8. Adrénaline

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C'est du harponneur que dépend le succès du voyage, et si on le prive de son souffle, comment attendre qu'il le retrouve au moment où le besoin en est le plus impérieux.


Les quatre survivants avaient repris la route plus tard dans la matinée

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Les quatre survivants avaient repris la route plus tard dans la matinée.

Belle équipe, se disait Merle. Un messager des dieux boiteux, une déesse de la chasse timorée, une grande malade se promenant avec un inhalateur de Ventoline en poche et une pipe au bec, et lui.


Il aurait bien aimé fumer aussi, mais n'avait plus de cigarettes. Vi, elle, avait par contre encore du tabac – que les morts se mettent à marcher, soit, c'était plutôt mauvais signe pour l'humanité, mais Vi sans tabac, voilà qui aurait marqué pour de bon la fin du monde, indiscutable et irrémédiable.


La petite bruine durait toujours. On ne pouvait pas appeler ça de la pluie, n'empêche que ça mouillait quand même.

Merle n'avait pas de souci à se faire de ce côté-là, avec son imperméable à capuche. Vi, elle, avait pris le parti de retirer son pull et de le mettre à l'abri dans le sac à dos, préférant mouiller sa chemise à la place, avec la promesse plus tard, une fois la bruine arrêtée, de se changer pour quelque chose de sec.

Hermès, lui, avait un parapluie, qu'il avait tiré de son sac et ouvert sous le regard étonné des deux amis. Le messager des dieux grecs cheminait bras dessus, bras dessous avec sa femme, les protégeant tous deux de la pluie, comme deux amoureux en goguette.

Il fallait admettre qu'il avait une certaine classe, avec son parapluie et sa canne, flegmatique et débonnaire comme un lord anglais tout juste échappé d'Oxford.


Diane, de son côté, était nettement moins nonchalante. Elle avait marmonné – un marmonnement suffisamment fort pour s'assurer d'être entendue – quelque chose à propos de l'égoïsme et de l'absence de galanterie de Merle, qui laissait sa compagne à la merci des éléments, alors que lui-même était bien au sec.

Vi avait rétorqué que la galanterie était une forme de sexisme, et Merle avait roulé des yeux. Ce n'était pas faute d'avoir offert de prêter son manteau à la Brindille mouillée, mais elle avait refusé.

Probablement, se disait Merle avec mauvaise humeur, qu'être à nouveau victime d'une pneumonie valait mieux qu'être victime d'une infâme galanterie sexiste.

Soit, qu'elle aille se faire foutre.

Elle avait qu'à s'habiller mieux que ça, pour commencer.

Ceci dit, l'humidité n'avait pas eu raison de la bonne humeur de Vi – qu'est-ce qui le pouvait, au fond ? – elle continuait à diffuser cette dernière à la ronde, en faisant profiter son entourage, à l'instar de la fumée puante de sa pipe.

Quelques rôdeurs solitaires avaient croisé leur chemin, et Vi, qui avait l'avantage de l'arme la plus silencieuse, s'était chargée de mettre leur cerveau sur OFF. 
Sans lâcher son brûle-gueule. Jolie performance.

Le petit déjeuner avait été uniquement constitué du paquet de cookies que Merle avait pillé dans la voiture des Grecs – comme il les avait mentalement surnommés – mais les filles avaient fait une jolie petite découverte sur le bord de la route : plusieurs noisetiers sauvages chargés de fruits mûrs, qu'elles avaient récoltés avec enthousiasme.


Un très beau désastre - Tome Trois - The Walking DeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant