Songez à la ruse de la mer et à la manière dont ses créatures les plus redoutables glissent sous l'eau, à peu près invisibles, traîtreusement cachées par les plus suaves tons d'azur. Songez à la beauté et à l'éclat satanique de ses plus impitoyables tribus, à la forme exquise de certains requins. Songez au cannibalisme universel qui règne dans la mer où les créatures de proie s'entre-dévorent, menant une guerre éternelle depuis l'origine du monde.
La fin du monde, se dit Merle.
Voilà ce que le paysage lui inspirait.L'autoroute que lui et Diane empruntaient était absolument déserte. Pas une seule voiture abandonnée, pas même une trace d'une quelconque présence humaine passée. Il n'y avait que cette large bande d'asphalte qui filait tout droit, nue, si désolée qu'on aurait pu croire que Merle et Diane étaient les premiers êtres vivants à l'avoir jamais empruntée.
Et au-dessus, le ciel était chargé de lourds, très lourds nuages, d'un gris si sombre que la nuit semblait en train de tomber avant l'heure.
Ces nuages, le vent qui s'était levé les poussait dans leur direction. Ils arrivaient depuis l'horizon, menaçants, chargés de pluie. L'averse serait violente, devinait Merle, mais elle n'éclaterait pas tout de suite, ils avaient encore un peu de temps devant eux.Il espérait être au sec dans leur voiture, lui et Vi, lorsque les nuages crèveraient et déverseraient leur déluge.
Il hâtait le pas, pour prendre la pluie de vitesse.À ses côtés, Diane suivait le rythme sans broncher.
Merle était en train de faire une découverte : jusqu'ici, Diane avait adopté un pas aligné à la perfection sur celui de son boiteux d'homme, ce qui lui avait fait penser que la grosse était lente et pataude.
Sauf que maintenant, c'était sur lui qu'elle réglait son rythme. Et ce dernier, nettement plus sportif, ne paraissait pas l'incommoder outre mesure.Merle était en train de se rendre compte que, jusqu'à présent, il n'avait pas pris le temps de bien regarder Diane, de l'analyser comme il avait pourtant l'habitude de le faire avec tout le monde. Elle avait semblé si effacée, si dépourvue de personnalité, demeurant sans cesse dans l'ombre d'un Hermès bavard, intelligent et charismatique, que Merle n'avait pas pris la peine de gratter le vernis.
Désormais seule, Diane semblait plus grande, plus droite. Et surtout, bien plus à l'aise.
Elle marchait avec la main négligemment posée, comme par hasard, sur la petite hache que son compagnon lui avait confiée, et qui pendait à sa ceinture.Alors qu'il l'observait à la dérobée tout en marchant, Merle dut se rendre à l'évidence : il lui fallait reconsidérer la façon dont il percevait Diane.
Le fait qu'elle ait sauvé la vie de son amie ne la faisait pas grimper magiquement dans son estime, mais il devait reconnaitre qu'il voyait maintenant la petite grosse sous un autre angle. Et qu'il lui devait quelque chose.Et puis surtout, il en avait assez de jouer au con. Se rendre désagréable aux yeux des nouveaux venus avait été amusant la veille, mais la situation était désormais autrement plus grave, et il n'avait pas le temps pour ces conneries de diva grincheuse.
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Un très beau désastre - Tome Trois - The Walking Dead
Hayran Kurgu« Tu perds ton temps, ici, avec moi. En me suivant vers la mer, dans un voyage qui n'est pas le tien, tu perds ton temps, Merle. » Merle/OC, Saison 2 revisitée. (Suite de "La tempête qui vient")