Fini De Vivre Dans Le Passé .

chapitre 7

Parce que la vie dans la joie et la bonne humeur ne peut pas durer éternellement, il a fallut qu'il choisisse ce moment heureux pour rentrer. En attendant son fils qui répétait en boucle que son parrain en avait une plus petite que lui, il a fait mine de ne pas trop rigoler devant lui mais le miroir l'a trahit dès qu'il s'est retourné.

- ah voilà le jeune marié, scande la jolie rousse en le repérant, alors que Jimmy reproche à ce dernier son manque de soutien.

Il se retourne vers le portable et avec un sourire charmeur fait un signe de main à la jeune femme. Elle ne s'en remet pas, et répéte à qui veut l'entendre qu'il est encore plus beau sans les retouches faites par le photographe. Je l'aimais bien mais à présent, je serre les dents, surtout qu'elle ne lache pas le morceau. Mais Jimmy met vite les choses au clair.

- calme la daleuse, tu as aucune chance.
- il est gay? Merde, c'était obligé. Trop beau pour être hétéro.

Pff, c'est quoi ces clichés à deux balles. Je prends le verre que je viens de me servir et bois une petite gorgée en ricanant, avant de recracher immédiatement ce que je viens d'ingurgiter par le nez et la bouche avec classe et glamour.

- non, il a juste trouvé quelqu'un à mille lieu de toi.

J'ai rêvé ce n'est pas possible, Jimmy n'a pas pu dire ça! Mon nez et ma gorge me pique, le coca ça détruit tout sur son passage. Lui, il fusille mon frère du regard. Il est en boule, ses poings se serrent et se désserrent. Il ne voulait pas que cette information se sache à priori. Je fais mine de ne pas être touchée mais mes mains tremblent plus qu'elles ne le devraient.

- pauvre con, crache-t-il a Jimmy avant de se tirer avec Diego vers leur chambre.

Au téléphone il y a comme un blanc pourtant Jimmy sourit comme un coq. On lui pose tout un tas de questions pour comprendre ce que ça signifie et ce que je comprends c'est qu'il est encore question de celle qui l'attendait là-bas, mais que c'est compliqué parce qu'il ne veut pas précipiter les choses. Qu'il en parle aux autres avant et devant moi me blesse mais ce que je trouve vraiment vil, c'est qu'il continue de répondre aux questions alors que le concerné n'est pas consentant.

Je décide de quitter la cuisine et de laisser mon frère et ses amis échanger entre eux.  En approchant de leur chambre, j'intercepte une conversation.

- Tu me fatigues. Je t'ai expliqué que je ne voulais pas. Et puis Violaine va mal le vivre si on déménage. Diego lui manquerait. Ils ont déjà perdu trop de monde par ma faute, je ne veux pas qu'elle revive la perte d'un autre membre de sa famille même si je sais que se serait LA solution pour moi. Ainsi je pourrai avancer et tenter de l'oublier.

L'oublier? Il veut oublier qui? Moi ou la cause du froid qui s'est instauré entre nous? Non, ca ne peut pas être elle. Ce qui signifie que...

Je suis triste et c'est sans parler de cette histoire de déménagement. Depuis quand souhaite-il tant déménager? Et pourquoi? A cause de moi et tous ces reproches que je me fais à son sujet?  A moins qu'il souhaite simplement rejoindre la femme qui semble depuis quelques temps partager sa vie sans que personne ne le sache.

Je suis sonnée, d'abord j'apprend qu'il a une petite amie et maintenant qu'il veut partir? Je n'en crois pas mes oreilles. Je fais un pas en arrière, puis deux et finalement ne tiens plus et cours aux toilettes pour vomir. Je n'ai pas mangé grand chose aujourd'hui mais le peu qu'il me restait dans l'estomac vient de se faire la malle. Mes oreilles bourdonnent et j'ai très chaud tout à coup. Je me passe de l'eau sur le visage, histoire de me rafraîchir mais rien y fait j'ai la tête qui tourne et même à vide, mon estomac me joue des siennes. J'ai à peine fait un pas que l'envie de me vider de mes tripes me reprend. Je me mets à quatre pattes et laisse sortir tout ce qui veut s'échapper de mon corps.

Les yeux fermés et la tête baissée au-dessus de la cuvette, je sens tout de suite ce frisson qui s'empare de moi quand cette main vient attraper mes cheveux pour les empêcher de baigner dans mon vomis. Je reconnais immédiatement, le parfum de celui qui est à mes côtés. J'ai beau être toute tremblante et ne pas sentir la rose il est quand même présent. Mon état affligeant ne l'intimide pas puisqu'il vient même frotter mon dos en signe de réconfort. Mais je ne veux pas de sa pitié. Je ne veux pas qu'il me tienne la main lorsque je suis malade ou que ça ne va pas.

Pas seulement dans ces moments-là.

Alors je le repousse. Je me lève comme je peux et pars me rincer la bouche. Sous son regard que j'imagine attristé, je tangue pour atteindre mon but mais je persévère. Mes jambes flanchent, je manque de tomber . Il essaie de me rattraper mais je rejette sa main, je ne supporte plus son toucher.

- Ne me touche pas! Ne me touche plus jamais. Tu entends?

Je le blesse mais j'en ai plus rien à faire. J'en ai marre de me faire piétiner le coeur. Je ne laisserais plus jamais ce pouvoir à qui que ce soit car je n'aurai plus la force de me reconstruire la prochaine fois.

Je le bouscule et le laisse raide comme un piquet derrière moi avant de m'enfermer une fois de plus dans mon antre où je pars m'allonger en songeant à ces dernières années.

Finalement, ma soeur et moi nous n'étions pas si différentes. On est toutes les deux tombées amoureuses de celui qu'il fallait fuir et il nous aura fait souffrir alors que nous touchions du bout du doigts la vie que beaucoup de personnes convoitent: une vie de famille.

Mon bras se tend et je m'empare du cadre sur ma table de chevet. Je les regarde tous les quatre dans cette chambre de maternité. Ils étaient si heureux d'avoir eu les jumeaux  je me rappelle du jour où j'ai pris la photo comme si c'était hier. Jimmy et Mila était en cours et moi je n'avais pas pu m'empêcher de venir les rejoindre quitte à sécher quelques heures. J'ai été la première a rencontrer les deux bébés, jamais j'aurai pensé les voir mourir si jeunes. La vie est injuste, j'aurai tout donné pour qu'on me donne leur place, ils avaient encore la vie derrière eux et surtout des rêves à réaliser alors que les miens ont tous été brisés.