27. "Écrivez."

31 6 2
                                    

Maël regardait tomber la pluie.

Émile avait raison de laisser sa musique entrer chez lui. C'était doux, apaisant.

Il glissa un regard en direction de l'écrivain penché sur son ordinateur. Ce dernier leva brièvement la tête, le temps d'un sourire, et replongea dans son univers.

Maël baissa lui aussi les yeux vers sa feuille, vierge, blanche, comme la nouvelle page de sa vie sans elle.

— Voulez-vous un conseil, Monsieur Adelis ?

Dans le bureau du docteur Solon qu'il revoyait pour la seconde fois, Maël avait acquiescé. Reklan Solon s'était alors penché vers lui et avait soufflé :

— Écrivez.

Maël soupira. Il s'était installé chez Émile, par besoin impérieux de changements. Il rentrait souvent chez ses parents, mais il désirait prendre sa vie en main. L'écrivain et le jeune homme avaient fini par trouver un équilibre, essayant de construire de l'avenir, dans le respect et le souvenir.

Pour la première fois depuis des mois, des années, Maël se sentait heureux. Serein.

Un frémissement le traversa lorsqu'il se remémora sa fuite et les longs mois d'angoisse. Tout n'allait pas mieux, bien sûr. Il sentait parfois la tristesse s'enrouler autour de lui comme un serpent prêt à l'étouffer. Il était souvent rattrapé par l'envie de courir derrière les ombres. Mais le temps s'écoulait et pansait les plaies, le temps éloignait les cauchemars, les remords, la douleur.

— Écrivez.

La pointe de son stylo se posa sur sa feuille. Il hésita, ferma les yeux et soudain la première phrase jaillit.

***

Maël posa le dernier point et inspira profondément, comme un plongeur après une apnée. À côté de lui, il réalisa qu'Émile s'était arrêté d'écrire et le regardait, les yeux brillants.

— Je vais me faire un chocolat, annonça l'adolescent d'une voix badine. Tu veux un café ?

Si Émile perçut la profonde sérénité qui s'était emparé de lui, il eut la délicatesse de ne pas émettre de commentaires ou poser de questions.

— Volontiers.

Maël remercia sa finesse d'un sourire. Le cœur un peu plus léger, il se leva et se dirigea vers la cuisine.



---------------

Nous arrivons doucement à la fin de l'aventure... Merci à vous <3

Le Monde en MorceauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant