chapitre 1

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Qu'est-ce qu'ils m'agacent à faire tant de boucan dès le matin. Il est à peine huit heure, nous sommes en vacances et pourtant à part moi tout le monde est déjà levé depuis une bonne heure. Nous n'avons rien prévu pour aujourd'hui, ils sont juste comme ça chez moi. C'est exaspérant de voir qu'après toutes ces années, il n'y en a toujours aucun qui pense à s'assurer que tout le monde soit debout avant qu'ils ne se mettent à rire et à chanter de concert à travers la maison.

Mon oreiller sur la tête, je grogne et tente de calmer mes nerfs bien à vifs dès le petit matin. Inutile de s'acharner, ils ne s'arrêteront pas à moins d'y être contraint. Je repousse donc l'objet ainsi que mes draps douillets et m'extirpe de mon lit.

Un frisson sillonne le long de mon épiderme. Mon premier geste est de me diriger vers la source de chaleur de la pièce. Qui est l'inconscient importun qui s'est permis d'éteindre le chauffage? Voilà encore une chose qui me différencie d'eux: je suis frileuse. Très frileuse.

Je tourne le bouton en espérant qu'à mon retour dans ma chambre, la température sera idéale pour ma pauvre personne, et revête ma robe de chambre qui comme à son habitude, est délicatement posée sur la chaise de mon bureau. J'adore ce vêtement. Il sent la lessive à planer puisque je le lave tous les jours et surtout, son tissu épais et ultra doux, on se croirait dans un nuage de coton. C'est un cadeau de mes proches. Chaque anniversaire, ils m'en offrent une nouvelle afin de se faire pardonner pour l'absence de chauffage dans la maison (même l'hiver), malgré ma frilosité. Un sourire s'étend sur mon visage en repensant à tout cela, j'ai beau pester après eux, je les aime. Ils sont ma famille et pour rien au monde je ne l'échangerais avec une autre.

Ils sont tous réunis dans la cuisine lorsque je m'y rend. Tous rient de bon coeur. J'adore les voir ainsi. Ma mère et mon père font la vaisselle pendant que Nana et Loulou racontent leurs projets pour la journée. Ne vous fiez pas à leurs gueules d'anges, ces deux petits monstres sont des terreurs. Ils ont quatre ans et possèdent à leurs actifs bien plus de bêtises que moi et mes autres frères et soeurs réunis.

En parlant de ces derniers, Mila mange sa salade de fruits, ses céréales et un fromage blanc, l'oeil brillant à force d'entendre les pitreries des deux petits monstres juste devant, pendant que Jimmy se dirige vers moi. Il est toujours le premier à remarquer ma présence et celle des autres. Ce garçon est un amour et je ne dis pas ça seulement parce qu'il est mon frère. Toujours un oeil sur son prochain, à l'écoute et généreux. À l'école toutes les filles sont folles de lui, il a beau être plus âgé il n'y a pas un jour sans que l'une d'elles viennent nous interroger pour savoir si oui ou non c'est lui qui viendra nous récupérer.

- salut la marmotte.
- hmm.

Jimmy me serre dans ses bras et embrasse le sommet de mon crâne. Il sait que j'apprécie plus que tout ses petites attentions dès le matin.

- on a encore fait trop de bruit n'est-ce pas?

C'est le seul à se soucier vraiment de ce que je pense là-dessus. Il aimerait m'entendre lui dire que non, que je n'ai pas était réveillée à cause d'eux, que j'avais tout simplement eus le repos réparateur attendu et que pour une fois je m'étais levée tôt sans aucune contrainte, mais tout ça n'arrivera jamais. Je suis née ainsi et, je le resterai. Je suppose.

- assied- toi je vais te servir ton bol de café et tes tartines de pain.
- ok, mais je vais d'abord prendre mon...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que Mila me tend déjà un verre.

- Bonjour sister. Tiens ton jus d'orange. Et... fraîchement pressée!
- Merci Sista.

Ma soeur est magnifique. De grands yeux marrons bordés de longs et nombreux cils. Une dentition parfaite dans une bouche fine et toujours à la délicate couleur rose pastel. Je fais une bise à tous les membres de ma famille et prend place à côté d'elle, autour de l'îlot central. Son parfum familier de fleurs chatouille mes narines et m'apporte une touche supplémentaire de bonheur.

Mes lèvres se posent sur mon verre et un gémissement m'échappe alors que je sirote mon jus. Mon dieu que c'est bon, je m'y ferais jamais à ce délice fruité.

- chaud devant.

Mon grand frère arrive avec la cafetière et une tasse, il fait couler le liquide dans le récipient en effectuant de grand geste comme s'il s'agissait d'un thé marocain. Ma soeur et moi échangeons un regard complice et sourions devant cette démonstration attentionnée.

- Merci Jiji.

Les yeux noirs, il pose la carafe et croise les bras. Il déteste qu'on le surnomme ainsi, il trouve que ça le rend trop mignon.

"Mignon c'est pour les enfants.
Dépassé un âge ça rend niais."

Il n'a pas tord sur ce fait mais je n'y peux rien, je ne verrais jamais mon grand frère autrement, contrairement aux autres femmes.

- vois comment tu me remercie d'être si serviable avec toi. Pfff
- tu cherches à te faire pardonner pour m'avoir réveillée. Si tu crois que je n'ai pas reconnu ta voix de crecelle qui chantait pirouette cacahuète!

Jimmy ouvre la bouche outré par ce que je viens de dire. J'adore le choquer ainsi, je lui fais un clin d'oeil pour lui confirmer la plaisanterie et quand loulou vient tirer sur ma manche pour attirer mon attention je cesse de rire avec mon frère et ma soeur pour me concentrer sur le bout de chou qui a bien grandi.

- dis Vivi, ça veut dire quoi crecelle?

La bouche en coeur et enrobée de chocolat, le petit me fixe avec plein d'attentes dans le regard. Complètement bloquée face à cette merveille courte sur pattes je met tellement de temps à formuler une réponse qu'il perd patience et répond à tâton à ma place.

- ça veut dire que je chante mal, c'est ça? Parce que Jiji il a fait une grimace toute moche donc ça veut forcément dire que ce n'était pas gentil. Parce qu'en fait, c'est pas lui qui chantait hein, tu sais? C'était moi et...

- oh mon amour, je disais ça juste pour embêter Jiji. Elle est très belle ta voix et je suis sûre qu'un jour tu deviendras un grand chanteur comme Johnny par exemple,tenté-je de rassurer mon petit loulou alors que ses yeux brillent de tristesse.

Ma réplique n'a pas l'effet escompté puisqu'elle le rend plus perplexe qu'autre chose. Quand il m'en explique la cause tout le monde explose de rire.

- c'est qui Johnny? Lui aussi sa chanson préférée c'est pirouette cacahuète? Si c'est un grand chanteur, tu crois qu'il voudra la chanter avec moi?

Ce petit me rend totalement gaga. Je suis folle de lui il n'y a pas à dire.

Fini De Vivre Dans Le Passé .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant