il en essayant de ne pas montrer son agacement.

Je le regarde comme si je découvrais un nouvel Ulrik. Le fils aîné valeureux et impétueux du jarl Joründ allait me préparer à manger alors que c'est moi qui était normalement à son service. Il avait beaucoup changer depuis que nous avions quitté notre Danemark natal. Voyant mon air pour le moins surpris, Ulrik se décontracte. Il reprend avec un léger sourire qui étire sa cicatrice sur sa joue. Le voir sourire me fait du bien, cela me ramène à ma vie d'avant .. . plus simple.

_ Tu sembles surprise, petite Aslaug, se moque-t-il gentiment.

En l'entendant m'appeler ainsi, je retrouve le jeune viking que je connaissais depuis mon enfance. Et cela me fait du bien. Contre toute attente et malgré la fatigue, un léger sourire ourle mes lèvres.

_ Va dormir, tu es épuisée, reprend-t-il le plus sérieusement du monde.

_ Mais si . . ., commençais-je

_ Ne t'inquiète pas, s'il y a le moindre problème ou s'ils ont besoin de toi, je viendrai te chercher. Il baisse la voix et reprend, je sais où est notre place dans ce nouveau clan.

Il se rapproche de moi, prends mes mains dans les siennes et colle son front contre le mien avant de reprendre avec une voix presque étouffée.

_Mais je te promets que les choses vont changer. Tu mérites mieux que cela. Tu mérites ce qui te reviens, ma douce et belle Aslaug.

Puis il s'éloigne de moi et commence à s'affairer. La fatigue me guide jusqu'au lit où je m'effondre. Le sommeil me gagne instantanément. Mais ce calme apaisant et réparateur ne dure pas .

Le bruit d'une conversation étouffée mais animée me tire de mon sommeil sans rêve. Mais j'y prête davantage attention quand je reconnais la voix de Ragna, la voix de celle qui est ma meilleure amie depuis toujours.

_ Tu es complètement fou Ulrik ? L'entends-je dire.

Je n'avais jamais entendu Ragna lui parler avec aussi peu de respect.

_ Mon devoir est de la protéger, lui répond ce dernier agacé.

_  Écoute je comprends ta position. Mais il faut que tu arrêtes de te faire remarquer. J'ai déjà eu du mal à faire à croire à Gunnar que tu n'étais qu'un simple fils de pêcheur quand il t'a vu te battre . . . Et maintenant tu te conduis avec elle comme si elle étais de ta condition alors que tu devrais reconnaître en elle, la fille de ton ancien jarl, le rabroue-t-elle.

J'entends Ulrik maugréer mais je n'arrive pas à saisir les mots qui sortent de sa bouche.

_ Ulrik, je te demande juste de faire un peu plus attention. Je ne pourrais pas endormir Gunnar plus que je ne le fais déjà,reprend-t-elle un peu plus douce.

_ En même temps endormir Gunnar n'a pas l'air de te déplaire plus que cela, lui répond-t-il vivement.

_ Ne me parle pas sur ce ton, car entendant n'oublie pas qui te protège et qui la protège, termine-t-elle avant de sortir en claquant la porte.

Je sors doucement du lit en m'étirant et constate que le jour se lève à peine. Ulrik ne me voit pas entrer dans la pièce principale. Il me tourne le dos et regarde le feu dans l'âtre. Mais à la façon dont ses poings sont serrés au point de faire blanchir ses jointures, je comprends aisément qu'il est encore tendu de la discussion.

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