Chapitre 22 : le corbeau

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~Jake~

J'élabore toujours la même pensée lorsque je viens ici

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J'élabore toujours la même pensée lorsque je viens ici. Si vous cherchez sur Google un endroit qui représente au mieux l'enfer, cet emplacement est plus que susceptible d'apparaître sur votre écran. Comment un lieu qui, dans la logique des choses, a pour but de sauver des vies, peut paraître aussi livide ?

C'est marrant, car quand on y pense, un hôpital se présente toujours sous une forme lugubre et dépourvue de personnalité. Comme si la vie y manquait à l'appel. En même temps, c'est ici que notre destin décide si nous allons passer les portes de l'enfer ou si Dieu aura la clémence de nous accueillir au paradis.

Je suis assis devant l'hôpital général du Massachusetts et je suis entouré de fumeurs, de vieillards en fin de vie et de visiteurs qui polluent incessamment cet air pourri, hérissé par la connerie humaine. Je fais, bien entendu, partie de ces personnes.

Une cigarette coincée entre les dents, je l'allume sans ménagement. Je ne peux pas me leurrer, la nicotine bénéficie d'une grande place dans ma vie fantomatique. J'ai un besoin viscéral de l'inhaler pour la recracher dans l'air, dans le seul but de le pourrir plus que ce qu'il ne l'est déjà.

Cette fourbe pluie qui s'affaisse sur l'asphalte, produit une odeur très agréable. Elle est musquée et fraîche. Le parfum de la route mouillée à la suite d'une averse me procure un effet analgésique.

Bon, cette fine avalanche me tape sur le système aussi. Je suis contradictoire comme mec. Je soulève donc ma capuche et la rabaisse sur mes cheveux pour ne pas les mouiller. C'est à cet instant que je remarque une voiture, au loin.

Mais je la connais cette bagnole de merde. Je me lève du banc sur lequel j'étais posé pendant vingt minutes de manière à critiquer mentalement les passants qui traversent l'allée en affichant un visage impassible. Ils ressemblent à des "détraqueurs" qui vont aspirer ton âme, ces guignols. Je vérifie la plaque pour ne pas me faire de fausses idées.

C'est bien elle. Qu'est-ce qu'April fou ici ? Elle vient chercher Emerson qui est encore tombé en jouant à la ballerine ?

Eden ! Hurle la folle aux cheveux noir et bleu en ouvrant la portière du passager.

Mon regard dérive vers les portes automatiques, à l'entrée de l'hôpital, et je la vois. C'est elle. Eden Andrews, l'air un peu déboussolée. Elle monte dans la voiture aussi vite que possible, comme si un monstre courrait derrière elle et tout ça, sans me voir.

Je suis plutôt satisfait qu'elle n'a pas remarqué ma présence. Connaissant le phénomène, soit elle aurait fui comme elle le fait d'habitude, soit elle serait venue en courant comme une dérangée vers moi pour me poser un tas de questions indiscrètes. Cette fille est bien trop fouineuse. Cette habitude complètement idiote lui apportera que des emmerdes qui la feront sombrer dans la déchéance. Si ce n'est pas déjà fait.

Black Attraction, Tome 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant