Black Attraction, Tome 1.

Chapitre 42 : madness

~Eden~

L'œil pointé sur l'objectif de mon appareil photo, j'essaye de capter la beauté du monde qui ne m'accepte pas. Assise sur l'herbe fraîche du parc de l'université de Boston, je capte des sourires, des amants s'embrassant, des étudiants tenant leurs romans d'une main ferme et des professeurs parlant à des élèves. Ce tableau m'apaise un peu. C'est seulement lorsque je coince ma pupille dans ce petit objectif que je crois peut-être encore un peu à la beauté de ce monde détruit par l'homme.

Il ne fait pas particulièrement chaud aujourd'hui étant donné que nous sommes au début du mois de janvier. Les cours ont recommencé depuis une semaine. J'ai été dans l'obligation, dès mon arrivée dans ma résidence et dans les salles de cours, de remettre mon masque: celui de la jeune fille intacte et insouciante. Je ne possède aucune option sous le coude, tout mon monde s'effondre graduellement. Tout ce que je pensais posséder n'est en fait qu'une mascarade dans laquelle je n'étais qu'un pion, une marionnette. Jake n'est peut-être pas aussi bon que je ne le pensais finalement. Qui sait, peut-être que ma première idée sur lui s'avérait être réelle. Je me suis faites avoir comme une débutante.

Encore une fois.

Pourtant, une minime partie de moi veut croire qu'il n'est pas celui que Ian m'a dépeint. Il ne peut pas être cette personne qui a fait ces monstruosités d'une telle stature de sang-froid. Malgré les horreurs que John Harper et ses amis m'ont infligées, je ne cautionnerai jamais une telle violence. Jake pense m'avoir vengée. En tout cas, c'est ce que Ian a essayé de me faire comprendre. Je ne suis pas d'accord avec eux. La violence n'est jamais une solution. La seule chose que je désirais, c'était qu'il m'aide à surmonter cette étape. Je voulais tout simplement tenter d'avancer avec lui. Il a tout gâché. Il s'est révélé ne pas être celui que je croyais connaître, comme toutes les personnes que j'aime.

Mon souffle est accompagné d'une petite larme qui entame une descente lente sur ma joue. Je n'arrive pas à  les contrôler. Elles se manifestent dans des situations anodines comme en classe, lorsque je suis seule dans ma chambre ou encore quand je suis avec April et Santana. Soit elles ne l'ont jamais remarqué, soit elles sont au courant, mais ne disent rien. Si c'est le cas, je leur en suis reconnaissante. Je les fréquente beaucoup depuis que j'ai décidé de prendre mes distances avec Jake. Elles sont présentes pour moi. Elles sont devenues, en peu de temps, des amies proches.

Je tente de prendre une photo d'une jeune fille blonde aux allures élégantes qui se dispute avec un garçon tatoué jusqu'aux dents. Il me semble que j'ai déjà vu un duo semblable à celui-là : Jake et moi . Nous formions un duo explosif durant mes premiers mois à l'université. Je photographie le moment lorsque je suis interrompue par la sonnerie de mon portable.

Je dépose mon appareil photo soigneusement sur mon sac à dos et attrape mon téléphone dans la poche arrière de mon jean. Une boule se noue dans mon ventre. Et si c'était Jake? Je sais qu'hier, il était bourré. Santana m'a relayé l'information.Par peur d'être harcelée de messages incompréhensibles, j'ai mis mon portable en mode avion, même si je doute que Jake soit du genre à envoyer des messages. Il n'aime pas la technologie. Je pensais qu'il avait compris la signification de la phrase «Je veux prendre mes distances », mais j'avais tout faux, car le lendemain, j'en ai reçu un particulièrement vulgaire qui disait: «Tu n'es qu'une connasse sans cœur »Il est très vite redevenu le Jake que je détestais.