- Sortons, évoque Roland.
- Où ça ?
- Là où le soleil est voilé de moitié par la beauté Arctique. Là où le vent fredonne un air de fête, qui vient s'entremêler au bruit des vagues. Allons à la plage.
Valéry contemple le jeune homme parler avec poésie. Il lui sourit. La délicatesse des mots prononcés lui ensorcelle le regard.
Les deux complices délaissent la chambre et s'engagent dans une marche énergique. Ils sont portés par la force de leur sourire. Guide blanc d'un nouveau jour. Légèreté d'hirondelles élancées dans le ciel. Leurs pas trottinent sur la route. C'est le cœur léger qu'ils atteignent le sable doré, éblouissant sous le soleil en pleine réjouissance. Le froid n'a plus le pouvoir audacieux d'arrêter leurs rires. Le bonheur leurs fait oublier tout problème extérieur, toute atteinte déchirante. Roland se place face à la beauté de lamer du Nord. Il se dresse face à l'ondulation naturelle d'un bleu étiré. La récente naissance des rayons de lumière éclaire son visage. Ses yeux s'abaissent face à cette royauté des cieux, tirant une révérence à sa puissance. Valéry le rejoint et se place à ses côté. Il enfouit ses mains dans ses poches de pantalon. L'orange luminescence lisse son teint. L'ombre qui s'en dégage assombrit ses cheveux d'ébène. Tout deux ne peuvent détourner les yeux du soleil, à son « bonjour ». Leur cœur est épris d'une chaleureuse brûlure.
- Chez toi ? Demande Valéry.
- Chez moi, répond Roland.
- J'aime ton chez-toi, sourit Valéry.
- Je l'aime aussi, sourit Roland.
Les deux garçons ferment les yeux et se laissent enlacer par la douce lumière, qui s'élève peu à peu. Ils invitent le vent à s'emparer de leurs cheveux et convient le froid à embraser leur corps. Valéry s'approche de l'eau et se penche. Il baigne sa main dans le liquide gelé. D'un geste habile, il projette des gouttelettes sur Roland et l'éclabousse de toute part. Le garçon se replie, par surprise, en criant. Le son mélodieux de son rire résonne aux oreilles de Valéry. Puis l'aîné se met à courir le long des vagues. Le sable s'envole sous ses pas. Roland le suit dans un élan de folie. Les garçons ne peuvent s'empêcher de rire. De leurs bras, ils miment les ailes des oiseaux face au vent, prêts à prendre leur envol. De leurs pieds, ils sautent dans les airs. De leurs cuisses, ils courent sur la plage, pour ressentir le plaisir de l'air frais sur leur visage. Le soleil les éclaire pleinement. Ils sont essoufflés, épuisés, mais qu'importe.
Valéry s'assied sur le sable, face à la mer. Roland fait de même et se laisse tomber sur lui. Il est rattrapé par les mains de son ami. Il fait tomber Valéry en arrière et s'appuie sur son torse pour se relever. Comme sous l'emprise d'un alcool imaginaire, ils se mettent à rire, avant de s'asseoir convenablement. Valéry recouvre Roland de ses bras et le prend sous son aile. Il lui fait poser la tête tout contre ses poumons. Ainsi rassemblés, il regardent l'eau s'étendre à perte de vue et expirer plusieurs vagues. Après quoi ils s'allongent sur les grains dorés. Roland repose sa joue contre le cœur de Valéry et, dans un parfait silence, écoute les battements de son cœur réchauffer son corps.
- Je veux rester chez toi pour toujours, dit Valéry.
- Alors reste, répond Roland.
Ce dernier ferme les yeux et s'endort, dans les bras apaisants de Valéry.
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Le miroir des siècles
General FictionAlors que certains reçoivent des caresses, d'autres sont atteints par la main d'une brute. Isolé du reste de Paris, seul dans une chambre, Valéry guette l'instant où sa vie serait prête à lui offrir un temps d'allégresse. Mais lorsqu'il se perd à r...