6. Iko, Heart Of Stone

34 4 0
                                    

Valéry pénètre dans sa chambre, torse nu, le visage rouge. Il s'assied sur son lit, le regard vide. Ses yeux barricadent des larmes. Le jeune homme a déjà bien trop pleuré. Aujourd'hui ces gémissements n'ont plus aucun sens. Roland n'est pas auprès de lui. Il ne s'est pas montré du reste de la journée.

Valéry reste impassible durant des heures, sur ses draps bleutés. Il sent une caresse adoucir son visage et détendre sa mâchoire acérée. Il ferme les yeux. La main blanche effleure ses cheveux et se tâche du sang sec de ses blessures.

- Que t'es-t-il arrivé ?

Roland touche la joue coupée de Valéry du bout des doigts pour ne pas l'abîmer d'avantage. Avec la plus grande tendresse, il effleure ses lèvres fendues et éloigne sa main pour regarder de nouveau le jeune homme.

- Chaque époque a sa guerre, confie Valéry.

Ses yeux, fatigués, libèrent les larmes contenues qui s'évadent de leur barricade. Ses joues se noient peu à peu. Le visage du garçon reste cependant neutre. Il ne dévoile aucune douleur ni aucune colère.

- Que s'est-il passé ?

- C'est la façon dont mon père me dit qu'il tient à moi, qu'il m'apprécie. Il a peur d'aimer.

- Moi je t'aime bien mais je ne veux pas te frapper.


Le regard absent, Valéry feint ne pas avoir entendu les dernière paroles de Roland et allonge sa tête sur son épaule amaigrie. Il ferme les yeux et respire faiblement. Roland sent sa tête lourde s'imposer sur sa clavicule et s'interdit à respirer, ne voulant pas le réveiller. Il observe le soleil s'endormir par-delà les fenêtres. Il prend le courage de déposer sa main droite sur le bras opposé de Valéry, apaisant les tremblements du jeune homme, blessé. Son souffle s'enrichit, résonnant aux oreilles de Roland.

- Les allemands n'ont pas fait violence parce qu'ils avaient peur d'aimer. Je crois qu'ils ne savaient pas comment haïr.

Le miroir des sièclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant