À l'Ombre d'Une Pergola Tome 3

Épris de toi

Il pleut encore….

Combien de jours se sont passés depuis que le soleil ne se perd plus sur mon corps. Enfermé entre ces quatre murs depuis son départ, je perds constamment la notion du temps. Jasmine, s’appelait-elle, mon amour, la prunelle de mes yeux. Elle était tout ce que j’avais, ma vie, mon cœur, tout de moi l’appartenait.

Je l’ai croisé par hasard lors d’une soirée, elle était si belle, d’une silhouette parfaite, elle embrasait le vent sous les paroles de la musique qui résonnait dans la pièce sombre. Elle était tellement remarquable que tout le monde la fixait. Ses cheveux tombaient en bataille, ses yeux étaient clos, comme-ci le vent l’emportait dans un autre monde. Assis à l’autre bout de la salle, je ne pouvais détacher mes yeux du spectacle qu’elle m’offrait. De loin, je pouvais remarquer les yeux bouées de jalousie de ces femmes et ces hommes qui la déshabillaient machinalement du regard. Elle était intrigante. Je n’avais qu’une seule idée en tête ‘‘ Lui parler’’. Perdu dans mes pensées ce soir-là, je n’avais pas remarqué que la musique prenait fin, ni entendu ces multitudes cris d’applaudissement que le public lui offrait.

Idiot que j’étais, je l’ai applaudi au moment que les autres cessaient avec leur ouha de gloire. Je me rappelle encore aujourd’hui de ces rires étouffés, de ces regards de pitié qui se tournaient dans ma direction. Quelle honte ! Sans m’en rendre compte, mon sang s’était déjà transformé en glace, Je ne ressentais plus rien, seul mon souffle me faisait savoir que j’étais en vie. J’ai pris conscience de la réalité qu’en apercevant son sourire éblouissant me mettant dans une situation où l’embarras régnait et mon esprit divaguait. Jasmine, la seule femme au monde qui n’avait pas peur de m’inviter à danser. Quelle stupidité ! Moi, qui aurais dû le faire à sa place. Dire que la seule phrase qui m’était sorti de la bouche était : « A condition que Mademoiselle s’identifie. »
Monsieur vient d’accepter ma demande, car on m’appelle Jasmine, Jasmine Thélusmar. (Accompagnée de ce sourire que j’aurais juré était plus qu’intéressé). Dis, vous allez vous montrer galant et m’accompagner sur la piste maintenant ?
Que je suis bête ! Bradley Christopher, lui répondis-je en lui tendant gracieusement la main.

Cette soirée retourne en boucle dans ma tête, Jasmine me foudroyant du regard, comme-ci elle voulait atteindre mon âme et moi qui faisais tout ce que je pouvais pour l’intimider. Mais en vain, elle me souriait de plus belle. J’avoue que je connaissais cette technique de drague mais me draguer ouvertement était pour moi une expérience nouvelle.

Ce soir-là, où la pluie nous surprenait dans le silence obscur de la nuit pendant qu’on faisait amplement connaissance. Cette soirée où ma belle inconnue, s’était mise à danser pied nu sous la pluie en me mettant plein la vue par son corps renversant.

Vous n’avez jamais fait de folie de votre vie ? Me demandait-elle en me fixant droit dans les yeux.
Non Mademoiselle, les fous, on les enferme. 
Alors, cher psychologue, ça vous dirait de prendre part à ma folie d’une nuit ?
C’était absurde de ma part de ne pas pouvoir la refuser. Je ne me rappelle pas avoir accepter sa demande non plus mais je me souviens de ces bras qui m’étranglaient par son câlin et son rire qui vibrait sous la pluie.

Je n’aurais jamais pu penser qu’elle pouvait me manquer autant. Une soirée où tout a commencé et en un instant la vie m’a tout pris. Hypnotisé devant son tableau, sa promesse me revient en mémoire. Je lui ai promis de passer à autre chose, mais je n’arrive pas à la détacher de ma personne. Mais, qu’ai-je donc fait à Dieu pour qu’il me l’enlève ainsi ?
Comment pourrais-je l’oublier ? Comment a-t-elle pu penser qu’une autre pourrait la remplacer ?  Lever le voile alors que je sens sa présence autour de moi. Ma Jasmine, ma femme, mon amie, la seule femme au monde qui a accepté d’apprendre à connaître l’homme solitaire que je suis. La seule qui par son sourire fut arrivée à accélérer les battements de mon cœur. Dieu seul sait que je ne voulais pas l’aimer. Mais les forces de la nature ont eu raison de moi, maintenant je suis épris d’amour pour cette créature que mon âme a accepté aux premiers regards.
Je l’ai dans la peau. Me rappelais-je
Je ne retiendrai plus mes larmes désormais. Je l’aime c’est tout. Je sens sa présence à chaque coin, je vois son regard dans les yeux de chaque femme que je croise sur mon chemin. J’entends son rire résonner dans mes oreilles chaque nuit. Avant l’avoir rencontrée, je pensais que mon humanité m’avait quitté depuis longtemps. Mais, cette femme avec son cœur d’or, m’a appris les vertus de la vie, elle m’a montré que la vie pouvait être jolie si on le voulait. Elle m’a appris qu’on devait se battre pour acquérir le bonheur suprême. Surtout elle m’a appris à être un homme. 

J’ai flashé sur son sourire un soir, je l’ai aimé toute une vie et je l’aimerai pour toujours. Elle est ma femme, la mort nous a séparés mais mon cœur est toujours sien. Alors, je ne me cacherai plus entre ces quatre murs pour faire mon deuil. Je ne vais plus faire semblant d’être fort. Je l’ai aimé aux yeux de tous, alors je laisserai mon cœur exprimer son chagrin de même.
Soudain, le vent montre sa présence avec une force surnaturelle, me faisant remarquer le cadre photo de ma muse accrochée à l’extrémité du salon. Elle affichait ce même sourire, mais son visage angélique me rappela la Jasmine de toujours. Jasmine avec le cœur sur la main, qui profitait de chaque seconde de la vie. La Jasmine qui me disait toujours : « On n’a pas besoin de grand-chose pour être heureux, du moment que l’on vit, il y a de l’espoir. Et s’il y a de l’espoir, le changement fraye son chemin, alors mon chéri, mieux vaut garder son sourire en l’attendant. »
Cette idée me fit soudain sourire. Pour une fois, ce ne sont pas des larmes d’amertume, ce sont des larmes d’espoir. Jasmine n’aurait jamais accepté que je m’apitoie sur mon sort. Je ferai un effort, je me le promets, je lui promets aujourd’hui d’essayer.

Sacré bout de femme. Pensais-je.

Fédline St-Jean