18. Chiens errants

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Je connais bien le capitaine Achab, j'ai été son second il y a bien des années ; je sais qui il est, c'est un homme intègre [...] seulement il y a en lui bien d'autres richesses. Oui, oui, je sais qu'il n'a jamais été très gai ; et je sais qu'au retour il a eu l'esprit un peu dérangé par un maléfice, mais la douleur aiguë, lancinante que lui infligeait son moignon sanglant en était la cause ; n'importe qui le comprendrait. Je sais aussi que, depuis qu'il a perdu sa jambe au dernier voyage à cause de cette maudite baleine, il a été d'humeur changeante, parfois désespéré, parfois furieux, mais tout cela passera. Et une fois pour toutes, permets-moi de te dire et de t'affirmer : mieux vaut naviguer avec un bon capitaine ombrageux qu'avec un mauvais capitaine hilare.

 Et une fois pour toutes, permets-moi de te dire et de t'affirmer : mieux vaut naviguer avec un bon capitaine ombrageux qu'avec un mauvais capitaine hilare

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La route menant à la ville traversait une grande zone industrielle. Cette dernière devait déjà être morne et déprimante avant même que la fin du monde ne la vide. Il n'y avait rien d'autre que ce grand ruban de route grise, désert, bordé de longs murs d'usines sales, décrépis. Et des toits de tôles, des enseignes lumineuses éteintes, de vastes parkings vides, des bennes à ordures renversées, des caddies abandonnés, du béton, et des cheminées ayant dû jadis cracher d'épaisses fumées, désormais muettes.
Ça et un silence de plomb.

De temps à autre, quelque chien errant, maigre, pelé, traversait la route, filant la queue basse, ombre triste en vadrouille.


« Quelle ambiance de folie, ici, lança sarcastiquement Vi.

- Boarf, ça devait pas être beaucoup différent avant. »


Le ciel était clair, d'un bleu profond, les nuages de pluie avaient été chassés au loin par un vent puissant. Régulièrement, des bourrasques faisaient voler des bouts de papier et des feuilles mortes sur le bitume de la route.


À la fin de la zone industrielle, ils traversèrent un large carrefour planté de nombreux feux de signalisation éteints.
Soudain, à l'angle d'un mur, apparut un groupe de chiens étonnamment nombreux. Plusieurs dizaines d'animaux composaient cette meute grouillante, sauvage. Il y en avait de toutes les tailles, toutes les races. Des molosses puissants côtoyaient des petits bâtards hargneux, des golden retriever au poil emmêlé, des labradors amaigris, et même quelques roquets à mémères.


Les chiens errants, surexcités au passage du véhicule, entamèrent un concert d'aboiements furieux. Certains firent même mine de prendre la voiture en chasse, courant après, abandonnant au bout de quelques mètres.

Merle les suivit du regard dans le rétroviseur. 
Ce n'était pas la première fois qu'ils voyaient des groupes de chiens comme ça. C'était par contre la première fois qu'ils croisaient une si grosse meute.

La catastrophe avait décimé la majeure partie de la population humaine... et laissé des millions d'animaux domestiques sans maitres. 

Dans les campagnes, le bétail errait par troupeaux entiers. Des hordes de moutons, de chèvres, de vaches, se déplaçaient au hasard, entamant leur voyage de retour vers l'état sauvage, se préparant péniblement à parcourir dans l'autre sens des milliers d'années d'évolution – beaucoup ne parviendraient pas à destination.
Des chevaux misérables hantaient leurs anciens prés, et tendaient le cou tristement dès qu'une voiture passait à proximité.


Un très beau désastre - Tome Trois - The Walking DeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant