Roland entre dans la chambre. Valéry s'est endormi. Il est allongé sur les draps et a les jambes recroquevillées. Il a un visage d'enfant. Ses joues sont roses, ses cils mouillés. Sa tête se repose sur ses deux mains. Il a l'air si paisible. Roland s'assied en face de lui ; sur le lit d'à côté. Il le regarde, l'observe. Il ne prononce pas un mot. Ne laisse pas échapper un bruit. Roland distingue des larmes sur les joues du jeune homme et comprend qu'il a pleuré, lui aussi.
Un baiser peut être destructeur.
Roland se redresse et vient s'agenouiller tout près de Valéry. Il le regarde. L'entend respirer. Voit ses narines se gonfler et s'abaisser. Contemple ses paupières closes. Ses cheveux qui s'ondulent et les mèches qui s'entremêlent les unes aux autres. Leurs pointes qui forment une boucle. Roland pose sa main sur la joue de Valéry. Il la caresse faiblement. Puis il croise ses bras sur le matelas du jeune homme et y allonge son menton. Sa respiration effleure le visage de Valéry. De là, il peut mieux le voir. Chaque détail de son visage. Chaque infime partie de sa peau. Chaque ride. Quelques centimètres les séparent. Roland allonge un peu plus sa tête sur la droite. Il ferme les yeux et s'endort à son tour.
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Le miroir des siècles
General FictionAlors que certains reçoivent des caresses, d'autres sont atteints par la main d'une brute. Isolé du reste de Paris, seul dans une chambre, Valéry guette l'instant où sa vie serait prête à lui offrir un temps d'allégresse. Mais lorsqu'il se perd à r...