1. Retour à l'anormal

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Tiré brusquement de son sommeil, Achab vit le Parsi face à face ; pris dans le cercle des ténèbres de la nuit, ils semblaient les seuls survivants d'un déluge.
– J'ai refait le même rêve, dit-il.
– Des corbillards ? Ne t'ai-je pas dit, vieillard, que tu ne pourras avoir ni corbillard ni cercueil ?
– Et qui a un corbillard qui meurt en mer ?

 – Des corbillards ? Ne t'ai-je pas dit, vieillard, que tu ne pourras avoir ni corbillard ni cercueil ? – Et qui a un corbillard qui meurt en mer ?

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Merle était assis dans un bus, du genre de ceux qui servaient pour les transports en commun. 
C'était étrange, car il ne souvenait pas avoir pris ce bus auparavant au cours de sa vie – de toute façon, il n'y en avait pas là où il habitait.


À bien y réfléchir, c'était un bus plutôt bizarre. D'abord, il roulait sans conducteur.

Et surtout, il était vide.

Merle était le seul passager.
 Enfin, pas exactement.

Il y avait une petite fille qui dormait près de lui, allongée en travers de la banquette, la tête sur ses genoux. Elle devait avoir cinq ou six ans, pas plus, mais il savait que c'était Vi. Le même visage, plus rond, plus enfantin, sans les cernes et la fatigue, mais avec des taches de rousseur et encadré par les mêmes boucles dorées. Elle dormait paisiblement, avec une respiration calme, profonde. 

Merle regarda par la fenêtre. Tout était noir dehors, le bus semblait rouler au milieu de la nuit, ou au milieu de nulle part.

Il passa sa main distraitement dans les cheveux de Vi. 
Sa main droite. 

Il se sentait bien, tranquille.


L'autobus ralentit, puis s'arrêta. Les portes s'ouvrirent et un unique passager monta.

Merle sourit en le reconnaissant. Il était exactement comme il l'avait vu pour la dernière fois.


Le nouveau venu s'assit en face de lui et posa son arbalète sur la banquette.


« Salut frangin, dit-il avec un léger sourire. Ça faisait longtemps.

- Trop longtemps, admit Merle. Ça fait plaisir de te voir dans le coin, je m'y attendais pas.

- Moi non plus à vrai dire. »


Ils restèrent un petit moment silencieux.


« Alors, finit par demander Merle, qu'est-ce que t'as fait pendant tout ce temps ? »

Daryl étendit ses jambes et croisa les bras derrière la tête.

« Boarf, pas grand-chose, j'étais ici et là, à faire mes trucs habituels, tu sais, chasser l'écureuil, ce genre de trucs », répondit-il avec une pointe d'humour. 

Il changea de position, se penchant vers l'avant, doigts croisés, les coudes sur les cuisses, ses yeux bleus redevenus sérieux. 

« Et toi, Merle, on peut savoir ce que t'as foutu ? 

- Moi aussi j'étais ici et là, comme tu dis, répondit-il vaguement.

- Avec cette gamine-là ? » demanda Daryl en pointant Vi du doigt.


Merle fronça légèrement les sourcils. Le ton de son petit frère avait quelque chose d'un peu accusateur.


« Ouais.

- Ça te ressemble pas, les gosses ça a jamais été ton truc. 

- Mais celle-là, elle est spéciale », dit Merle doucement en regardant le visage de Vi endormie.

Daryl ricana.

« Alors c'est ça qu'tu fais au lieu d'me chercher ? Tu prends du bon temps avec une fille spéciale ? »


Un très beau désastre - Tome Trois - The Walking DeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant