Je suis engagé si loin dans le côté sombre de la terre que celui qui est censé être de lumière ne me paraît qu'un incertain crépuscule.
Dans une paisible et profonde vallée des Appalaches, au creux d'un sentier naturel sculpté à travers la forêt par le passage des animaux, une petite harde de cervidés cheminait à la queue-leu-leu, jusqu'à l'endroit où la piste débouchait dans une clairière baignée de soleil, un trou de lumière parmi les arbres, ouvert par une coupe de bûcheronnage des années auparavant.
La harde, composée d'une dizaine de biches et de quelques jeunes cerfs, fit halte et se répartit dans la trouée. Les animaux se mirent à paitre paisiblement, totalement inconscients de la présence, non loin de là, de deux chasseurs les observant.
Plus exactement, un chasseur aguerri, et une jeune aspirante-chasseuse à son premier cours.
Vi épaula le fusil qu'elle tenait lentement, tentant d'appliquer simultanément les conseils que son professeur lui dispensait à voix basse – sur sa posture, sa façon de tenir l'arme, de gérer sa respiration, de viser.
Ça faisait beaucoup de choses en même temps et elle s'emmêlait un peu les pinceaux.
Le fusil tendu devant elle, ses bras tremblaient légèrement sous le poids de l'arme.« On est trop loin, objecta-t-elle dans un chuchotement.
- Pour chasser, tu ne seras jamais plus près que ça, rétorqua Merle sur le même ton.
- Je l'sens pas, fais-le, toi.
- Ta gueule et tire. C'est en s'plantant qu'on apprend. »La jeune fille prit une profonde respiration, qu'elle bloqua, et arrima à nouveau son index sur la détente.
Une biche située vers l'extérieur du troupeau releva soudain la tête, et l'instant d'après, tous ses congénères l'imitèrent, immédiatement en alerte. Toute la harde détala d'un seul coup.
Vi se détendit comme un ressort, se dressant debout, aligna son arme sur les bêtes en train de fuir et tira.
La balle manqua sa cible et partit se perdre entre les arbres.
Les animaux, eux, disparurent dans la végétation en quelques secondes.« Et merde ! s'écria Vi, dépitée.
- Raté, commenta Merle. Beau réflexe quand même.
- Désolée, j'étais sûre d'avoir fait aucun bruit pourtant...
- C'était pas toi. »Merle scruta les bois en direction de l'endroit vers lequel les biches s'étaient tournées, là d'où venait la chose qui les avait effrayé.
La silhouette lente et boiteuse d'un mort-vivant ne tarda pas à apparaitre entre les arbres. L'homme arborait une cravate, un complet trois pièces, une calvitie et une petite moustache impeccablement taillée.« Saloperie d'enfoiré d'mort », grommela Vi.
Elle épaula à nouveau le fusil, visa, retint sa respiration, et fit feu.
Le premier tir manqua sa cible. Le second traversa l'épaule du cadavre, le choc le déséquilibrant momentanément. Le troisième lui emporta la moitié du visage, dans un giclement de sang et de cervelle.
Le rôdeur tomba à la renverse, définitivement mort.
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Un très beau désastre - Tome Trois - The Walking Dead
Fanfic« Tu perds ton temps, ici, avec moi. En me suivant vers la mer, dans un voyage qui n'est pas le tien, tu perds ton temps, Merle. » Merle/OC, Saison 2 revisitée. (Suite de "La tempête qui vient")