Fini De Vivre Dans Le Passé .

chapitre 6

Jimmy vient de m'annoncer qu'ils partaient. Il le dépose d'abord à l'aéroport et ira ensuite travailler. Je suis forcée de sortir. Il va falloir calmer Diego après le départ de son papa, comme toujours il ne le reverra plus avant des semaines, et à cet âge ils ne comprennent pas bien pourquoi.

Je ferme ma chambre et les rejoins dans le salon. Jimmy enchaîne les va et vient pour porter ses bagages à la voiture pour le laisser embrasser son fils et le serrer fort dans ses bras une dernière fois avant le grand départ. Je n'ose rien dire ou faire et détourne le visage pour ne plus avoir à le voir. Ça me fait beaucoup trop de mal à chaque fois.

- ça y est j'ai chargé la mule, tu es prêt?
- je ne le serai jamais vraiment. Il va encore changer d'ici que je revienne.
- ça va aller mon pote, tu finiras par trouver une solution ne t'inquiète pas, le console mon frère. Malgré la douleur que m'inflige cet éloignement entre nous, je ne peux m'empêcher de le regarder souffrir d'avoir à laisser son fils derrière lui, et le regrette pour lui.

Diego vient se coller à moi pendant que les deux grands s'éteignent amicalement. Pendant un court instant, son regard se pose sur moi mais très vite, il le détourne.

- il ressemble de plus en plus à sa mère, crache-t'il.
- pas seulement à elle mais à nous trois aussi, répond Jiji avec peine sans me quitter du regard sachant combien ce genre de remarque me fait de la peine.

Je baisse la tête vexée qu'une fois de plus on me ramène au souvenir de celle qui m'a un jour tout enlevé et offert le plus beau des cadeau à la fois (Diego).

- aller, ce n'est pas le tout mais tu vas rater ton avion bro'. Tu sais qu'elle le prendrait très mal, n'est-ce pas?

Il sourit timidement et hausse les épaules en riant pendant que mon frère continue de le chambrer sur cette personne dont j'ignore l'identité.

- maman, pleut?
Diego tire sur ma manche mais je ne m'en soucis pas vraiment. Tout ce que je vois c'est le regard coupable de Jimmy qui vient de se rendre compte de l'information qu'il a laissé échapper. Je me détourne vite de lui, alors qu'il souffle mon prénom et attrape Diego en lui promettant une histoire. Je ne veux pas que son père remarque mon émoi, cela nous mènerait à rien d'autres qu'à des blessures anciennes, à des histoires. On n'a pas besoin de ça, la vie est bien assez compliquée.

J'entend la porte d'entrée se fermer derrière eux et essai de contenir mes larmes pour ne pas inquiéter Diego plus qu'il ne l'ai déjà à cause du départ de son papa.

.........

Les jours passent et ne se ressemblent pas. Je suis dans le salon à lire une brochure de mode pendant que Diego fait sa sieste quand je tombe sur ce fameux article. Mes yeux me piquent tant l'image est belle, le lieu d'où est tiré le cliché et magnifique, il fait rêver. La jeune femme qui pose dans sa robe blanche est rayonnante. Petite je rêvais de porter un jour une robe comme elle mais aujourd'hui je sais que jamais plus je ne vivrais ça. Mes yeux carressent les différents clichés, il n'y a pas à dire ça à de quoi rendre jalouse. Surtout quand on voit la dernière prise de vue. Dictée par mon instinct, mes doigts viennent effleurer son visage, sa bouche, ses cheveux mais je n'arrive pas à l'attraper. Comme dans la vraie vie, son image s'échappe entre mes doigts.

- ce n'est pas de vraies photos de mariage. Tu le sais, n'est-ce pas?

Je n'avais pas entendu Jimmy rentrer ce qui a le mérite de me faire sursauter. Je me sens prise en faute. Il vient s'échouer à mes côtés dans le canapé et m'arrache la brochure des mains. Comme moi, il détaille un à un les clichés et soupire en reposant le magazine sur la table basse.

- faudra penser à le ramasser avant que le petit tombe dessus.
- pourquoi? C'est son papa.

Jiji sourit fier de lui, et après m'avoir fait un clin d'oeil il répond :

- oui, mais imagine le choc quand il verra son papa faire un bisou sur la bouche d'une autre femme que notre petite mère.
- ah ah très drôle.

Je lui donne une petite claque et me lève alors que le petit homme se fait justement entendre. Il tombe toujours à pique ce petit!

- sauvée par le gong, rigole Jimmy dans mon dos. Je secoue la tête, blasée de l'entendre encore et encore espérer ce qui n'arrivera jamais, et lui fais voir mon majeur sans même le regarder.

Quand j'entre dans la plus grande des trois chambres, Diego est parvenu à retirer sa turbulette et tente d'escalader les barrières de son lit. Je cours vers lui et le rouspète pour lui faire comprendre que ce qu'il fait est très  dangereux mais ça le fait rire plus qu'autre chose. Un vrai petit diable quand il s'y met.

- Tu es un crapaud tu le sais ça?

En réponse je n'obtiens que son rire d'enfant. Je le porte hors de son lit, lui retire son bas de pyjama pour regarder sa couche. Sèche encore une fois. Quand je disais qu'il grandissait vite!

- ah pope la couche moi gand comme papa.
- oui c'est super! On va bientôt pouvoir l'enlever pour la nuit. Qu'est-ce que tu en penses?
- non ze veux enco' niwi
- winnie mon trésor pas niwi.
- pa'ain dit c'est pa'eil, c'est toi qui est complique.

Il va voir son parrain si c'est moi qui est compliqué. En attendant il en a pas beaucoup changé de couches depuis la naissance de mon petit homme!

- allez viens on va dire à ton parrain que tu es devenu un grand et que toi, tu ne fais plus pipi au lit, contrairement à d'autre ici.

Fier de cette annonce, Diego sort de la chambre au pas de course. Ses petites jambes se meuvent en chorale avec son petit fessier dans un rythme hilarant.

- pa'ain a plu petit que moi. Pa'ain a plus petit!
- qu'est-ce que...?
Jimmy qui était au téléphone devient tout rouge face aux propos déformé mais tout aussi drôle de son filleul. Alors que je m'approche, l'écran laisse apparaître une jolie rousse qui sourit en coin.
- Violaine qu'as tu encore appris comme bêtise à Diego?
- moi? Rien. C'est lui qui l'a trouvé toute seule celle-ci.

Quoi? Ce n'est pas tout à fait un mensonge. Moi j'ai laissé sous entendre que certain ici faisait encore pipi au lit pas que Jimmy en avait une toute petite. La jeune femme éclate de rire et le point de vue change pour montrer l'ensemble de son équipe de travail dont Julien que je connais bien.

- la vérité sort de la bouche des enfants l'ami, s'esclaffe ce dernier. Enfin, je compatis... Je comprends que tu aurais préféré que cela ne se sache pas. Rassure-toi, à part toute l'équipe, les hôtesses d'accueil et quelques gros clients friands des potins je suis sûre que ça ne s'ébruitera pas.
- ah ah ah! Très drôle!