L'assistance se lève. Le public se retourne. Sa présence semble attirer la foule. Lui, ne regarde personne. Il vient s'asseoir sur le devant de la « scène », face aux jurés. Le conseil prend place. Mais Valéry garde les yeux rivés sur ses mains. Le public se tait peu à peu. Le jeune homme n'entend que son cœur exploser dans sa poitrine. Il veut soudain s'enfuir au loin, devenir invisible. Disparaître, aux yeux de tous. De Roland.
Des bruits de chaînes résonnent. Puis des pas. Une ombre bleutée frôle les yeux de Valéry. Le garçon relève le visage avec lenteur. Son regard croise celui de son père, fermement maintenu par deux policiers. Le jeune homme sent son poul l'étouffer avec adresse. L'ours traverse la salle et rejoint les bancs, alors que son fils contient les larmes. Son avocat lui adresse quelques mots. Mais l'ours n'y prête pas attention. Il se retourne vers Valéry et le dévisage. Avant de lui adresser un sourire, pure.
Le jeune homme se sent soudain bouleversé. Alors qu'il ne peut détourner les yeux de son père, il se sent épris d'une brûlante chaleur. Enfin, d'une immense tristesse. Son menton se met à trembler. Il ouvre la bouche, l'écume s'étire entre ses dents. Valéry se penche en avant, pour mieux voir son père. Le chagrin l'emporte. Il cache ses larmes en abaissant lâchement la tête. Son corps entier tremble. Il tente de cacher ses émotions et l'agitation de ses mains.
Le juge impose sa voix parmi l'assistance. Le jeune homme sursaute sous l'impulsion de ses mots, bordés de violence.
- Bien, accusé, levez-vous, prononce le vieil homme.
« Accusé », un grand mot pour une personne aussi impuissante, en ce moment. Un nom que Valéry se sent coupable d'entendre.
- Vous êtes accusé de violence faites sur votre enfant, et avez été vu en présence de témoin, continu-t-il.
Valéry se retourne vers sa mère. La femme prend un air supérieur, qui ne lui convient pas. Le masque du monstre serait plus exacte. La parole est ensuite donnée à l'avocat du monstre. Mais Valéry ne retient pas un mot. Il ne met aucun sens sur les phrases dites. Il ne pense qu'à partir. Ainsi qu'à sa culpabilité. Il entend sa mère parler, au loin. Une voix ressort alors de l'assemblée.
- J'appelle Valéry Moreau à la barre.
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Le miroir des siècles
Narrativa generaleAlors que certains reçoivent des caresses, d'autres sont atteints par la main d'une brute. Isolé du reste de Paris, seul dans une chambre, Valéry guette l'instant où sa vie serait prête à lui offrir un temps d'allégresse. Mais lorsqu'il se perd à r...