Mattew Et Moi TOME 1

Chapitre 26 : Mattew

Ma tête le fait affreusement mal. Je ne sais même pas où je suis. Je souviens d'avoir quitté la salle de sport et de marcher dans la rue, mais après plus rien. Vu mon état, je dirais que je suis allé au bar. Pourquoi j'ai fait encore n'importe quoi ? J'aurais dû rentrer à l'internat et aller me coucher. J'ouvre les yeux, une femme est penchée sur moi. J'entends le bruit insupportable des machines cardiaques. Ça veut dire que je suis à l'hôpital !

Elle : Calme-toi...

Moi : Pourquoi je suis ici ?

Elle : Un homme t'a retrouvé inconscient allongé sur le bord de la route et il t'a amené ici. Mais que fais-tu en pleine nuit là-bas ?

Moi : Et il m'a trouvé où exactement ?

Elle : Près du bowling.

Moi : Mais qu'est-ce que je foutais là-bas ?

Elle : Tu habites où ?

Moi : À l'internat du lycée Lutter.

Elle : Mais c'est à l'autre bout de la ville !

Moi : La question que je me pose est : comment j'ai fait pour arriver là-bas ?

Elle : Dis-moi ce que tu as fait dans la soirée ?

Je me redresse. Je lui explique en enlevant certains détails, je ne révèle pas toute ma vie à une inconnue.

Elle : Donc tu ne te souviens de rien après être sorti de la salle de sport ?

Je tourne la tête négativement.

Elle : Pourquoi tous les jeunes s'amusent-ils toujours à boire autant ?

Moi : Sûrement pour fuir le monde qui nous entoure. Il est quelle heure ?

Elle : Il est presque midi. Qui doit-on contacter pour venir te chercher ?

Moi : Mon meilleur ami.

Elle : Il faut une personne majeure.

Moi : Je n'ai aucune idée où est ma mère et mon père est à l'autre bout du monde.

Elle : Tu n'as personne d'autre ?

Moi : Mes 3 meilleure potes. Si on additionne leurs âges, ça fera plus de 18.

Elle : C'est pas comme ça que ça marche.

Moi : Alors je vais dégager comme un grand.

Elle : Tu as une cheville foulée.

Moi : Vous auriez pas pu me le dire plus tôt!

Elle : Tu ne m'as pas posé la question.

Moi : Et du coup, je fais comment pour rentrer ?

Elle : Je vais devoir appeler le lycée.

Moi : Pourquoi ils s'occuperaient de moi ? Donnez-moi des béquilles et laissez-moi partir !

Elle : Tu vas arrêter de jouer l'insolent !

Moi : Quand vous m'aurez autorisé à sortir !

J'ai envie de l'étrangler. Je sais me débrouiller seul, je l'ai déjà fait toute ma vie.

Moi : Et qu'est-ce qui vous dit que je suis pas majeur ?

Elle : L'hôpital te connait, c'est pas la première fois que tu finis ici.

Moi : Mais vous ne me connaissez pas, vous ne savez pas de quoi je suis capable !

Elle : Non mais je sais me défendre.

Je me lève brusquement et me met debout. Ma cheville me fait atrocement mal même si j'ai une attelle. Je commence à marcher, l'infirmière me poursuit mais je suis plus rapide qu'elle même blessé. J'accelère, plusieurs personne me regardent. Heureusement, j'ai toujours mes vêtements de la veille.

Elle : Mattew tu reviens ici tout de suite !

Je crie en me moquant d'elle.

Moi : Je croyais que vous saviez vous défendre !

J'atteins l'ascenseur. Je ne sais même pas comment je fais pour courir avec un attelle. J'appuie sur le bouton, la porte de referme devant l'infirmière. Je sais qu'elle va appeler du renfort et que je vais me faire arrêter mais j'ai besoin parfois de me sentir plus intelligent que les autres. J'arrive au rez-de-chaussée. Les portes s'ouvrent. Personne. Je suis à la fois soulagé mais j'ai peur qu'on me saute dessus pour m'attraper. J'avance en regardant autour de moi à chaque pas. Il n'y a personne à l'horizon.

? : Tu croyais vraiment pouvoir t'en sortir comme ça ?

Je reconnais directement l'homme. C'est un gars de la sécurité que j'ai déjà fuit.

Moi : Peut-être...

Je cours, je ne pense plus qu'à fuir. Mon destin se joue maintenant. Soit je m'arrête et me fais arrêter par l'homme, soit je continue jusqu'à arriver au lycée. Dans les deux cas, je pense que je vais finir au commissariat mais je préfère être libre pour l'instant plutôt que d'être directement mis en cellule. J'ai tellement mal à la cheville que je ne ressens plus la douleur. Je suis contraint de ralentir, premièrement parce que je suis hors d'haleine et deuxièmement parce que j'arrive à peine à marcher. J'arrive enfin devant les portes de l'hôpital. Le couloir est bondé mais personne n'essaye de m'arrêter. Plus que quelques mètres, plus que quelques secondes. J'ai envie de m'effondrer par terre mais je ne peux pas, l'homme est toujours en train de me poursuivre. J'ai l'impression d'être dans un film, à chaque fois le patient réussi à s'échapper. Je pousse les portes, devant moi se dresse la liberté. Je connais chaque recoin de cette partie de la ville, on y allait souvent avec Nathan l'année dernière. Il faut que je rejoigne le parc, il y a une grotte profonde sous les fourrées. Personne ne s'y est jamais aventurer vu l'état. Je sens l'homme derrière moi, sa main est de plus en plus proche de mon épaule. Je réunis mes dernières forces pour accélérer, je pars en sprint. Si j'étais en cours de sport, j'aurais dépassé tous le monde. Je tourne à droite et me retrouve à la grille du parc. Je prends le sentier qui mène à l'étang puis tourne à gauche. J'emprunte les petits chemins pour que l'homme se perde. Je tourne la tête derrière, il n'est plus derrière moi. Je continue pourtant à courir, il faut que j'aille me cacher. Plus que quelques mètres, je me jette dans le buisson, je roule sur le sol et tombe sur le sol dur de la grotte. Je suis sauvé.