Chapitre 2

1.8K 101 6
                                    

« Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? »

La question de Steve sortit Natasha de ses pensées. Ils marchaient depuis des heures à travers Berlin, se laissant porter par le souffle des rues, et même si elle avait d'abord été contre l'idée de se balader ensemble à l'air libre alors qu'ils étaient deux des visages les plus recherchés au monde, elle devait avouer qu'elle ne s'était pas sentie si libre depuis bien longtemps. Jamais, peut-être même bien. Ils avaient marché côte à côte, discutant comme deux vieux amis qui avaient du temps à rattraper, et au fil des heures, elle avait dû se rendre à l'évidence : personne ne les remarquait. Pour les gens tout autour, ils n'étaient que deux inconnus de plus parmi une masse de visages anonymes. La vie roulait à cent à l'heure, chacun vaquait à ses occupations à toute allure, et personne ne semblait porter ne serait-ce qu'un semblant d'attention aux deux ex-avengers qui avaient fait la une de tous les bulletins télévisés quelques semaines auparavant.

- Qu'est-ce qui te dit que j'ai changé d'avis ? lui répondit-elle simplement, poursuivant sa marche sans même tourner le regard vers Steve.

Elle ne le vit pas, mais devina son froncement de sourcils.

- Je te l'ai dit, poursuivit-elle, l'important c'est de rester ensemble. Peu importe la manière dont on reste ensemble. C'est ce qui m'a toujours importé. J'ai compris ton point de vue, Steve, tout autant que je comprenais celui de Tony. Ce que j'avais de la difficulté à comprendre, c'était comment on a pu en arriver là. Comment on a pu en arriver à une telle division. C'est ce qui m'a le plus...

Elle ne termina pas sa phrase, et continua de, fixant le sol en secouant la tête.

- Je suis désolé, lui répondit Steve. Désolé de t'avoir placée dans une situation pareille.

- Tu n'as pas à t'excuser...

- Tu es ici à cause de moi.

- Je suis ici à cause de mes propres choix, le coupa-t-elle en stoppant leur marche. J'ai décidé de vous laisser filer, Bucky et toi. Je te l'avais déjà dit quand tu m'as appelée, après l'explosion...

- Tu m'as dit que tu ne m'arrêterais pas, répondit-il en la regardant pour la première fois dans les yeux. Pas que tu m'aiderais à filer.

- La vérité est toujours question de circonstances, Rogers. Toujours.

Il sourit.

- Je vais t'avouer que c'est bien égoïste de ma part, lui dit-il au bout de quelques minutes. Mais même si j'espère que tu n'as pas trop de regrets, je suis bien content de ce que tu as fait.

Natasha eut un sourire en coin.

- Je crois que je vais éviter de te répondre que ça m'a fait plaisir.

La journée passa, à la fois si lente et si brève, et ce ne fut que longtemps après la nuit tombée que Steve guida Natasha jusqu'à un gymnase désert qui affichait fermé depuis un bon moment déjà. L'endroit était défraîchi, comme s'il n'avait pas changé depuis quarante ans. Natasha se dit en elle-même que ce devait être le cas. Les lumières étaient fermées, et seule la lueur d'une lampe demeurait allumée au loin, dans un bureau au tournant du corridor. L'espace était grand, vide et rempli d'écho, le plafond était haut et les quelques rares fenêtres avaient la taille de meurtrières et étaient si hautes qu'on n'arrivait pas à distinguer au dehors. Tous les deux n'avaient pas eu le temps d'aller bien loin que déjà, une voix au fort accent allemand se fit entendre à distance.

- Stephen ? C'est toi ? Tu ne devineras jamais quel moyen j'ai trouvé pour solidifier les attaches du sac de boxe ! Tu vas voir, tu vas même me trouver très ingénieux. Je te parie cinquante euros que tu n'arriveras pas à le détacher, cette fois !

L'Entre guerres [COMPLET!]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant