Chapitre 45

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J'avance aux côtés du jarl, . . . mon père, dans les couloirs du château de mes ancêtres. Ma tenue est à la fois celle de la digne héritière d'un clan viking. Mais en même temps, il y a des pièces comme cette ceinture ou encore les finitions de ma coiffure qui rappelle les origines irlandaises de ma mère, Éléanore . . .

Arrivée devant la double porte de la grande salle, mon père marque un léger temps d'arrêt et presse délicatement ma main pour attirer mon attention.

_Ne t'inquiète pas Aslaug, ils t'accepteront, me rassure-t-il, même les plus récalcitrants, termine-t-il avec un ton plus dur cette fois.

C'est alors que deux vikings, qui gardent les portes de la grande salle, les ouvrent sur un simple signe de tête de mon père. Avant que les deux grands battant ne s'ouvrent, on entend déjà la musique, les rires et les discussions animées. Tous les ingrédients d'une fête Viking réussie. Mais le grincement du à l'ouverture de cette dernière plonge la salle dans un profond et assourdissant silence. Tout le monde se fige puis toutes les têtes se tournent dans une seule direction, celle où je me trouve au bras de mon père.

Afin de me rassurer, mon père pose ma main sur son bras et presse encore une fois ma mains en signe de réconfort. Puis nous faisons un pas, . . . puis un autre, . . . et encore un . . . je ne perds pas de vue l'objectif, la table d'honneur située de l'autre côté de la salle. Table où siège déjà Vidrün la femme de mon père, Thosten avec Sigfrid à ses côtés, Gunnar et mon amie d'enfance que je croyais avoir perdue Ragna, et enfin Ulrik, dont le regard bienveillant m'aide à garder la tête haute. La chaleur que je lis dans les yeux de mes amis m'aident à affronter la froideur et le dédain de Vidrün et Sigfrid.

Je fais tous les efforts du monde pour ne pas regarder Thorsten. Je ne veux pas savoir. Je n'ai pas la force de lire dans son regard ce qu'il pense ou . . . pire . . . ce qu'il pourrait ressentir à mon égard. Mais fort heureusement pour moi, la traversée s'est avérée moins pénible et longue que je ne le pensais. Nous contournons la table et nous nous retrouvons au centre de celle-ci face à une assemblée silencieuse et attentive.

Mon père prend alors la parole face à cet auditoire pour me présenter.Je me sens rougir devant les compliments que me fait ce dernier. Puis j'entends comme un bourdonnement, je me concentre pour ne pas laisser aller au malaise que je sens arriver. J'entends de loin ce que dit mon père mais je ne comprends que les grandes lignes. Je saisis qu'il raconte mon histoire sans pour autant faire de l'ombre à Vidrün ou à Thorsten. À la fin, il prend ma main dans la sienne et les lève en l'air. Puis il clame haut et fort.

_À Aslaug Mac Doughal Gunderssen, . . . ma fille et digne héritière de mon clan.

Toute l'assemblée lève alors son verre et répète mon nom comme une acclamation en réponse aux paroles de mon père, leur chef. Ensuite, il prend place et m'incite à faire de même. Puis il y a à nouveau un toast en mon nom et le banquet reprends son cours.

J'avoue que voir les personnes vaquer de nouveaux à leurs discussions et que le repas soit servi, m'aident quelque peu à me détendre. Les serviteurs reprennent rapidement le service. Je reste figée, le regard braqué sur mes mains posées sur mes genoux. Même si l'ambiance est à la fête, et que les tensions semblent apaisées. Je n'arrive pas à me détendre en le sachant à seulement quelques chaises de moi . . .

J'avais senti son regard sur moi lors de la traversée de cette salle, lors du discours de notre père. Le savoir si proche de moi m'est encore très douloureux mais je ne dois rien montrer. Son mariage sera célébré demain en fin d'après midi. Et malgré mes sentiments, je me dois de me comporter comme une sœur exemplaire.Une sœur fière et heureuse de voir son aîné se marier à la femme qu'il aime et qui porte son enfant qui plus est.

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