chapitre 18

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Diego est rentré avec son père. Michèle a préparé ses affaires et l'a accompagné jusqu'à ce dernier. Je la remercie pour cette attention qu'ils ont eus pour ma personne car je ne suis pas encore prête à le revoir. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit pour qu'elle fasse tout ceci pour nous mais je lui suis très reconnaissante d'avoir accepté.
Un groupe d'infirmiers et médecin est venu me chercher pour me transférer dans ma nouvelle chambre. Je suis heureuse mais il y a tout de même un bémol dans cette histoire: je vais changer d'infirmière, Michèle ne sera plus à mes côtés pour les jours qui me restent en ces lieux.

La chambre que j'occupe dorénavant est plus grande que la précédente. Il y a deux lits, le mien et celui de mon voisin de chambre que je n'ai pas encore rencontré. On m'a dit qu'il s'agissait d'un homme un chouïa plus vieux que moi mais surtout très discret et solitaire. J'espère que nous nous entendrons bien et que les visites de mon trésor ne le dérangeront pas plus que ça.

Avant de quitter le précédent service, Michèle m'a remis un sac avec quelques livres pour que j'occupe mon temps libre. Cette femme est un petit bijou, dès que je pourrai j'irai lui rendre visite, je compte bien la revoir même après ma sortie. On a tissé des liens toutes les deux et j'ai trouvé en elle une deuxième mère. Je suis plongée dans un de ses livres lorsque la porte s'ouvre dans un claquement.

Un médecin entre en poussant le fauteuil de son patient que je suppose être mon futur compagnon. Compagnon? Je devrais peut-être éviter ce mot le concernant parce qu'il est... plutôt bel homme à ce que je vois. Ça pourrait me laisser des idées que je ne suis pas prête à endosser. Je viens tout juste de me libérer de l'emprise de mes sentiments pour un homme ce n'est pas pour retomber dans mes travers avec un autre.

La tête de mon voisin se redresse et nos yeux se croisent enfin. Il est surprit de me trouver ici mais pas spécialement heureux à en croire l'air sombre qui a pris encore plus d'ampleur sur son visage.

- c'est une blague? Qui a accepté la présence d'une nana dans ma chambre?

Eh bah pour de l'accueil ça, ça en est! Je commence à ouvrir la bouche mais le médecin qui l'accompagne le devance.

- c'est moi. Et Will.
- Putain vous faites chier pourquoi à t'il fallut qu'on me transfert vers l'hôpital dans lequel mon frangin et mon soit disant pote bossent? J'aurai mieux fait crever dans cet accident plutôt que de subir ça!
- ne dis pas ça, petit frère. Tu sais qu'on ne souhaite que ton bien.

S'en suis toute une discussion entre les deux hommes qui a bien regarder se ressemble comme deux gouttes d'eau. Étonnant que je n'ai pas pris conscience de ce détail en les voyant entrer. En fait, je crois que je n'ai vu que l'homme dans son fauteuil, je n'ai pas vraiment porté attention au second.

- lâche-moi bordel. Je sais monter sur ce fichu lit seul. Je n'ai pas besoin de ton aide. J'ai besoin de personne, seulement qu'on me fiche la paix.
- comme tu voudras. Si tu changes d'avis...

Mon voisin lance un egard sombre à son frère ce qui précipite la fuite de celui-ci. Y a pas à dire il sait se montrer autoritaire. Même dans un fauteuil.

- qu'est-ce qui te fait rire? Ça t'amuse de voir un étropié?

Mes yeux se baisse sur son pantalon. On l'a amputé lui aussi? Je les ai entendu parler d'un accident, est-ce un accident de voiture comme Jimmy?

- t'es muette? Si c'est ça, ça me va. Au moins tu me feras pas chier j'ai déjà assez avec eux.

Je ne sais pas pourquoi mais son agressivité me fait sourire. Je ne sais pas si elle vient de cet accident qu'il a eut ou s'il a toujours été ainsi mais je le trouve drôle. Pour le moment.

- Putain j'y crois pas ils m'ont collé une nana muette mais complètement barge.

Je secoue la tête fière de l'effet que je lui fait et reprend mon livre l'air de rien. J'essai de faire abstraction de sa personne mais ce n'est pas facile. Le livre heureusement est très envoûtant, je me retrouve si bien dans son personnage principal que je ne vois pas le temps passer et n'entends pas les pas de mon petit trésor quand il approche de mon lit.

- bouhh!!!

Son cri me surprend tellement que j'en lâche prise et perd mon livre en sursautant. Je salue Diego et ramasse le bouquin. J'essai de retrouver la page que je lisais pendant que le petit rit de sa bêtise. Quel chameau, il va voir ce qu'il va voir. Après avoir mis mon marque-pages comme il se doit, je pose le bouquin et avant qu'il n'ait le temps de s'échappe, je le soulève pour le porter à moi. Je le chatouille à le rendre  fou de rire. Je ne fais pas de distinction entre lui et moi, nous sommes à ce moment tous les deux des enfants. Mais mon incartade ne peut durer indéfiniment et mon agréable voisin, je parle de son physique pas de son caractère, me le fait très vite entendre.

- vous vous êtes cru dans une basse-cours ma parole? Y en a qui aspire au calme là. Je vous fait remarquer que je bosse là.
- tite- maman est qui messant monsieur???
- oh ne fais pas attention à lui mon trésor, il grogne plus qu'il ne mord. Alors qu'est-ce que tu as mangé de bon avec papa?

Diego me serre dans ses bras pendant que je regarde mon voisin mettre ses écouteurs dans ses oreilles. Il n'est pas croyable ce type, il a toute la journée pour bosser ce n'est pas la courte visite de Diego qui va l'en empêcher.

Le concerné est heureux de me retrouver, il a hâte de me voir rentrer et me confie tout bas que son père a encore raté son repas avant d'aller le chercher. Heureusement, il a rattrapé le coup et a décidé qu'ils allaient se faire livrer une paëlla. Diego adore ça la paella et il y a un traiteur à quelques pâtés de maisons de chez nous qui en fait livrer à domicile pour ses habitués dont nous faisons partis. Il faut dire que sa cuisine est un supplice pour les papilles, il travaille divinement bien les produits et chacun de ses plats est préparé avec passion et amour, rien que d'y penser j'en ai l'eau à la bouche surtout quand on connait ce qu'on nous sert ici.

- vous en avez de la chance, moi j'ai eu une soupe et un yaourt nature. Vous m'avez gardé une part pour ce soir j'espère?

Gêné le petit baisse la tête et se triture les doigts alors pour ne pas le laisser trop longtemps se ronger les ongles, je me met à le chatouiller de nouveau.

- comment ça vous m'avez rien laissé, le taquiné-je en même temps.
- aête, aête! Zaime pas les zilizili.
- eh bah il fallait m'en laisser. La prochaine fois je ne t'y reprendrais plus.
- mais c'est pas ma faute en plus. C'est papa il a tout mangé.
- c'est bizarre comme les pères on toujours le mauvais rôle quand ils ont le dos tourné, souffle le voisin.

Diego ne l'a pas entendu mais moi si. J'hausse un sourcil à son attention mais celui-ci m'ignore et continue de travailler sur son pc comme si de rien était. Finalement, il a peut-être des écouteurs sur ses oreilles pour "oublier le bruit" que l'on fait, mais ça ne l'empêche pas de nous écouter.  Petit curieux va!

Fini De Vivre Dans Le Passé .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant