« Tu perds ton temps, ici, avec moi. En me suivant vers la mer, dans un voyage qui n'est pas le tien, tu perds ton temps, Merle. » Merle/OC, Saison 2 revisitée. (Suite de "La tempête qui vient")
Pour si grande que soit la supériorité intellectuelle d'un homme, il ne peut pratiquement et durablement dominer d'autres hommes sans jouer une sorte de comédie toujours un peu vile.
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Une demi-heure plus tard, la situation n'avait pas varié d'un millimètre. Merle marchait toujours en tête, et semblait prendre un malin plaisir à imposer une allure inutilement rapide. Diane et Hermès cheminaient à quelques pas l'un de l'autre, silencieux. La petite femme rondelette continuait à fixer le dos de Merle comme si elle espérait y creuser un trou de son seul regard haineux, sans doute courroucée du fait que son boiteux de mari se retrouve contraint à un rythme si rapide. Hermès, lui, ne semblait pas s'en plaindre, même s'il était probable que son infirmité ait préféré un pas plus tranquille. Vi, elle, fermait la marche, observant tout ce petit monde.
L'humeur aurait dû être au beau fixe, leur situation s'était nettement améliorée : ils étaient maintenant en mesure de s'orienter parfaitement, avaient de quoi manger, la journée était douce et belle et ils cheminaient à travers une bien jolie forêt. Bon, ils étaient toujours à pied, mais Vi avait pris l'habitude de voyager ainsi, et elle savait pertinemment que Merle était un bon marcheur, certainement pas impressionné par la perspective de parcourir une vingtaine de kilomètres.
Pourtant, malgré toutes ces raisons de voir le verre à moitié plein, son ami continuait à faire la tronche, refusant de parler à quiconque, comme un mioche en pleine bouderie, et il se dégageait de lui une aura si hostile que personne n'avait brisé le silence depuis leur départ.
L'atmosphère était lourde comme du plomb. Vi détestait ce genre d'ambiance où personne ne parlait, c'était vraiment chiant et déprimant. Et dire que Diane et Hermès étaient les premières personnes vivantes qu'ils croisaient depuis des jours ! Et ils ne se parlaient même pas ! Beau gâchis.
Elle finit par décider qu'elle n'avait aucune raison de continuer à subir ce jeu du Roi du Silence merdique, et se rapprocha alors d'Hermès.
« Classe, la canne, déclara-t-elle. Ça fait un peu dandy j'trouve. Plutôt élégant. »
L'homme lui offrit un sourire étonné.
« Et bien, on peut dire que vous êtes du genre spontané. - Faut bien démarrer par quelque chose, pour faire connaissance, répliqua-t-elle gaiement. - Spontanée et sociable, constata-t-il avec un plaisir non dissimulé. - J'aime pas les longs silences pesants, moi j'aime bien bavarder. - Pourquoi bavarder avec moi particulièrement ? - Diane me fait la gueule, moi je fais la gueule à Merle, et Merle fait la gueule à tout le monde. Y a que vous qui avez l'air de bonne humeur. - Avoir échappé de peu à la mort aide à voir la vie du bon côté. - Vous êtes un messager des dieux avec un message particulièrement positif », s'amusa Vi.
Hermès sourit.
« Vous avez l'air plutôt du genre optimiste vous-même, fit-il remarquer. Pourtant votre situation ne semble pas beaucoup plus brillante que la nôtre, ajouta-t-il en pointant du doigt les jambes de la jeune fille, son collant déchiré et ses genoux ornés de deux énormes croûtes. - Oh, moi j'garde toujours le moral, répliqua-t-elle. Hier j'ai survécu à un accident de la route, une noyade, et frôlé de peu l'hypothermie, alors moi aussi j'relativise. - Noyade ? - Oui, on a quitté la route, comme vous, sauf que nous on a atterri dans une rivière en crue. Ma tête a cogné quelque part, j'étais complètement sonnée, et l'courant était trop violent pour moi, j'ai bu la tasse direct. C'est Merle qui m'a sortie de là, il a carrément nagé d'une main en m'portant et m'a jetée sur la berge comme une vieille serpillère, avant d'me faire recracher toute la flotte que j'avais avalée. Ce mec est une putain d'force de la nature, il m'impressionnera toujours. » Hermès répondit avec un sourire. « Et bien, votre ami m'a tout l'air d'un personnage herculéen, si vous me permettez de poursuivre dans la métaphore mythologique. »
