Les deux garçons passent de grandes portes blanches qu'il poussent de toutes leurs forces. Le ciel leur est alors dévoilé ainsi que la succession des toits de Paris. Ils s'avancent humblement vers les rebords du bâtiment et s'émerveillent à la vue de la ville endormie s'éveillant peu à peu sous les rayons délicats du soleil. L'astre semble sortir des profondeur et quitter un rêve agréable pour en faire partager le monde entier.
- C'est beau, souffle Roland tout en projetant son regard au loin, dans l'amazone d'un soleil levant, émergeant à peine du sol et propageant sa douce lumière orange.
- Beau à en mourir ! Répondit Valéry.
Ce dernier se penche par delà le balconnet du toit et contemple le vide. Tout deux prennent le temps de contempler le spectacle devant eux, comme pour se remémorer chaque seconde écoulée.
- Valéry, pourquoi ne vas-tu pas à l'école ?
Valéry arque un sourcil, surpris de la question. Il prend quelques secondes de réflexion avant de répondre.
- C'est parce que je suis malade. Mon père m'a extrait de l'école quand j'étais petit pour ne pas infecter les autres de ma classe. Du coup je prends des cours à domicile sur ordina... enfin à la maison.
- Tu as quel genre de maladie ?
- Une maladie monstrueuse. Mon père fait tout ce qu'il peut pour me guérir.
Valéry se penche d'avantage vers le vide, au-delà du muret.
- Est-ce que c'est assez haut pour en être mortel ?
- La chute te tuerait sûrement.
- Elle me broierait sûrement les os avant que je ne suffoque à cause de la douleur. Souffrir avant de mourir, quelle poisse ! Relève Valéry.
- Tu as peur de mourir ?
- J'ai peur de vivre.
- Pourquoi ?
- Quand je vis je ne pense qu'à la mort et ça m'angoisse. Pourtant on sait tous qu'on va y passer. Je pense que l'on n'a pas peur de la mort elle même. On a peur parce qu'on ne sait pas quand ça va arriver. Je préfère me suicider !
- Ah oui ? S'inquiète Roland.
- Quand tu te suicides tu choisis quand mourir et tu sais quand ça va arriver. Pas besoin d'appréhender. Mourir naturellement ça fait peur. Ça te tombe dessus sans prévenir et te prend par surprise. Si je me suicide, je peux me préparer mentalement à l'idée de mourir et arrêter d'avoir peur.
- Même si tu prévois de te suicider demain, tu peux toujours avoir un accident mortel aujourd'hui.
- Je n'avais pas pensé à ça.
- Alors tu vas te suicider ?
- Je ne sais pas. Pour l'instant ce n'est qu'un plan inabouti.
Valéry s'appuie sur le muret. Il pousse sur ses bras et fait basculer ses deux jambes vers l'avant puis s'assoit. Ses pieds gigotent dans le vide.
- Si tu comptes mourir aujourd'hui, ne le fait pas en ma présence.
- Je ne fais que m'asseoir, répond calmement le jeune homme. Toi aussi, viens.
- Je préfère m'abstenir et m'attarder à la vue d'ici, répond Roland en indiquant sa posture.
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Le miroir des siècles
Fiction généraleAlors que certains reçoivent des caresses, d'autres sont atteints par la main d'une brute. Isolé du reste de Paris, seul dans une chambre, Valéry guette l'instant où sa vie serait prête à lui offrir un temps d'allégresse. Mais lorsqu'il se perd à r...