Mattew Et Moi TOME 1

Chapitre 34 : Mattew

Quand j'arrive aux urgences, Emma est inconsciente. Je la prends délicatement dans mes bras et me dirige vers le bâtiment. Son sang tâche mes vêtements, mais ce n'est pas la première position de mes problèmes, ma cheville blessée non plus. Il faut qu'Emma vive, qu'elle puisse accomplir ses rêves. J'arrive à l'acceuil, la femme se précipite vers moi.

Elle : Que lui est-il arrivée ?

Je ne peux pas dire la vérité, surtout la façon dont j'ai trouvé Emma dans ce hangar. J'invente donc un mensonge.

Moi : Elle s'est faite agresser.

Plusieurs infirmiers me la prennent des bras et la posent sur un brancard. Je les suis.

? : Vous n'avez pas droit d'entrer.

Je me retourne vers mon interlocuteur.

? : Tiens, tiens, Mattew...

Je la reconnais aussitôt. C'est l'infirmière qui m'a soigné samedi soir.

Elle : Tu viens souvent à l'hôpital toi ? Je remarque que tu ne portes pas de béquilles.

Si elle voulait m'énerver, elle a réussi.

Moi : Ne me mettez pas à bout, je viens juste de secourir mon amie et de me faire agresser. J'aurais moi aussi besoin que l'on me soigne mais pas par vous.

Je lui souris.

Elle : Que t'est-il arrivé exactement ?

Moi : Ça ne vous regarde pas. Maintenant laissez-moi passer.

Elle : Je vais te remettre dans la salle d'attente, des gens avec un état plus grave que toi attendent.

Je lui montre mon crâne ouvert. Le sang russelle toujours sur mon front. J'étais tellement absorbé par Emma que je n'ai même pas fait l'état des lieux de mes blessures. Une femme vient s'interposer entre nous.

? : Laisse-le tranquille. Il a besoin d'être soigné.

Je la remercie. Je me blesse souvent mais en général, le sang coagule rapidement.

? : Viens avec moi.

Je la suis vers une salle. Elle referme la porte derrière elle.

? : Je m'appelle Anna. Désolé si ma collègue est comme ça.

Moi : C'est un peu de ma faute aussi. C'est moi qui est fugué d'ici hier.

Anna : Quoi ? C'est une blague ?

Moi : Non.

Anna : Donc tu n'as mis que une journée pour revenir aux urgences ?

Moi : C'est pas forcément pour les mêmes raisons.

Cette infirmière m'inspire confiance. Elle doit avoir la vingtaine, elle doit sûrement me comprendre.

Anna : Et que s'est passé ?

Moi : Pourquoi tous le monde me demande ça ?

Anna : Je te jure, je ne dirais rien.

Moi : C'est super long à expliquer. J'espère que vous avez du temps.

Elle hoche la tête pour m'inciter à parler.

Moi : Je ne l'ai jamais révélé à personne. J'avais une dizaine d'années quand toute cette histoire a commencé. J'ai appris que mon père trompait ma mère avec une autre femme. Et cette femme, en question c'est la mère de mon amie. Quand j'ai découvert ça, mon père m'a menacé de me tuer. Puis j'ai appris qu'elle était tombée enceinte. Un jour, je suis sorti en ville avec des potes. Un homme inconnu m'a demandé de le suivre. Il m'a donné de l'argent pour que je tue le bébé. J'étais encore un bon gars alors j'ai refusé. Mais il m'a tiré dans la jambe et m'a dit que si je ne lui obéissais pas, il me tirerait dans le coeur. J'avais peur et super mal alors j'ai accepté. J'ai tué l'enfant et m'en suis voulu. J'ai essayé de me suicider mais je n'ai pas réussi. Ensuite mon frère est mort et ma mère est parti, j'étais noyé dans mon malheur. Je suis devenu un délinquant et j'ai atterri dans ce lycée. Je me droguais et buvais. J'ai revu plusieurs fois le père de mon amie. Ça fait une semaine qu'elle est arrivée ici. Ce midi, je me demandais où elle était passé, alors je l'ai cherché. Je m'inquiétais pour elle. J'ai piraté à distance les caméras de surveillance de la ville. Quelqu'un l'a kidnappé et est parti. J'ai réussi à retracer une bonne partie de son chemin mais je n'ai pas réussi à aller jusqu'au bout. Alors, j'ai réussi à trouver la position de son portable. Je suis allé à l'endroit de l'adresse indiquée. Je l'ai trouvé dans ce état et son agresseur était son père.

Anna partait choquée. En même temps, je la comprends, je pense que personne ne lui a jamais révélé des choses comme ça.

Anna : Je suis vraiment désolé pour toi.

Une larme s'échappe de son oeil.

Moi : J'ai toujours pensé que l'on pouvait effacer le passé mais j'ai appris aujourd'hui que c'est impossible.