La femme s'avance vers son fils, d'une démarche enchanteresse. Une robe noire dessine sa peau et épouse sa musculature. Dévoilant ses mollets. Elle a l'élégance d'une reine, au rouge à lèvres sanglant. Elle dépose les talons de ses chaussures avec le talent d'une équilibriste royale. Ses hanches ondulent durant sa démarche, faisant chavirer plusieurs visages curieux.
- Je t'avais dit que je ne voulais pas te voir ; encore moins te parler, déclare Valéry
- Pourtant tu prends la parole le premier...
- S'il-te-plait, vas-t'en, demande Valéry.
- C'est aussi mon procès. Valéry, tu es mon fils, et quoi que tu penses, je t'aime.
Le jeune homme laisse échapper un rire.
- C'est faux, et tu le sais.
La femme baisse la tête et se pince les lèvres, lui donnant raison.
- Je sais maintenant reconnaître l'amour. Je sais ce que c'est et ce n'est pas ce que tu ressens. Ne te donnes pas la peine de mentir. Je crois être assez fort pour m'en remettre, ironise Valéry.
- Si j'apprenais à te connaître... Si nous pouvions parler plus longuement...
- Mais j'en ai pas envie ! La coupe Valéry. Tu ne prends même pas la peine de me demander si ça va. Si tu voulais vraiment parler, tu aurais pensé à me poser cette question si évidente. Après tout, je ne t'ai pas vu depuis quoi ; dix ans ? Douze ans ? Ce n'est peut-être pas assez pour toi. Tu sais ce que ça fait de se sentir délaissé ? Indésiré ? Parce c'est exactement ce que j'ai ressentis quand tu es parti, et ce que tu m'as fait ressentir tout au long de ma vie. Je ne veux pas de tes excuses. Au moins, le fait de te rencontrer aura servi à une chose ; te dire en face à quel point t'es une merde. Tu m'as fait me sentir comme une merde, à ton tour d'en être une ! T'es même pas à la hauteur de mon père, qui lui, était là pour moi.
Valéry sent sa gorge se serrer, se comprimer ; l'étrangler. Le chagrin a raison de lui et le fait prendre congés. Le silence revenu, il contourne sa mère et s'en va. Accompagné de Roland, il se dirige vers la salle d'audience.
- Tu avais raison, ça fait un bien fou ! Souffle-t-il au garçon avant de se mettre à rire.
- Tu m'as impressionné ! J'avoue que je ne m'attendais pas à des phrases aussi directes de ta part. Et ce vocabulaire, se moque Roland. Elle mérite de l'entendre. Peut-être vient-elle de réaliser, trop tard, que son fils lui manque, révèle-t-il.
- Trop tard, comme tu l'as dit.
Les deux garçons s'arrêtent devant la pièce boisée. Il se font alors face et se dévisagent durant plusieurs secondes. Valéry voudrait garder Roland auprès de lui. Cependant, il veut affronter cette épreuve seul.
- Je dois entrer et te laisser...
- Je sais. Nous nous retrouverons après, sourit Roland.
- Prend soin de toi !
- Et toi, ai confiance en qui tu es.
Comme un adieu avant la renaissance ; un au revoir à une ancienne vie, les deux garçons se regardent une dernière fois dans les yeux. Puis Valéry délaisse Roland et pénètre dans la salle derrière lui.
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Le miroir des siècles
General FictionAlors que certains reçoivent des caresses, d'autres sont atteints par la main d'une brute. Isolé du reste de Paris, seul dans une chambre, Valéry guette l'instant où sa vie serait prête à lui offrir un temps d'allégresse. Mais lorsqu'il se perd à r...