Chapitre 17

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Me revoilà ! Les vacances sont passées, alors on se remet à l'écriture ! Comme je sais que certains (certaines filles qui traînent entre autres dans mon chapitre 12...) attendaient un nouveau chapitre avec grande impatience, en voici enfin un. Il est mini, mais c'est mieux que rien, non ? Et puis j'avais de la difficulté à l'attacher directement à ce qui suivra, donc le voici en solo. Un autre devrait suivre prochainement... En espérant que ça vous plaira !

* * * * *

Dans sa cellule, Natasha était silencieuse.  Vêtue d'une simple camisole et de ses sous-vêtements, elle était frigorifiée.  Complètement gelée.  Ils ne lui avaient même pas laissé le temps de s'habiller.  Ils l'avaient tirée du lit, arrachée de sa fausse sécurité alors que Steve hurlait à la mort.  Tout ça n'avait été qu'un rêve.  Une illusion.  Cette vie qu'ils s'étaient imaginée n'avait été qu'un mirage qui n'avait duré que l'espace d'un souffle.  Une respiration.  Un baiser.  Et Il les avait trahis.  Lui.  Celui dont elle s'était alors juré de ne plus jamais prononcer le nom.

On lui avait lié les poignets et les chevilles et elle était maintenant immobile, assise dans un coin sombre, les yeux fixés droit devant elle et le regard vide.  Froid.  Presque mort.  Cette fougue qui l'animait s'était éteinte, ne laissant place qu'à une froideur qui lui était étrangère.  Ils l'avaient brisée.  Détruite.  Et tout ça était la faute de celui qu'elle avait un jour appelé son ami.  Lui.  Celui qui avait été au cœur de la fin de sa vie.  Celui qui avait tout détruit. 

De l'autre côté du corridor, Steve était dans l'état contraire.  Fougueux, enragé, empli de haine et de colère.  Debout près des barreaux, il hurlait à pleine poumons depuis des jours.  Depuis cette nuit où ils étaient débarqués.  Depuis cette nuit où ils les avaient embarqués.  Cette nuit qui avait suivi le moment où ils l'avaient vu.  Lui.  Mais il avait beau hurler, personne ne venait.  Et jamais Natasha ne relevait ne serait-ce que le regard.  Jamais elle ne tournait les yeux.  Elle fixait le sol de son regard mort et tous les cris de Steve n'avaient sur elle aucun effet, ne causaient aucune réaction. 

« Tasha !  Tasha !!! »

Son propre écho lui revenait sans cesse pendant qu'elle était là, si près et pourtant si loin, sourde à ses appels incessants.  Wanda avait été emmenée par des gardiens au moment de leur arrivée, et ils ne l'avaient jamais revue.  Depuis combien de temps étaient-ils enfermés là ?  Vingt jours ?  Un mois ?  Il y avait bien longtemps que Steve avait perdu le compte.  Sam, à peine remis de ses blessures, avait été atteint au moment de leur arrestation.  C'était le dernier souvenir qu'il conservait de lui; un projectile...  Un cri étouffé au beau milieu de la nuit.  Un cri venu trop tard pour que Natasha et lui puissent s'enfuir.  Ne restaient maintenant que Natasha et lui.  Et murée dans son immobilisme silencieux, Natasha, en fait, n'était plus réellement là.

Ce furent les pas qu'il entendit en premier.  Ceux des gardiens qui venaient depuis le fond du corridor.  Puis il entendit le bruit du verrou.  Celui qu'on déverrouillait.  Mais pas celui de sa propre cellule.  Celui de la cellule d'en face.  Avachie sur le plancher, à côté du minuscule matelas qui lui servait de lit, Natasha ne réagit pas lorsqu'ils s'approchèrent d'elle.  Steve, lui, n'en finissait plus de crier.  De saisir les barreaux de sa propre cage qui semblaient avoir été conçus pour résister à Hulk lui-même.  De frapper de toutes ses forces contre le métal.  De hurler son nom.  Il vit les hommes qui s'emparaient d'elle, la saisissant par les bras, alors qu'elle fixait toujours le vide devant elle, les yeux gris et vides. 

« TASHAAAA ! »

Les gardiens la soulevèrent comme on soulève une enfant, avec toute la facilité de ceux qui avaient fait ces gestes des centaines de fois.  Et toujours elle demeurait immobile, telle une poupée de chiffon qu'on pouvait transporter à sa guise.  Ils allaient la tuer.  Comment Steve le savait-il ?  Il l'ignorait.  Mais ces deux hommes allaient amener la femme qu'il aimait vers sa mort.  Et tout ça par sa faute.  À Lui.  Par la faute de celui que Steve de promettait de haïr jusqu'à la fin de ses jours, et même au-delà. 

Tony Stark. 

