Valéry ressort de la chambre parentale, chassé par les bras de son père, qui le repousse. Son corps vient se rattraper sur le mur d'en face. Il tient sa veste dans sa main. Son épaule gauche est dénudée et un bleu est peint sur sa clavicule. Le garçon est rouge de marques de violence. Sa joue a viré au violet et gonfle déjà. Il appuie son dos contre le mur et se laisse tomber. L'ours regarde maintenant la télé dans sa chambre, en sirotant une bière. Il veut être seul. Valéry se met à pleurer. Il se recroqueville sur lui-même et plonge sa tête entre ses genoux.
« Des larmes, toujours des larmes » se dit-il, « Il a réussi ».
Il se relève et descend dans l'entrée. Il met ses chaussures et laisse l'appartement et ses douleurs derrière lui. Il prend soin de ne pas claquer la porte lors de son départ. Il ne veut pas être suivi ; que ce soit par son père, ou encore Roland. Il a besoin d'être seul. Il ne s'en va pas loin. À vrai dire, il reste devant chez lui, adossé au mur de béton blanc. Il inspire plusieurs fois, face à la foule. Certains piétons le dévisagent. La vue de ses blessures les effraient, les rebutent. « Encore un gamin qui se bat » doivent-ils penser. Malgré les larmes écoulées plus tôt, son visage paraît détendu, apaisé.
« C'est enfin fini... » se rassure-t-il « Jusqu'à la prochaine fois ». Valéry se met à marcher quelques minutes. Il observe les parisiens s'empresser de rentrer du travail, ou encore acheter du pain chaud dans les boulangeries. Des parents font la surprise aux enfants d'acheter des desserts. Il les envie.
Valéry entreprend l'idée de rentrer chez lui et empreinte le chemin inverse. Cette fois d'un pas décidé dont nul parisien ne peux l'en extraire. Il veut rentrer chez lui. Le froid a engourdi ses pieds. Une fois devant sa porte, il s'arrête. Il entend des bruits. Des jurons provenant de la bouche de son père. Des insultes à son égard. L'ours semble le chercher depuis un moment et protester contre l'absence de son fils. Valéry reprend son souffle. Son pou accélère, les battements de son cœur cognent, crient et le meurtrie. Il est temps.
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Le miroir des siècles
General FictionAlors que certains reçoivent des caresses, d'autres sont atteints par la main d'une brute. Isolé du reste de Paris, seul dans une chambre, Valéry guette l'instant où sa vie serait prête à lui offrir un temps d'allégresse. Mais lorsqu'il se perd à r...