Il ne serait plus jamais autre chose que Lui.  Que Tony Stark.  Plus jamais Tony-tout-court.  Toujours Stark.  Tony avait été un ami.  Tony Stark était l'étranger qui les avait fait arrêter. 

Steve avait l'impression que les sons qui sortaient de sa gorge allaient sécher contre les murs de sa prison.  Il assistait là, impuissant, aux derniers instants de celle qui était pour lui toute sa vie.  Il avait combattu des ennemis si puissants, des dangers qu'on avait qualifiés de catastrophe planétaire, et il était là, impuissant contre six barreaux de métal et deux gardiens de prison minuscules et si simplement ordinaires.  C'était si simple, qu'on ne pouvait qu'en déduire tout le sarcasme.  Mais sans cesse, Steve se débattait.  Et jamais il ne cessait de crier.

« Arrête. »

La voix était venue de derrière lui.  Il était soudainement là.  Avec lui, dans sa cellule.  Celui qu'il s'était promis de maudire jusqu'à la fin des temps.  Debout dans son éternel costume hors de prix, ses lunettes soleil sur le nez malgré la noirceur du corridor.  Tony Stark. 

«Tu perds ton temps.  Tu savais ce que vous couriez.  Le danger que tout ça impliquait.  Mais tu as refusé de signer, Steve.  Tu as refusé de te conformer.  Et maintenant, c'est elle qui en paie le prix.»

Steve voulut lui répondre, mais aucun son ne sortit de sa bouche.  Il était au-delà de furieux.  Envahi par cette haine sans nom, si terrible qu'il n'arrivait pas à la décrire, ni même à la ressentir complètement.  Un corps, même le sien, n'était pas assez pour contenir une telle émotion.

« C'est ta faute, Steve.  Tout ça, c'est toi qui l'a choisi.  Elle va mourir.  Elle va mourir parce qu'elle a choisi de te suivre.  Et ce ne sera que de ta faute.  À toi.  Et à personne d'autre. »

Steve prit une immense respiration et se mit à hurler.  Mais le seul son qu'il réussit à produire était son nom à elle.  Le seul mot qui important au monde.  Elle.  Encore et toujours.

« NATASHA »

Steve se réveilla en sursaut, couvert de sueurs et assis bien droit dans le lit de sa chambre d'hôtel d'Osaka.  Devant lui, agenouillée et tenant son visage barbu entre ses douces mains blanches, Natasha avait les yeux fixés dans les siens.  Le cœur battant à tout rompre et son corps tremblant de peur, il jeta ses bras autour d'elle et la serra contre lui à une vitesse que même ses talents d'espionne ne purent voir venir.  Il avait rêvé.  Tout cela n'avait été qu'un cauchemar.

Lorsqu'elle réussit enfin à dégager quelque peu son corps du sien, Natasha eut la confirmation que son sentiment n'était pas erroné : Steve pleurait.  Elle ne l'avait jamais vu en larmes.  Du moins, pas comme ça.  Elle passa lentement ses doigts dans ses cheveux, puis sa main descendit le long de sa joue et alla se perdre dans sa barbe.  Elle effaça une larme du bout de son pouce sans jamais le quitter du regard.

- On ne peut pas vivre comme ça, finit-il par lui dire de sa voix la plus grave.  C'est insensé, Tasha.  On ne pourra pas vivre cachés comme ça indéfiniment...  S'il fallait qu'ils nous trouvent...

Il étouffa un sanglot.  Eut l'impression qu'il étouffait.  Comme si elle pouvait lire en lui, Natasha s'avança tout doucement et posa son visage contre le sien, puis laissa tomber un délicat baiser contre ses lèvres.  Il ne dura que quelques secondes, mais lorsqu'il sentit qu'elle lui caressait la joue du bout de son nez, Steve eut l'impression que ce simple baiser avait presque réussi à apaiser toutes ses craintes.

- On pourra le faire, Steve.  On pourra, parce qu'il le faut.  Et on va y arriver.  Toi et moi.  Contre le monde entier si c'est nécessaire.  Mais on y arrivera.  Et un jour, on se réveillera ensemble dans ta chambre au complexe des Avengers, tirés du sommeil par mon téléphone et Clint qui voulait simplement me raconter les dernières mésaventures des enfants.  Puis, on entendra le fourmillement des autres qui s'affairent dans les corridors.  Je descendrai pour me taper trois cafés avec Rhodes pendant que tu iras courir autour du complexe avec Sam.  Vision préparera le petit-déjeuner, qu'il finira par laisser brûler.  Wanda se lèvera, les cheveux en bataille et encore en pyjama.  Puis Tony débarquera au complexe dans une de ses voitures de luxe, frais et dispo comme si le sommeil était une chose qui lui est complètement étrangère.  Et on aura tout oublié de cette vie.  De cette cavale.  On sera enfin de retour chez nous.

L'Entre guerres [COMPLET!]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant